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Chronologie

2254 : Année de ma naissance, ce qui devait être un grand événement se transforma d’abord en déception puisque j’étais une fille, puis en drame étant donné que ma mère décéda en couche.
2258 : Le conflit contre le groupe de Raiders baptisé les Clowns fait rage. Mon grand-père, le Lieutenant Jim Sterton membre à l'époque de la Compagnie Alpha trouva la mort. Il décéda en soldat ainsi qu'en héros.
2259 à 2269 : Je fus élevée et endoctrinée par mon père qui ne désirait qu’une chose, que je devienne moi aussi un soldat de l’ERPG, pour que je perpétue la tradition familiale bien que je sois du sexe féminin.  
2270 : Seize ans, je peux intégrer ce pourquoi je fus éduquée, d’une certaine manière, j’atteins mon rêve.
2271 à 2274 : Désillusion totale, mes capacités physiques ne me permettent pas d’intégrer la Compagnie Alpha, comme l’avait mon père et son père. Néanmoins, je démontre des qualités qui alors n’avaient pas été descellées.
2275 à 2278 : Mes formateurs ont découvert que j’étais une excellente tireuse sur de très longues distances, on m’entraîne à devenir snipeuse pour la Section Delta.
2279 : Je suis officiellement une tireuse d’élite réunissant toutes les qualités pour ce poste. On m’intègre comme il était prévu à la Section Delta.

Entretien avec un psychologue de l’ERPG pour s’assurer de l’état psychique de Phoebe.

« Asseyez-vous sur le fauteuil. Je souhaite que vous me parliez un peu de vous, que vous me racontiez votre vie, toute votre vie. » Je lâchais un profond soupir, cet entretien n'avait pas lieu d'être à mes yeux, mais j'étais obligée de l'effectuer. Mes prunelles se perdirent à contempler le plafond miteux qui était au-dessus de nos têtes. « Prenez bien des notes, je ne me répéterais pas deux fois et dès que j'aurai terminé, je m'en irais, on est d'accord là-dessus ? » L'homme hocha de la tête sans doute pour me dire « oui » à ma requête qui n'en était pas vraiment une puisque son consentement n'avait aucune valeur pour moi.

« Je suis née le 17 Juin 2254, où ? Je ne sais plus vraiment. Ma mère en tant que colon suivait ces derniers dans les Terres Dévastées du Colorado. De plus son mari était membre du Cinquième Bataillon tout comme son beau-père. Elle est morte en me mettant au monde. N'ayant pas de mère et un père soldat, la personne qui m'éleva fut ma grand-mère. Mais en 2258, mon grand-père qui était Lieutenant dans la Compagnie Alpha se fit tuer lors d'un raid de Raider. Les Clowns, ces enfoirés qui nous on fait la guerre pendant deux ans. Ma mamie fut très affectée par cette nouvelle et se laissa mourir quelques mois plus tard. Quand on meurt nous les Sterton on fait ça en regrouper.

Bref, à cinq ans mon père s'occupa de moi. Ce qui n'était pas prévu à la base, mais il fut blessé gravement pour qu'on l'ajourne de son poste dans la Compagnie Alpha. On lui donna un poste beaucoup moins dangereux au sein de l'organisation qui lui permettait d'avoir un peu plus une vie de famille. Vous savez, il ne m'a jamais traité comme une fille, j'étais un garçon pour lui, il se voilait la face sur mon sexe. Son désir que je sois un homme était si fort qu'il s'était fait sa propre réalité. Il ne m'appelait jamais par mon prénom, Phoebe. Je crois qu'il ne l'aimait pas, d'ailleurs je ne sais même pas qui me l'a donné. Donc, il m'a baptisé, « mon gars » ; « bonhomme » ; « champion » des trucs qu'on dit en principe à un fils pas à une fille. Ça a eu un putain d'impact sur moi bordel de Dieu ! Pardon je n'aurai pas dû jurer, mais parfois cela est plus fort que moi. On me considérant comme un mec, je me prenais pour un mec durant mon enfance. J'étais méchante, violente, bagarreuse, j'adorais terroriser les autres filles de mon âge et me disputer avec les garçons. Résultat des courses, je n'avais pas un ami, mais vraiment pas un ami. Mais ça n'avait pas beaucoup d'importance à cette époque, je n'avais qu'une seule préoccupation, prouver à mon père que je pouvais devenir moi aussi un soldat. Il m'élevait pour cette tâche, mais il montrait parfois un désintéressement total. Je ne serais pas comment vous l'expliquer, il y avait une certaine ambiguïté dans son comportement et comme je n'avais jamais été dans sa tête, la réponse demeurera un mystère.

À seize ans, je me suis engagée. J'aurai pu le faire une année avant, mais je me sentais faible à quinze, ce qui n'était plus cas à seize. Du moins, je le pensais. Comme mon père et son père, j'aspirais à intégrer le même bataillon qu'eux, mais je n'étais pas assez forte physiquement pour être des leurs. Après tout, je restais une femme bien que je fus éduquée comme un homme, je restais une demoiselle que cela me plaise ou non. Mais mes instructeurs avaient descellé une capacité que je ne soupçonnais pas l'existence. J'étais une excellente tireuse lorsqu'il s'agissait de tirer une seule cartouche à un endroit bien précis. On m'a donc donné un fusil de précision pour que je puisse devenir un snipeur. Je vous passe les détails sur mes entraînements qui durèrent plusieurs années. Cela fait maintenant un an, que je suis snipeuse dans la Section Delta et je suis très heureuse. Voilà, je peux m'en aller maintenant ? »  

Debout, prête à partir, le psychologue prit la parole en me tendant le bras pour me montrer qu'il n'en avait pas tout à fait terminé avec moi. Finalement s'était un menteur puisqu'il avait hoché de la tête pour dire « oui » tout à l'heure. Escroc. « J'aimerais que vous me racontiez votre première fois... » À peine avait-il terminé sa phrase que je lui coupais la parole. « Pardon ! Vous voulez mon poing dans votre figure, c'est ça ? » Lui disais-je en fronçant les sourcils. « Vous ne m'avez pas laissé terminé ma phrase, je voulais dire la première fois que vous avez tué un homme. » Il me fit signe de ma rassoir. Je gonflais ma poitrine à pleins poumons.

« C'était il y a quatre ans. J'étais avec l'un de mes instructeurs. Nous sommes partis au petit matin faire du repérage. On était tous les deux, sur une position différente. À la base, mes tirs devaient atteindre des cibles au-delà du kilomètre. Ces cibles étaient évidemment des animaux. La zone où on était, était réputée pour être calme, il n'y avait pas de Raiders normalement. Mais, il y en a eu ce jour-là. Trois. Mon instructeur tira le premier et il en abattit un. Puis un deuxième. Il n'en restait plus qu'un. Je compris que celui-là était pour moi. Je me suis exercée et j'ai tiré dans le dos. Une fois les trois morts, mon instructeur et moi on se retrouva et ce dernier décida que l'on aille voir les corps de plus près. Les cadavres étaient loin de nous, presque un kilomètre. Quand on arriva sur place, je vis que celui que je pensais avoir tué était toujours vivant. Il ne bougeait plus ses membres, mais respirait toujours. Il y avait du sang partout autour de sa bouche, je voyais dans son regard de la peur. Mon instructeur me somma de le finir sur-le-champ. En principe quand on est un tireur d'élite, c'est avant tout pour tuer son ennemi à distance et donc de ne pas le voir mourir devant soi. Problème, je n'avais pas d'autre arme que mon DKS-501. Mon chef avait une arme de poing, mais il refusa de me la donner. J'ai dû finir le travail à la main. J'ai apposé mon genou sur sa gorge et j'ai mis tout mon poids sur ce dernier pour l'étrangler. Bon là, j'y vais vraiment, je n'en dirais pas plus. »  

Je saluais l’homme qui me laissa partir et m’indiqua que l’on se reverrait prochainement. Je n’aimais pas ça, mais j’étais quand même contente de m’être livrée un peu, c’était tellement rare.