Chapitre I : 2265 : Hippocrate, mon ami.

«Tonton!  J'suis rentrée ! »
Un silence se fit dans la maison. Emily tendait l'oreille, en attendant un réponse de son oncle, mais, tout ce qu'elle entendait, c'était le grincement des planches du parquet sous ses pas. Elle ne s'inquiéta pas du silence, elle était habituée, son oncle était à moitié sourd et était souvent occupé à bricoler qu'à attendre son retour de l'école... Alors elle ressorti de la vielle maison d'avant-guerre et se retrouva dans le jardin, elle leva la tête.
Son oncle était sur le toit, comme à son habitude en ces journées d'été, il réparait la charpente et les tuiles. Sam, son oncle, rénovait cette maison depuis des dizaines d'années, qui était lors de son acquisition un vrai taudis, il la bricolait depuis aussi longtemps qu'Emily était là.
« Tonton ! Je suis rentrée ! » Répéta t-elle vers son oncle, en criant cette fois-ci.
« Oh ! Ma chérie, tu es rentrée de l'école ? Tu as encore eu de bonnes notes ? »
« Oui et encore oui ! » dit-elle avec un grand sourire et avec fierté.
« C'est bien, je vais redescendre bientôt, je veux pas que ta Tante me voit ici, ça fait des heures que je suis là-haut et je ne veux pas qu'elle me fasse encore un drame parce que je travaille trop.  Tu pourrais me sortir une bierre du frigo s'il te plaît Emily ? »
« Tout de suite ! »

Emily vivait chez son oncle et sa tante depuis qu'elle était toute jeune, ses parents étant en constant voyage dans le Colorado. Ils avaient jugé qu'il était bon pour une enfant de la stabilité et une bonne éducation. Sa venue chez Sam, son oncle, et Dana, sa tante, les avaient comblés, incapables d'avoir un enfant. Emily était leur bénédiction. Emily était la gosse la plus heureuse de Jericho. Elle remerciait sans cesse ses parents pour la vie qu'ils lui avait donné. Elle ne leur en voulait pas pour l'avoir abandonnée, c'était leur rêve de voyager, et elle respectait cela.
« Tatie rentre quand ? Elle devrait être rentrée non ? »
« Elle est allée chez Judith, ça va prendre un bout de temps avant qu'elle ne revienne. Ne perds pas de temps à l'attendre comme ça, va faire tes devoirs... »
« Oui tonton.. »
En montant les escaliers pour monter dans sa chambre, (disons, la pièce qui lui sert de chambre) elle fit un soupir en pensant à la géographie qu'elle devait faire pour le lendemain. Mais en pensant à la bonne note qu'elle avait eu aujourd'hui grâce à son dur travail, sa mauvaise humeur passagère se dissipa.
A l'école, elle n'avait pas d'amis, elle n'avait que des camarades de classe avait qui elle discutait. Elle ne se confiait à personne, sauf à Dana, qui était toujours là pour elle. Mais en dehors de sa famille elle n'avait personne. C'était une adolescente solitaire, mais qui, paradoxalement, aimait la compagnie des autres. Les élèves de l'école était trop puérils et stupides à son goût, mais certains était amusants, avec qui elle s'amusait pendant la récréation.  
La porte d'entrée claqua, c'était Dana. A ce son, Emily sauta de sa chaise de bureau et glissa sur la rambarde de l'escalier pour rejoindre sa tante.
« Tatiiiiiiiiiie ! Tu m'as ramenée mes bouquins, comme promis ?»
« Mon ange, comment-vas tu ? Je ne t'ai pas trop fait attendre j'espère, j'étais chez Judith. »
« Oui oui, bonjour. Je finissais mes devoirs donc ça va. Mais mon livre, tu l'as ?»
« C'est bien ma puce, vas te mettre au piano maintenant que tu as fini tes devoirs. »
« Mais... Mes livres... Tu me l'avais promis... »
« Je les ais tes livres, mais d'abord ta leçon de piano... »
« Ok, ok... Tu t'es pas trompée hein ? Tu as bien pris Hippocrate et le livre sur l'anatomie? »
« Oui oui., difficile de se tromper, les livres sur ça, ça ne coure pas les rues... Va t'installer au piano maintenant, on fait Mozart aujourd'hui. »

Chapitre II : 2268 : Merci

«Bon anniversaire ma Chérie ! » dirent les parents d'Emily.
«Merci ! Salut Papa, salut 'man. Allez-y, entrez ! »
Ces derniers, Kate et Andy, venaient chaque année pour l'anniversaire d'Emily. Ils disaient que même si ce n'était pas eux qui élevaient leur fille, ils se devaient d'être là pour le bébé de Dana,  la fille adorée que la sœur de Kate s'occupait.
A chaque fois qu'Emily voyait ses parents, elle se sentait intimidée. Elle leur ressemblait, c'était flagrant. Elle avait le même nez et sourire que son père, les yeux, cheveux et rire de sa mère, et pourtant, ils n'avaient l'air d'être que des voisins. Très gentils, drôles et généreux, mais pourtant il y avait comme une distance infranchissable entre eux. Elle les aimait, mais, pour elle ce n'était que les personnes qui l'avaient faite, rien de plus. Au contraire, Dana et Sam étaient ceux qui lui avaient donné une vie.
Après les retrouvailles dans l'entrée, le petit groupe se dirigea vers le salon ou allait se situer une petite fête, un semblant de repas, composé uniquement d'aliments et de plats qu'aimait Emily. Le repas était donc tout le contraire d'équilibré, mais c'était exceptionnel. Sur la table de salon était posé plusieurs paquet de chips, quelques steaks et des bonbons, sans oublier la tarte aux pommes Dandy-Boy avec une bougie dessus.
Les 5 personnes présentes, Dana, Sam, Kate, Andy et Emily parlaient de tout et rien : Des futures études de médecine d'Emily, de musique, de la rénovation de la maison, de voyages, du Colorado, de Jericho pour ce concentrer enfin sur le sujet qui intéressait le plus Emily : ses cadeaux.
Les premières personnes à offrir des cadeaux était le père d'Emily et Kate.
« Tu nous avais raconté il y a de ça quelques années maintenant, à tel point tu aimais la médecine, alors nous avons cherché partout des livres sur ça... » fut la mère d'Emily.
Des feuilles de journal faisaient office de papier cadeau. Emily détacha très délicatement le paquet. Une fois enlevé, ses yeux s'écarquillèrent et son visage afficha un très grand sourire ! 
« Oh ! C'est génial ! Les maladies infectieuses ! Les cancers ! Les amputations !»
Elle sauta dans les bras de ses parents, toute joyeuse.  Il était certain que certains de ces sujets étaient un peu durs à comprendre pour son âge mais allait les lire d'une traite.
« J'adore tellement ces cadeaux ! Je suis trop contente ! Merci merci merci ! Vous êtes géniaux ! »
Emily embrassa ses nouveaux livres et les posa sur la table. Elle se réinstalla dans le canapé. C'était maintenant au tour de sa tante et de son oncle.
« A notre tour. Tu les utilisait bien avant que nous te l'offrons, mais nous devenons vieux, nous ne voyons plus très bien et ne sommes plus très habiles de nos mains, alors nous t'offrons ça... J'espère que ça te plaît. Les deux paquets sont derrière toi. »
Derrière Emily était posé sur le sol un paquet carré, une boite en carton. Lorsqu'elle ouvrit la boite, elle découvrit un paquet de livrets. Elle les reconnut tout de suite, ces feuilles si communes, si habituelles, ces choses qu'elle utilisait tout les jours pendant des heures étaient à elle maintenant. Dana et Sam lui avaient offert leurs partitions. Dana lui avait donné celles de piano, car elle est une excellente pianiste, et Sam lui a légué les siennes, celles de violon, lui qui est un artiste à cet instrument. Le couple avait récupéré toutes ces partitions grâce à leur parents qui ont eux aussi eu des partitions, et au fur et à mesure, la collection est devenue très grande. Ce cadeau avait une très grande valeur.
« Je vous aime, merci, merci mille fois... »

Après quelques minutes, Andy prit la parole.
« Ta mère et moi voudrions te parler d'une petite chose... Tu as toujours vécu ici, à Jericho, paisiblement, près de la musique que tu aimes temps, mais voilà... Il faut que tu saches que ce n'est pas ça le véritable monde. Tu es née en pleines Terres Désolées, et pourtant, tu n'y as jamais vraiment mis les pieds... Et nous craignons qu'un jour, une fois seule, sans nous, tu ne puisses vivre par toi-même... Et c'est pourquoi ta mère et moi voudrions que tu viennes. Saches que ton oncle et ta tante sont ceux qui en ont eu l'idée. Et... »
«Nous accepterons aucun refus. » dit Sam, en coupant la parole.
« Tu pars demain. » ajouta-t-il.

Chapitre III : 2270 : Je vous présente Cram.

« Allez ! On se réveille ! Il est 8h ! Viens manger tes céréales ! »
« Oui, oui, j'arrive... »
Emily se leva de son sac de couchage. Elle avait bien dormi. Elle regarda son violon dans sa boite. Et le toucha du bout des doigts et pensa « A tout à l'heure.». Emily sortit de sa tente et regarda le ciel. Il n'était que 8 heures, et pourtant, le soleil tapait fort, cela annonçait une journée caniculaire et une nuit glaciale. Emily s’attacha les cheveux et s'installa sur la chaise pliante un peu bancale et fouilla dans le sac de céréales dans une des boites à nourriture et se servit de deux poignées dans un casque d'avant guerre de l'armée américaine, scié à la moitié qui servait de bol. Bien que pratique pour manger, il fallait tenir le « bol » pour éviter qu'il se balance. A la fin de son petit déjeuner, Emily rangea toutes les choses qu'elle avait utilisé et plongea sa tête dans l'eau qui servait à se laver. Après avoir mouillé ses mains, elle les passa sous ses bras et dans les endroits de son corps nécessitant une attention particulière et une bonne hygiène pour rester en bonne santé. Après ça, elle entra dans sa tante se changea et joua un peu de son violon.
Alors qu'elle commença à jouer le Canon de Pachelbel, son père l’interrompu.
« Au lieu de jouer, rend toi utile ! Va chasser ! »
« Qu'elle emmerdeur celui-là » pensa t-elle.
Elle détestait quand on l'interrompait. Enfin, elle se dit que plus vite elle aura fini, plus vite elle pourra jouer.
Elle ramassa son colt 45 d'en dessous son oreiller, prit quelques munitions et glissa son pistolet dans son holster, à la taille. Ensuite, Emily prit son fusil de chasse, le Winchester M1892 et fit de même mais le mit à son épaule et serra les lanières de son sac à dos. Elle était parée.
Elle partit du campement de fortune qu'avait fait ses parents. Elle les regardait : son père s'occupait à couper du bois et sa mère à faire la lessive.  
Elle se renseigna sur sa carte un moment, et repéra le meilleur endroit pour trouver à manger. Alors qu'elle avait déjà parcouru un kilomètre, elle regarda au loin et remarqua des formes. Emily prit ses jumelles et observa.
« 3 Mantes Géantes, et une Grande Corne... Et un chien. Parfait.»
Emily s'approcha doucement, au pas feutré.
Une des Mantes Géantes attaquait le chien, qui avait l'air de s'en sortir. Les deux autres se dirigeaient vers la Grande Corne.
« Ah non, on touche pas à mon repas... »
A ces mots, Emily tira dans l'une d'entre elles, celle qui était le plus près du futur barbecue. Elle entendit un couinement vers la droite. C'était le chien. C'était un genre de Leonberg. La Mante lui avait donné un mauvais coup apparemment...
« J'espère que t'aider va pas me coûter mon déjeuner... »
Elle rechargea son fusil et tira dans l'insecte qui faisait face au chien. Celui-ci eu un sursaut et courageux, sauta sur l'autre Mantes qui lui faisait dos, celle ci s'approchant d'Emily dangereusement.
« Eh, on fait une bonne équipe ! » fit Emily en riant. Le chien avait l'air d'être sauvage, et d'être jeune... Et plus loin, vers la bête à la taille d'un bœuf, il y avait un Bobcat mort, vu sa tête et l'odeur, il devait être en train de cuire là depuis quelques heures déjà, et tout autour de lui, étaient éparpillées 5-6 Mantes desséchées par le soleil, tout comme lui. C'est en s'avançant vers le mouflon mutant qu'Emily vit une chose qui lui fit grand peine. C'était les corps de deux chiens, une mère et son enfant, sûrement le frère de celui que la jeune femme venait de sauver.
« Bon sang, c'est un vrai cimetière ici, et c'est ces mantes toutes moches qui on fait ça ? Etonnant. »
La jeune femme ramassa le cadavres des insectes et les enroulant dans un vieux tissus usé qu'elle attacha a un bout de bois, pour faire un baluchon.
Elle se tourna enfin vers le chien qui s'était mis derrière elle.
« Mon pauvre, ces saletés de Mantes ont tué ta famille n'est-ce pas ? » Emily s'était accroupie et faisait face au chien. Elle lui fit une caresse.
« Gentil toutou. »
Alors qu'elle avait toute son attention sur le chien, le mouflon s'en allait. Le canidé aboya comme pour la prévenir.  
Elle se tourna et tira dans une des pattes de l'animal. « Merci le chien. »
Il tomba par terre de douleur. Emily s'avança alors et attacha le fuyard d'une corde. Il se leva et n'essaya pas de se rebeller, avec un de ses membres sûrement douloureux, il était docile. Il suivait la chasseuse. Cette dernière siffla le chien et celui-ci accouru vers elle.
« Suis moi... Max, non...Cram, je vais te présenter à mes parents, je te garde, t'es mignon.»
Tout d'un coup, Cram s’effondra. Il s'était blessé à la patte lors du combat.
« Merde ! Tu avais si mal que ça ? »  
Elle fouilla dans son sac et en sorti une boite de premier secours. La plaie était visiblement assez conséquente. Emily prit du coton qu'elle imbiba d'alcool, désinfecta l'aiguille qu'elle venait de sortir, même si elle déjà propre, fit de même avec la plaie. La main tremblante, et la tête pleine de ses souvenirs nets de nombreuses lectures du livre sur les amputations et, plus précisément sur la manière de recoudre la chair, elle fit de son mieux pour refermer la plaie en évitant que le « patient » ne souffre trop.  Mais sous le coup de la douleur, il fit un malaise. Elle lui mit un bandage et le déposa délicatement sur le dos du déjeuner ambulant.
« Heureusement que je ne l'ai pas tué... »
Ce qu'elle venait faire confirmait ce qu'elle voulait faire toute sa vie, soigner. C'était son destin, se disait-elle.

Chapitre IV : 2280 : Jericho, me revoilà.

« Enchantée, je suis le médecin en chef du dispensaire de Jericho, Emily Fox, que puis-je faire pour vous ? »

Après trois années passées dans les terres désolées, Emily était revenue à Jericho, pour réaliser son rêve de toujours : Être médecin. Elle avait donc passé 5 ans de sa vie à étudier ce qui allait être son métier. Sa formation avait d'abord commencé par l'apprentissage théorique de l'exercice médical,  pour se pencher après sur la reproduction jusqu'à la naissance, les handicaps, les dépendances, le vieillissement, les douleurs, les soins palliatifs, les maladies liées à l'environnement, les maladies transmissibles, inflammatoires, infectieuses, l'hypertension, la thrombose, la cancérologie,...
Le programme était lourd et compliqué mais il y avait de très bons médecins dans le dispensaire qui lui avait appris tout ce dont elle avait besoin. Il était rare de voir des personnes voulant exercer cette profession, si dure et si éprouvante. De plus, tout le monde n'avait pas le courage d'apprendre toutes ces connaissances et ce savoir... En cinq ans, elle était devenue médecin. Elle était déjà très populaire à cette époque là, en 2276, grâce à sa gentillesse et son caractère attentionné pour chacun de ses patients.
Elle est une passionnée par son travail, elle aime chaque journée qu'elle passe dans sa petite clinique. Au bout de trois ans, elle est élue responsable du dispensaire, et donc tout naturellement élue médecin en chef. C'est une femme respectée dans le milieu et chez les patients. Elle se chargeait d'assigner le personnel et d'organiser les opérations. Même avec son statut qui lui prenait beaucoup de son temps, elle trouve toujours une place dans son emplois du temps pour s'occuper des urgences médicales ou surveiller les rares actes chirurgicaux qui se déroule dans ses salles d'opération.

« 'Jour. Bon voilà c'est la honte mais j'ai mal au bide et j'ai la chiasse depuis un bout de temps et c'est chiant, vous pouvez me donner un truc pour que ça passe ? »
« Laissez moi regarder, je vais vous dire ça tout de suite. Vous avez de la diarrhée depuis combien de temps ? Et le mal de ventre ?»
« Quelques mois, je douille...»
« Autant de temps ? Pourquoi vous n'êtes pas venu plus tôt ? »
« J'pensais que ça allait passer, mais ça fait longtemps... Et puis ma femme me dit que je suis maigre  comme un clou, ça fait une semaine qu'elle me tanne pour venir ici... Alors voilà, j'suis là. »
«Si ça dure ce n'est sûrement pas une gastro-entérite... Quelles sont les aliments que vous mangez le plus ? »
« Je bouffe beaucoup d' haricots, de chou, de maïs et des oignons... »
« Tout s'explique, arrêtez de manger ça. Pour l'instant je vous demande d'éviter tout ce qui est gras, sucré, épicé ou trop riche, par contre le poulet, les légumes cuits et ce qui contiennent peu de fibres, allez-y, ah et je vous recommande fortement de manger des pommes de terre. En cas de très grandes douleurs au ventre, je vous prescris un peu de médicaments antispasmodiques, ça devrait aller.
Si les symptômes sont toujours visibles d'ici un mois, revenez, on vous fera un examen approfondi, pour la maladie de Crohn notamment. »
« Merci beaucoup mam'zelle. »
« J'vous en prie, c'était un plaisir... Passez une bonne journée, et si besoin, notre porte est toujours ouverte ! Au revoir. »