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On ne trouve pas le partenaire idéal. On le devient. (Flashback - Phoebe & Ajax)

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On ne trouve pas le partenaire idéal. On le devient. (Flashback - Phoebe & Ajax) Empty
Message On ne trouve pas le partenaire idéal. On le devient. (Flashback - Phoebe & Ajax) Empty (#) Ven 8 Nov - 0:03


On ne trouve pas le partenaire idéal.
On ne devient.


Flashback - Automne 2279

Après une nuit passée à cauchemarder qu'il se faisait manger vivant par un écorcheur, Mallory n'était pas de très bonne humeur quand il ouvrit les yeux quelques secondes avant l'alarme du réveil. Pourtant, comme chaque matin, depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne, il se leva sans paresser, enfila un vêtement chaud ainsi qu'une paire de chaussures de sport et sortit de sa tente personnelle pour aller courir autour de Civic Center Park. Il aurait pu demander une chambre digne de ce nom dans un des bâtiments alentours, comme les autres commandants de sections, mais il n'avait pas voulu. Quelque part, sa volonté de dormir au milieu de ses hommes n'avait étonné personne. Il allait partir d'une foulée tranquille quand une tête émergea de la tente voisine. « Ce n'est pas un peu trop tôt pour un footing, Amsterdam ? » Mallory eut un sourire narquois. « Rien ne vous échappe, sergent Bates. » L'autre rit puis haussa les épaules en lâchant avant de disparaître de nouveau dans son duvet : « C'est bien pour ça que vous m'avez choisi comme observateur, mon capitaine. »
Courir lui permettait certes de rester dans une forme optimum – son père lui avait assez rabâché les vertus de l'athlétisme et de l'endurance quand il l'entraînait à devenir le parfait petit tireur d'élite – mais, surtout, cela lui permettait de se vider la tête. Et il y avait de quoi faire. La situation mondiale globale n'allait déjà pas vraiment en s'améliorant mais celle de Denver était également préoccupante. Les gangs de bikers lui semblaient de plus en plus agressifs. Les esclavagistes plus hargneux. L'ERGP tentait de garder un visage paisible mais il y avait beaucoup de travail pour l'armée. Il fallait qu'il soit fait.
Après une heure de demie de course dans le parc et le quartier qui l'entourait, Mallory alla se débarbouiller et faire une toilette à sec pour dissiper les odeurs de transpiration. Comme ce n'était pas encore temps de rejoindre les militaires qu'il avait convoqué dans l'ancien bureau de poste à quelques rues d'ici, il hésita à aller faire quelques exercices de tir mais opta finalement pour une activité à laquelle il ne se livrait que rarement : la lecture. Mal' n'avait qu'un seul bouquin dans son paquetage et il le connaissait par cœur. Oliver Twist, d'un certain Charles Dickens. Son père le lui avait donné un soir où il avait un peu bu et où il avait tenu à lui faire tout un discours sur le fait que, peu importe d'où l'on vient, on peut toujours devenir quelque chose d'autre. L'enfant qu'il était alors avait été très marqué par cette soirée, car Brent Fairshield n'avait eu de cesse de lui répéter combien il était fier d'être son père, que son bon caractère, son intelligence et son habilité étaient dans leur veine, etc... Mal' lisait ses phrases préférées à voix basse, tentant d'imiter l'accent affecté anglais que son paternel savait si bien singer pour le faire rire. Ce temps était bien lointain à présent.

Sortant du parc d'un pas tranquille, tout de noir vêtu et son fusil de précision sanglé dans son dos, le capitaine s'alluma une cigarette. Son humeur était doucement en train de s'améliorer. Y remédier maintenant semblait donc tout à fait dangereux. Il n'avait pas apporté les dossiers des deux soldats qu'il s'apprêtait à retrouver. A quoi bon ? Il n'avait lu que les quelques renseignements utiles à leur sujet – ce qui se résumait à l'état civil – car il n'accordait que peu de crédit au reste. Un ami de son père à l'Etat-Major lui avait montré le sien une fois. Dans les commentaires psychologiques était marqué ces mots : 'Le capitaine Fairshield semble montrer un grand détachement face aux assassinats qu'il doit commettre. C'est comme s'il était imperméable aux sentiments. Imperméable à la culpabilité.' Il avait trouvé complètement ridicule. Le médecin qui était arrivé à cette conclusion n'avait regardé que la surface. Le dossier d'Ajax Sanders mentionnait le nombre de pertes de partenaires qu'avait connu le militaire dans sa jeune carrière. Il faisait même état d'une malédiction. A quoi cela rimait-il ? De telles choses n'existaient pas. Le dossier de Phoebe Sterton traitait de la relation avec son père et de son attitude renfermée. Voire austère. Mallory détestait ces médecins de la tête qui pensaient tout savoir sur tout le monde après une seule entrevue. Vingt minutes dans un bureau lugubre, deux fois par an. Abrutis de théoriciens...
En gravissant les marches du bureau de poste qui avait été réaménagé en annexe pour l'armée, les oreilles de Mallory lui rapportèrent des éclats de voix en provenance de l'intérieur. Il leva les yeux au ciel en les reconnaissant et entra. Dans le grand hall se trouvaient déjà Ajax et Phoebe. D'ailleurs, comme il leur faisait face, ils avaient pu le voir franchir le seuil du bâtiment. Entre eux, lui tournant le dos, se dressaient trois hommes de bonne carrure. Ils étaient relativement connus dans le bataillon comme faisant partis des membres les moins subtiles de la section Charlie. En effet, ils servaient dans le groupe des bourrins (comme les appelait affectueusement Mallory) et disons qu'ils n'avaient pas vraiment inventé le fil à couper le beurre. D'ailleurs, l'un d'eux faisait montre de sa grande éducation pour lâcher une vacherie complètement misogyne et vulgaire à la jeune femme de sa section. Le capitaine secoua doucement la tête et ôta la cigarette de sa bouche pour l'éteindre en l'écrasant contre le marbre du mur à coté de la porte. Son regard croisa celui d'Ajax dont il pouvait sentir la colère. Il savait que le militaire ne se retenait que parce qu'il y avait son supérieur dans la salle. Mallory s'approcha d'un pas silencieux. Quand il fut à mi-distance, il lâcha d'un ton grave à l'intention des membres de sa section : « Autorisation de leur péter les dents : accordée. » Et puis, sans plus de cérémonie, il asséna un violent coup de coude dans le flanc du bourrin le plus proche. Quand l'homme se plia en deux à cause de la douleur, il renchérit en lui balançant un direct du droit juste au dessus du nez, pour lui infliger un maximum de peine sans pour autant le lui casser. Les petites escarmouches avec les mecs de la Charlie le mettaient en forme. En joie, presque. Il ne pouvait juste pas blairer ces prétentieux qui pensaient qu'être un vrai soldat c'était de rentrer dans le tas sans aucune stratégie. Malheureusement pour lui, même qu'il était le chef de sa section, les autres n'osaient plus beaucoup répliquer à ses coups et avaient en général tôt fait de filer sans demander leur reste. C'est ce qui se produisit d'ailleurs quelques minutes plus tard.

Mallory épousseta négligemment son épaule gauche et maugréa pour lui-même : « J'ai horreur de la vulgarité. » Puis, il sortit son paquet de cigarettes pour s'en rallumer une. Après la première bouffée, il jeta un œil à ses camarades : « Ça va ? Pas de casse ? Vaudrait mieux pas avec ce que je vais vous annoncer. Mais v'nez ! On ne va pas rester là. Ça pue trop la section Charlie. » Sur ces mots, il se dirigea vers le grand escalier en pierre et entreprit d'en monter les marches deux à deux. Arrivé à l'étage, il ouvrit la première porte qu'il trouva fermer et découvrit qu'elle était vide. Parfait. Il donna un coup de tête pour inciter Ajax et Phoebe à entrer avant lui. Il fit de même et referma dans leur dos. L'endroit avait été ravagé, comme pratiquement tous les bâtiments de la ville, mais on voyait que quelqu'un avait rassembler des choses dans les angles pour tenter de faire de la place. Il y avait un bureau devant lequel Mallory tira deux chaises, les seules de la pièce. Lui resta debout. Il s'approcha des ouvertures sans vitres et observa un instant la rue. Elle était encore relativement calme. Il se retourna et appuya ses fesses contre le rebord de la fenêtre avant de croiser les bras sur son torse solide. Sa cigarette au bec, il regarda longuement les deux soldats. Il se souvenait très bien du jour où il les avait accepté dans sa section. Alors, il ne savait pas encore qu'il allait prendre pour eux la décision qu'il s'apprêtait à leur annoncer. Il le fit de but en blanc, sans cérémonie ni long discours d'introduction – il était homme à dire seulement ce qui devait être dit et rien de plus. « Je vais vous mettre en binôme, tous les deux. Des réclamations ? »
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On ne trouve pas le partenaire idéal. On le devient. (Flashback - Phoebe & Ajax)

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