Ok, je vais essayer de vous raconter ma vie de manière assez objective. Bon. Ma mère s'appelle Rosaline. Elle habitait, et habite toujours, dans les ruines d'un hôtel, à Denver. Ma mère, c'est une prostituée. Elle n'a jamais rien su faire et n'a jamais rien voulu apprendre, alors au début, quand elle était jeune, elle rendait des petits services à la communauté, contre d'autres. Après ma naissance, il a fallu qu'elle nourrisse deux personnes, et les petits services n'ont plus été assez. C'est à partir de là qu'elle a commencé à se prostituer. Mais d'abord, elle a rencontré mon père. Elle ne m'a jamais dit son nom, je ne sais rien de lui. Je sais juste qu'il a été tué, par des raiders ou des bêtes, elle ne le sait pas. Elle n'a jamais pu aller le chercher bien sûr, mais il n'est jamais revenu. Peut-être qu'il n'est pas mort, mais ma mère est persuadé qu'il serait revenu, s'il avait été en vie. Quand il est partie, elle était enceinte, j'allais naître quelques mois plus tard.

C'est ce qui arriva bien sûr. Je suis née, dans les ruines de ce vieil hôtel. Un petit bébé tout rond et tout rose. J'étais prête à vivre une vie joyeuse, pleine de rebondissements. Ma mère me nomma Lily-Rose. Lily, parce qu'elle aimait ce prénom, tout simplement. Et Rose, parce que mon père voulait me prénommer comme ça en l'honneur de ma mère. Oui, elle ne voulait pas, mais comme il est mort, elle l'a fait pour lui rendre hommage. Mon deuxième prénom est donc un double hommage... Enfin. Elle a commencé à se prostituer parce qu'elle ne pouvait pas subvenir à ses besoins et ça ceux d'un bébé. Elle préférait faire ça plutôt que de m'abandonner ou me confier à quelqu'un d'autre. Vous savez, elle était vraiment désespérée par la disparition de mon père alors elle s'accrochait à moi. J'étais la seule famille qui lui restait. Environ deux ans plus tard, une bonne amie de ma mère (prostituée elle aussi) a à son tour donné naissance à un enfant. Sans père, comme moi. Comme sa mère n'avait pas vraiment l'instinct maternelle, la mienne s'occupait de lui aussi. Elles s'arrangeaient entre elles, sa mère payant la mienne quand elle était trop occupée avec nous pour pouvoir exercer son "travail".Ce garçon, il s'appelle Jake. Nous avons toujours été proches, lui et moi.

Nous étions tellement proches d'ailleurs, que je suis tombée amoureuse de lui. Évidemment. Je l'ai donc suivi dans toutes ses conneries. J'étais un peu plus vieille, mais j'étais une adolescente posée, jusqu'à ce que je décide d'essayer de lui plaire. Il traînait avec d'autres garçons que je n'appréciais pas vraiment. Ils étaient bêtes, et surtout ils étaient toujours alcoolisés ou drogués. Jake, il n'était pas pareil. Ou alors j'étais trop entichée pour le voir. J'ai fini par boire avec lui, prendre quelques drogues (même si contrairement à ses amis et lui, j'essayais de ne pas être tout le temps sous influence de stupéfiants). C'est aussi avec lui que j'ai eu mes premières relations sexuelles. Je pense qu'il n'avait pas réellement de sentiments pour moi, mais j'étais prête à faire n'importe quoi pour qu'il m'accorde de l'attention. D'ailleurs, il couchait souvent avec d'autres filles. Je ne lui en parlais jamais mais j'avoue que ça me touchait un peu. Moi je n'y arrivais pas. Je flirtais un peu avec d'autres garçons, mais je n'ai jamais réussi à coucher avec l'un d'entre eux. Je n'en avais pas envie, je crois. En grandissant, j'ai commencé à boire seule. Jake était de moins en moins présent, je compensais comme je pouvais. Et un jour, il a carrément été viré de notre petite communauté. Lui et ses amis. J'ai pleuré comme une madeleine, comme une folle. Il ne s'est même pas posé la question de si je voulais venir avec lui ou non. S'il m'avait demandé, je serais partie avec lui sans aucune hésitation. Comme il est parti, je suis restée encore un peu à Denver. J'étais vraiment triste. Un soir, quelques mois après, j'étais avec ma mère, nous mangions toutes les deux. Elle m'a regardée et m'a dit de partir. Elle m'a dit que je valais mieux que cet endroit miteux, qu'il y avait d'autres endroits, d'autre communautés et qu'il fallait que je me construise une vie meilleure que celle qu'elle vivait. J'ai hésité quelques jours et j'ai fini par partir. J'ai traversé les Terres Dévastées aux côtés d'un marchand. Je ne sais pas pourquoi il a accepté que je vienne avec lui, peut-être que je lui faisais pitié, en tout cas, il a pris le risque de m'emmener. Il m'a laissée à Jericho. Cette petite ville n'a rien de bien particulier, mais au moins il y a de vraies habitations et les raiders ne parcourent pas les rues comme le désert. Même si pour moi, Jericho était un endroit de rêve, il ne l'était pas. J'avais à peine 18 ans et il fallait que je trouve un travail. Personne n'était là pour moi, je devais me débrouiller seule. Il était hors de question que je suive les traces de ma mère. J'ai donc parcouru les bars et autres commerces de la ville, cherchant un possible futur employeur. Et j'ai trouvé. Je suis devenue barmaid et danseuse, dans un bar, bien évidemment. C'était un des rares endroits où il ne fallait être qualifié en rien pour trouver un emploi. En plus, j'ai pu continuer à boire. J'ai par contre arrêté de prendre des drogues. De toute manière, il est beaucoup plus difficile d'en trouver à Jericho qu'à Denver. Et puis je ne pouvais pas travailler droguée et je ne voulais surtout pas perdre mon emploi.

Rien de bien passionnant ne m'est arrivé après ça. Un homme de six ans de plus que moi est souvent passé me voir au bar. Il restait là à me regarder, sans presque rien boire. Il m'a toujours agacée au plus haut point et je l'ai toujours envoyé balader. Pourtant, un jour, il m'a demandé de l'épouser. Il était, d'après lui, amoureux de moi. Comme je n'avais pas eu de relation depuis Jake, j'ai accepté. Je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça, je me le demande encore. Adam est adorable avec moi, il est vraiment un bon mari, mais je n'ai jamais été amoureuse de lui. Comme il est médecin, il a pas mal d'argent et il m'aide financièrement. Nous avons même acheté une petite maison. Il a aussi voulu un enfant, je n'ai pas accepté. Je lui ai dit que je buvais bien trop pour porter un enfant et il a compris. Vous voyez, il est vraiment compréhensif avec moi. Il ne m'a pas jugée. C'est en grande partie pour ça que je n'ai jamais eu le courage de partir, de tout laisser tomber. Vous savez, depuis le temps, je l'aime bien. Je ne voudrais pas lui faire de mal, il m'a toujours soutenue. Je suis désagréable, mais pas à ce point.