AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion



 
Le Deal du moment :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : ...
Voir le deal

Partagez
Ma vie, entre tes mains 190225035535457821Ma vie, entre tes mains 190225035536160543Ma vie, entre tes mains 19022503553680318

Ma vie, entre tes mains

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Légionnaire
Tiberius Quintilius
Légionnaire
Tiberius Quintilius

Généralités
Légionnaire vétéran

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 72
☢ Nombre de messages RP : 18
☢ Date de Naissance : 08/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 02/02/2014
☢ Crédits : Moi-même
☢ Célébrité : Tom Hiddleston
☢ Doublons : Seth Graham
☢ Âge : 30 ans
☢ Lieu actuel : Fort Colorado
☢ Liens rapides : Profil du légionnaire
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Pillard ♦ -20

☢ Statut RP
: Fermé

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Dim 31 Aoû - 0:37

Un sourire amusé et bienveillant étirait les lèvres de Tiberius tandis qu'il s'occupait à affuter son glaive en observant la nouvelle recrue qui répétait dans son coin les mouvements que le vétéran lui avait appris quelques heures plus tôt. C'était un jeune assez fin mais à la détermination farouche, qui discutait souvent avec lui depuis un certain temps. Un jour, il avait eut l'audace de venir lui demander conseil en lui avouant qu'il admirait la façon dont Tiberius s'entraînait. Depuis, le vétéran avait pris l'habitude de garder un œil sur lui et de lui donner quelques tuyaux lorsqu'il trouvait le temps, un peu comme un petit protégé. Il n'était pas un habitué de ces traitements de faveur, mais ce jeune légionnaire l'attendrissait. Il conservait un certain côté naïf malgré la dureté du camp. Aussi était-il toujours amusé de voir quelle force et sérieux il mettait dans ses entraînements de recrue.

Soudain, alors que tout allait pour le mieux pour la troupe en courte mission, Tiberius repéra deux hommes louches aux abords du campement. A peine leurs regards avaient-ils croisé celui du légionnaire qu'ils avaient prit la fuite. Le vétéran fronça les sourcils, se demandant quel genre de personnage pouvait bien risquer de s'aventurer aussi près d'un campement de Caesar sinon un personnage mal intentionné. Mais au moment même au Tiberius se redressait pour les signaler, un bruit terrible secoua le campement. Le ciel semblait s'être déchiré tant le boucan était intense. La violence de l'explosion propulsa les légionnaires les plus proches du site à terre, et l'instant qui suivit la déflagration puisque s'en était vraisemblablement, le bâtiment qui servait d'abri à la Légion s'effondra sur ses habitants de fortune.

« Putain de merde ! » Voilà un cri qui sortait du cœur. Et à raison : le decanus était introuvable sous les décombres, la poussière soulevée par la chute de la tour sur la troupe rendait l'évaluation des morts et des blessés impossible et la panique commençait à gagner les légionnaires laissés sans ordres, livrés à leur sort.

Les salopards qui s'étaient fait la malle étaient probablement de l'ERGP : ils s'étaient juste approchés pour poser quelques explosifs et faire sauter le campement à distance. Les gardes du moment étaient probablement occupés à se raconter leur dernier fait d'arme ou un truc du genre - bien inutile et plus distrayant que de monter la garde avant de mourir déchiquetés par la bombe en somme. Mais la colère du vétéran envers eux n'allait pas les ramener à la vie pour qu'il puisse les réexpédier six pieds sous terre lui-même. Cependant, il ne leur en aurait pas autant voulu si les conséquences de ce moment d'inattention n'avaient pas été si dramatiques. Le chaos était total sur l'instant. Tiberius était entier, mais la poussière blanche - en plus de l'aveugler - l'empêchait de respirer convenablement. Il avait beau tenter de protéger sa tête au possible, chaque inspiration lui valait une sévère quinte de toux en retour.

Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était l'assaut imminent de l'ERGP. Aucun doute que ces salopards de première classe n'allait pas attendre que les légionnaires se soient remis de ce fantastique coup sur la tête (dans tous les sens du terme) pour venir les achever. Ils étaient probablement déjà en train de foncer sur eux, arme chargée au poing. Tatonnânt pour retrouver son fusil autour de lui, Tiberius tenta de relativiser en constatant que la poussière – en plus de les asphixier – les dissimulait aux yeux d'éventuels snipers pour le moment. « En formation carré creux ! » S'exclama soudainement le vétéran qui voyait les hommes paniquer autour de lui. La formation défensive leur permettrait non seulement d'accueillir l'ERGP avec toute la sympathie dont ils étaient capables et de donner du temps au decanus pour se manifester – en admettant tout du moins qu'il était encore vivant. Aussitôt dit, aussitôt fait, les légionnaires se regroupèrent pour former une puissante défense à 360°, soudainement rassurés d'avoir trouvé un nouveau guide.

Et le moment était plutôt bien choisi pour retrouver ses esprits, car l'instant d'après, les soldats de l'ERGP ouvrirent le feu. « Manius ! » Tiberius avait beau appeler le decanus, celui-ci restait obstinément silencieux. Tant pis, il fallait se concentrer sur l'assaut pour le moment. Et puis le légionnaire était dans une fureur telle qu'il lui était nécessaire d'exploser une tête ou deux avant de pouvoir réfléchir plus posément. Après tout, chaque légionnaire abattu était un frère de perdu, et Tiberius savait d'ores et déjà que les pertes seraient nombreuses en ce jour. C'était ce qui faisait la force de la Légion : chaque soldat prenait ses responsabilités très au sérieux vis-à-vis de la communauté et une véritable discipline s'était finalement instaurée presque d'elle-même. A l'ERGP, les soldats préféraient se taper dessus plutôt que de mener une mission à bien. Malheureusement pour la Légion, cette mission là, ils la menaient plutôt bien.

Un tir manqua de peu la tête du vétéran, mais l'événement ne le perturba pas davantage. La seule fois où il s'était familiarisé pour ce genre de chose, ça avait été le jour où il avait mit la main sur April. Depuis, il faisait plus attention dans son choix d'esclaves à ramener au Fort. Il continuait de chercher le decanus du regard tout en tirant sur les soldats qui osaient s'approcher de trop près. Soudain une voix sonore mais tremblante appela son nom. Tiberius reconnut la voix du decanus, il n'était pas loin, mais probablement pas très bien. Rapidement, il repéra le légionnaire à moitié enfouit sous les décombres de cette maudite tour. Ni une ni deux, le légionnaire demanda assistance pour que quelqu'un le couvre le temps qu'il tire le pauvre légionnaire prit au piège. Et c'est le petit Quintus, son protégé, qui se présenta en premier. Bonne nouvelle, puisque Tiberius lui faisait plus particulièrement confiance. Le vétéran tirait donc de toutes ses forces pour dégager le décanus de ce maudit piège. Mais au moment même où sa jambe encore coincée se décida enfin à sortir du trou, un soldat de l'ERGP leur sauta dessus. Le decanus était sans doute une cible privilégiée à leur yeux, car qu'étaient de simples soldats sans leur chef pour les guider à la bataille ? Voilà pourquoi le petit Quintus, en tout état de cause, s'interposa. Les deux corps allèrent rouler un peu plus loin pour se livrer une bataille féroce. Cependant, l'attention de Tiberius resta vouée à son supérieur : le seul jugement de valeur qu'il pouvait se permettre en cet instant, c'était celui de l'utilité. Le decanus était indispensable aux yeux de la plupart des légionnaires ici présents, et puis Quintus savait se défendre seul. Rassemblant encore une fois ses forces, Tiberius s'affaira donc à traîner le dit-Manius en sécurité, au cœur de leur défense. Cependant, il avait beau s'appliquer à jouer le rôle du légionnaire parfait, il ne pouvait pas s'empêcher de rester un homme comme les autres malgré tout. Et à peine sa mission de sauvetage accomplie, son attention vira immédiatement à Quitus, ne pouvant s'empêcher de s'inquiéter pour la petite recrue fière de son blason mais au moral de guerrier encore trop inexpérimenté au goût du vétéran.

Pestant après la poussière encore assez opaque pour ne pas voir à plus de 5 mètres de soi, Tiberius s'avança en direction du lieu d'où il venait, espérant tomber sur le bonhomme. Lorsqu'une silhouette s'imposa enfin à lui, le légionnaire plissa les yeux pour tenter de reconnaître les traits de cette rencontre. « Quintus ? » Appela t-il, indécis. Il lui suffit de constater que ce nouvel arrivant était en train de pointer une arme sur lui pour lui sauter dessus en hurlant de rage – glaive en avant – sans lui laisser le temps de presser la gâchette. La lame s'enfonça sans difficulté dans son bras et entailla docilement la chair, arrachant un cri de douleur terrible comme le vétéran les aimait à sa victime. Car si le légionnaire se montrait rarement cruel, il ne faisait strictement jamais preuve de pitié face à ses ennemis, puissent-ils mentionner l'existence d'une femme et d'enfants qui attendent leur retour. Après tout, c'était eux ou lui, et le légionnaire était toujours gagnant à la loi du plus fort. Abrégeant les souffrances de sa victime d'un autre coup d'épée, il abandonna son corps à la recherche d'un autre tout en cherchant toujours Quintus du regard. Peu à peu, la poussière se dissipait et permettait de voir plus loin. Le decanus avait repris les commandes des manœuvres et avait ordonné la position à couvert le temps d'identifier la position des cibles. Dos à une décombre suffisement grosse pour lui servir d'abri, Tiberius s'empara donc à nouveau de son fusil, prêt à faire feu pour exploser du soldat démocrate.

Soudain, lorsque le vétéran fut enfin capable de voir suffisamment loin pour le repérer, il aperçut enfin Quintus. Soudainement prit d'inquiétude, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil par-dessus son abri pour s'assurer de sa bonne santé. Le jeune légionnaire était lui aussi adossé à un débri. Il semblait un peu sonné mais bougeait encore, plutôt bon signe donc. Un soldat ennemi tenta un tir dans la direction de Tiberius, l'obligeant à se replier derrière son abri de fortune. Celui-là, il allait se le faire tout cru. Plus la pression montait, plus le légionnaire bouillait de rage. Son inquiétude inhabituelle vouée au sort de Quintus ne faisait qu'empirer les choses. Le vétéran en voulait plus que terriblement à ces salopards d'avoir débarqué de nul part pour tenter de les descendre sans autre forme de procès. Pour une fois dans sa vie, Tiberius aurait préféré la négociation à l'affrontement. Et c'était la seule fois où ces connards de l'ERGP ne leur laissait pas le choix. Une entrée plutôt dure dans le quotidien de la vie du légionnaire pour Quintus en somme. Le vétéran serrait son arme contre lui en guettant le moment où le débilos aurait fini de lui tirer dessus pour faire feu à son tour. Ses bras tremblaient, mais de fureur et non de peur. Il se voyait déjà lui briser les genoux d'un geste violent et précis, lui arracher la trachée à mains nues puis venir exploser sa petite tête fragile d'idiot sur les décombres de cette pauvre tour détruite par sa faute. Plus la fureur montait et plus l'impatience le gagnait. Lorsque les coups de feu cessèrent, le légionnaire s'empressa donc de faire feu à son tour. Pas de chance pour le démocrate : le bonhomme ne s'était pas mis à couvert à temps. Cependant, avant que le tir rapide et précis du légionnaire ne lui arrache un cri de surprise, le salopard avait eut le temps de lancer un objet non identifié vers lui. Néanmoins, il n'y avait pas besoin d'être un génie pour se douter de la nature de l'objet. « Grenade ! » S'écria Tiberius pour alerter ses camarades des environs avant de se jeter derrière un nouvel abri. L'explosif ne lui laissa cependant pas assez de temps pour se mettre tout à fait à l'abri et la déflagration le projeta avec violence sur quelques débris éparpillés un peu plus loin.

Sonné par le choc, le légionnaire manqua de vomir son repas le plus récent. Il tenta d'inspirer le plus longuement possible le temps que la douleur de ses tympans vrillés s'estompe. Malgré tous ses efforts pour se redresser, son corps lui semblait plus lourd qu'une brahmine. Luttant donc corps et âme contre ses propres muscles rebelles, le légionnaire prit d'abord soin d'évaluer les dégâts avant de se relever tout à fait. Il grimaça en constatant qu'un débri était venu se ficher dans son bras, mais fut satisfait de constater que la blessure n'était pas assez profonde pour le rendre infirme, seulement assez pour être douloureuse à souhait. Il avait peut-être aussi une ou deux côtes cassés, mais son armure lui avait au moins évité de finir grillé comme un bon steak. Le temps des bilans passé, le légionnaire se redressa finalement pour chercher son ami du regard. Il le trouva presque immédiatement, quasiment au même endroit. Soudain la peur l'envahit : cette fois, il ne bougeait plus. Tiberius ne s'inquiétait que très rarement, voire jamais, pour quelqu'un. Mais la survie de ce petit bonhomme lui tenait sincèrement à cœur. Cette sortie n'avait jamais été censé se finir ainsi pour lui, et le vétéran savait qu'il ne se le pardonnerait jamais tout à fait si le garçon ne rentrait pas au Fort aujourd'hui. Ce sentiment d'inquiétude sincère l'empêchait de respirer. L'idée même de s'approcher du possible cadavre rendait le légionnaire malade. Il lui semblait que chaque pas qu'il faisait l'éloignait davantahe de son ami immobile. Sa tête tournait et pourtant le vétéran s'obstinait à marcher tout droit, ignorant ses membres douloureux qui protestaient à l'unisson, ignorant les tirs ennemis qui filaient au-dessus de sa tête, ignorant jusqu'aux ordres du decanus qu'il ne saisissait même pas tant les choses étaient confuses dans son esprit. Ce simple trajet lui sembla durer ainsi une éternité, comme si tout se déroulait d'une lenteur infinie et lui demandait un effort incomensurable pour avancer millimètre par millimètre.

Lorsqu'enfin il atteignit le corps de Quintus, il s'affala à moitié sur lui le temps de reprendre ses esprits. Il le saisit immédiatement par les épaules pour le secouer afin de vérifier s'il était encore conscient. Le geste arracha un léger râle au pauvre garçon, visiblement en mauvais état. Le jeune légionnaire pressait une main sur une blessure par balle dans le côté gauche du ventre. La déflagration de la grenade ne l'avait pas non plus arrangé dans la mesure où il avait été incapable de se mettre à l'abri. Son bras droit était partiellement brûlé et un méchant débri était venu se ficher juste au-dessus de sa clavicule, rendant sa respiration difficile. Le pauvre bonhomme à moitié sourd et complètement déboussolé agonisait dans une souffrance terrible. Impuissant face à la douleur de son ami, Tiberius se contenta de l'appeler par son nom encore et encore d'un air paniqué, ne sachant que faire. Même l'utilisation immédiate d'un stimpack ne pourrait probablement pas le tirer d'affaire. Une nouvelle fois, le vétéran voyait une vie s'éteindre dans ses bras à cause de la médecine impuissante de la Légion. Pour ses instants, le légionnaire maudissait Caesar et toutes ses directives complètement idiotes. Le refus de la technologie médicale ne faisait que mener plus d'hommes à leur perte, il ne les rendait certainement pas plus fort. Finalement, forcé d'admettre qu'il n'y avait plus rien à faire et confronté au regard suppliant du pauvre garçon, le légionnaire se décida à le féliciter pour sa bravoure et sa déterminaton avant d'abréger rapidement ses souffrances. Voilà qui était le mieux à faire. Cependant, en cet instant, le légionnaire avait eut l'impression de percer son propre cœur. La douleur était si intense qu'elle lui arracha un cri de fureur désespérée. Les larmes avaient beau l'aveugler à moitié, le vétéran y voyait pourtant désormais très clair.

Pour son ami perdu, il était prêt à prier les harpies nuit et jour jusqu'à ce qu'elles daignent répondre à sa demande de vengeance. Mais n'étant pas vraiment du type croyant, Tiberius était donc décidé à faire couler le sang de la vengeance lui-même. Et en un instant, la douleur avait fait place à la colère. Une fueur sourde mais brûlante s'était emparée de son esprit, et seule l'idée de voir ces assassins disparaître de la plus atroce des manières était envisageable à ses yeux. Cette démocratie, il allait l'écraser comme une vulgaire mouche : une indésirable que l'on chasse d'un geste, et que l'on extermine d'un autre. Il allait tous les égorger, un à un, savourant chacune de leur mort. Il allait piétiner leurs cadavres, jeter leur tête aux chiens affamés et cracher sur leurs âmes perdues. Mais avant, avant il allait les faire souffrir comme ils n'avaient jamais souffert. Il allait leur faire manger la poussière, briser chacun de leurs os, retrouver leurs enfants pour les brûler vifs, détruire toute leur volonté de faire face et enfin, enfin seulement lorsqu'ils se retiendraient eux-même de respirer pour tenter vainement de trouver le repos dans la mort, alors il les enverrait à Hadès et les maudissant de la pire des façons. Voilà le sort que lui, Tiberius Quintilius, leur réservait. On l'aurait dit comme possédé par une furie tant son regard exprimait de colère. Sa respiration bruyante, sa machoîre serrée et ses muscles contractés ne faisaient que renforcer cette image de démon avide de sang. En cet instant, il était fou, fou furieux.

Néanmoins, on sait tous où mène la folie, et c'est rarement à la victoire – sinon à la victoire temporaire. Au premier soldat qui croisa sa route, il se délecta du regard terrifié que le pauvre démocrate posa sur lui avant qu'il vienne enfoncer sa lame dans sa gorge, prit d'un rire nerveux qui lui donnait carrément un air de psycopathe instoppable. Incapable de raisonner correctement, le légionnaire avait perdu toute connexion avec la réalité, il avait littéralement pété un câble, et plus rien – sinon la mort de leurs assaillants – ne semblait pouvoir l'arrêter.

La mort de leurs assaillants, ou la sienne d'ailleurs. L'un des soldats ennemis lui rappela brutalement cette option en lui tirant une balle en pleine poitrine. Projeté au sol, le légionnaire eut le souffle coupé par le choc. Il put remercier dieu – ou plutôt le forgeron de la Légion – pour avoir eut une armure assez solide pour arrêter la balle avant qu'elle ne lui perfore le cœur. Néanmoins, il fallut un instant éternel pour le vétéran avant qu'il ne réussisse à nouveau à inspirer de l'oxygène. Le temps de retrouver ses esprits et d'envisager de se redresser (encore, ça devenait vraiment pénible et trop douloureux), un soldat de l'ERGP était sur lui. Visiblement, lui aussi était dans tous ses états, puisqu'au lieu de lui coller une balle dans la tête et de passer au suivant, il se jeta sur lui en lui crachant les pires insultes au visage en le cognant encore et encore. Malheureusement pour cet inconscient, il était bien connu que les légionnaires étaient particulièrement féroce en combat rapproché. C'était bien la raison pour laquelle la plupart des ennemis de la Légion se contentait de leur tirer dessus à distance puis de courir aussi loin que possible de la bannière au taureau. Tiberius se dégagea donc en un geste rapide pour faire rouler son adversaire un peu plus loin dans la poussière. Crachant le sang au goût métallique avec une grimace mécontente, le vétéran souleva sa lourde carcasse presque aussitôt pour venir rendre les coups qu'il avait prit l'instant d'avant. Et lorsque justice était faite, il tira à nouveau son glaive au-dessus du soldat sonné pour l'abattre d'un geste sec sur le poignet de son ennemi. Le cri de douleur et les sanglots qui s'en suivirent lui apportèrent satisfaction. Voilà qui lui apprendrait à tirer sur un légionnaire en colère.

Néanmoins, les yeux rivés sur sa future victime qui se vidait déjà bien de son sang, Tiberius ne vit pas le soldat venu discrètement en aide à son collègue déjà bien amoché. Et au moment même où il s'apprêta à achever le pauvre gars d'un nouveau coup de lame, le coup de feu fatal retentit. Alors qu'il s'affalait aux côtés de sa victime tordue de douleur, Tiberius comprit que cette fois il avait eu moins de chance lorsqu'il constata qu'il lui était devenu impossible d'inspirer la moindre bouffée d'air. Le choc l'avait à nouveau jeté à terre – et ça commençait à bien faire ! – mais en plus de ses côtes douloureuses, ce n'était plus de l'air qui emplissait sa gorge sèche mais bien ce liquide rougeâtre et si précieux à la vie, au goût métallique si particulier. La balle avait finalemnt réussi à atteindre sa cible une bonne fois pour toute. La blessure n'était pas fatale, mais était tout de même venue se loger sous le poumon gauche du légionnaire, et le moindre mouvement était si douloureux que le vétéran aurait préféré mourir d'asphyxie.

Rapidement, Tiberius sentait qu'il suffoquait. Posant une main tremblante sur son côté blessé, il l'observa d'un air distrait une fois recouverte du sang chaud qui s'en écoulait. Déjà il se sentait sombrer. La douleur si vive avait cessé de le tirailler et il glissait doucement dans les ténèbres tandis que ses forces l'abandonnaient. Une douce sensation de froid l'envahit tandis qu'il fermait les yeux au profil de ce sommeil salvateur. Il lui sembla que son corps s'enfonçait dans le sol au fur et à mesure qu'il s'abandonnait à cette fatigue soudaine. Quelqu'un cria son nom, il lui sembla que quelqu'un lui attrapait le bras. Puis la prise se raffermit et quelqu'un le tira pour le relever. La douleur fut si subite et si brutale qu'elle acheva de l'assomer complètement.

Le retour au Fort Colorado fut long et fastidieux. Le corps souvent secoué de spasmes douloureux, les quelques réveils de Tiberius étaient si désagréables qu'il s'empressait de se rendormir pour échapper à la douleur. Seulement, plus le voyage s'éternisait, plus le légionnaire perdait de sang, et plus ses sommeils se faisaient longs. Conscients qu'il arriverait un moment où le vétéran ne se réveillerait plus du tout, ils faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour le ramener au plus vite au Fort, là où il aurait le plus de chance de recevoir des soins de "qualité". Cependant, la progession était difficile avec les nombreux blessés, et les quelques soldats encore pleinement valides étaient épuisés par cet affrontement violent et ce retour plus qu'harassant.

Ce ne fut qu'au bout d'une éternité de souffrances interminables que Tiberius eut enfin l'impression qu'on allait le laisser mourir en paix. Quelqu'un vint trifouiller sa blessure la plus douloureuse pour extirper la balle de son corps – ce qui lui arracha de nouvelles plaintes au passage – et les bandages furent pénibles mais salvateurs. Une fois désinfectées les plaies étaient déjà un peu moins douloureuses. Enfin, il ignorait si quelqu'un lui avait donné un calmant – si tant est qu'une telle chose était autorisée dans le campement... ! – ou si c'était la fièvre, mais le vétéran avait l'impression de flotter sur son lit. Etrange... Finalement, après un certain temps, Tiberius daigna enfin ouvrir un œil pour voir ce qui se passait autour de lui. Sa première vision – douce surprise plus ou moins désagréable – fut la tête de la petite April penchée sur lui. Surpris, il demanda d'une voix de mourrant attristé : « Je suis mort ? »
Revenir en haut Aller en bas
Esclave
April Twist
Esclave
April Twist

Généralités
Twist & Slave

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 69
☢ Nombre de messages RP : 16
☢ Date de Naissance : 06/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 18/01/2014
☢ Crédits : Moi!
☢ Célébrité : Keira Knightley
☢ Doublons : Gabriella Ferrera
☢ Liens rapides : Fiche
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Voyageur ♦ +10

☢ Statut RP
: Ouvert

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Dim 31 Aoû - 22:02

« Esclave en herbe ». « Apprentie esclave. ». Ce sont les seuls mots qu’April avait retourné dans sa tête après s’être retrouvée jetée dans une tente remplie d’esclaves miséreux, puants et aguerris. On l’avait dépouillée de ses vêtements, rendue complètement nue devant des inconnus, femmes comme hommes, sans que ceux-ci ne s’intéressent plus particulièrement à elle qu’à leur voisin. Ils lui avaient donné une tunique trop ample qui tenait à peine sur ses épaules, et une simple ceinture pour la maintenir sur sa taille. La petite sauvageonne s’était retrouvée là, en larme, au milieu de gens qui la voyait de la même façon qu’ils se voyaient tous : comme s’ils n’existaient pas. Un nœud si lourd et si tortueux se forma dans son estomac qu’elle vomit. Seule de la bile acide tomba de sa bouche sous une forme visqueuse, faute de ne pas avoir pu manger correctement depuis pas mal de temps. En relevant la tête vers les autres, qui s’activaient sans plus du tout la remarquer après lui avoir remis l’uniforme de n’importe quel esclave, elle observa sans bouger, à genoux. Alors c’est comme ça que je vais devenir ? songea-t-elle. Le regard vide de toute expression, l’âme privée de toute identité, dénuée de ces caractéristiques qui font dire de quelqu’un « Ah ça c’est tout lui ! ». Atroce destinée de n’être qu’un invisible parmi les invisibles, un esclave jetable en cas de panne majeure. April eut un instant suffisant de lucidité pour se dire que l’arrivage d’esclaves devait être très fréquent pour que les autres ne puissent même plus voir un nouveau corps mouvant et l’appréhender en tant qu’être vivant et pensant.

Ne supportant soudain plus de détailler leur comportement inhumain, elle planta ses mains dans la terre, enfonçant ses ongles dans la poussière, les yeux écarquillés sur ses doigts, comme pétrifiés par un choc, une peur dégénérative. A cet instant, elle entendit derrière elle le pan de la tente s’ouvrir sous un geste violent.

C’est bon ? demanda rageusement une voix tandis que les esclaves autour d’elle se recroquevillaient sur eux-mêmes comme par crainte de recevoir un coup.

On tira violemment la jeune femme à l’extérieur de la tente et elle tomba, ne pouvant plus tenir sur la cheville que cet enfoiré de rouquin avait fini de massacrer d’un coup de pied.

Putain mais elle vaut rien celle-là ! vociféra un des légionnaires en lui donnant un coup de pied dans le bras. Elle arrive même pas à marcher droit !

La sauvageonne ne trouvait plus la force de se battre, elle gisait à terre, le visage couvert de poussière dans laquelle des marques de larmes versées avaient fait leur chemin. Elle gardait les yeux fermés, perdant l’espoir de vivre, de survivre. Bien qu’avoir lutté toute sa jeunesse pour trouver sa voix, pour prendre sa liberté, bien que l’ayant perdu en passant les portes du Fort, elle avait gardé l’espoir clandestin qu’elle parviendrait à sortir d’une manière ou d’une autre, et surtout grâce à ces gens asservis qui allaient faire office d’alliés. Dans son esprit intelligent et calculateur, elle avait déjà des idées de discours pouvant pousser les esclaves à la révolte. Toutefois, à cet instant, en ayant vu ces êtres dépourvus de toute humanité, de tout libre-arbitre, liberté de penser –ou quelque autre expression composée du mot « libre »-, elle avait même perdu foi en ses propres qualités de marchande charismatique et ingénieuse qu’elle avait acquises en sortant de l’abris. Alors elle laissait son corps joncher la sol, car pire que de vivre sans liberté, elle se voyait contrainte de vivre sans l’espoir de la retrouver un jour. Plutôt mourir, plutôt en finir immédiatement que de respirer cet air empoisonnant la fougue une seconde de plus.

Arrête, on peut pas la jeter, elle vient d’arriver, tempéra pourtant le second légionnaire. Sa blessure est superficielle et en plus elle est au vétéran celle-là.

L’autre bovin renifla de dédain et April s’évanouit alors qu’on trainait son corps dans elle ne savait quelle direction.

Lorsqu’elle se réveilla, elle était allongée par terre, une boule de vêtements sales et malodorant sous la nuque. Elle ne devait s’être assoupie que quelques instants et se retrouvait nez à nez avec le rouquin : vision désagréable qui fit monter dans sa gorge un grognement de haine et de dégout malgré sa faiblesse, et sa position précaire. Pour toute réponse vengeresse, le vétéran sans cœur plissa les narines en ce qui s’apparentait à un groin. Jamais elle ne l’avait vu aussi authentique. Les cheveux oranges, le teint rougeot et bourru à cause de la fatigue, un coup aussi épais que celui d’un rataupe obèse : vraiment il était en harmonie totale. Sans le quitter des yeux, ni même prononcer un mot, elle remarqua qu’il avait posé son armure. L’homme (?) était rentré chez lui, était soulagé d’avoir regagné son foyer après son périple et s’était mis à l’aise chez lui. Une bouffée de haine meurtrière monta en elle comme un courant d’électricité et elle leva haut la main pour frapper ce sale type en jupe. Le geste avait été trop rapide pour qu’il puisse l’arrêter à temps, bien que trop faible pour lui faire franchement mal. Mais cela n’avait pas d’importance : l’orgueil était une plaie bien plus difficile à refermer. Les iris ocres de la petite sauvage restèrent embrumés de rage, mais une esquisse de sourire machiavélique se forma sur ses lèvres. Tiberius se paralysa un instant, comme sous le choc de s’être fait avoir par ce nouveau jouet qu’il avait tout fait pour conserver. Qu’est-ce’ tu crois coco ? pensa-t-elle.

Au fond il était paradoxal que ce soit la vue de son pire ennemi qui lui redonne un semblant de vigueur. Serait-elle déjà poussée par la vengeance ? Carrément ! se dit-elle. Il était persuadé qu’elle lui appartenait, il allait voir ce qu’il en coute d’être aussi crétin. Le rouquin souffla et ne dit rien après ce qui sembla être une éternité de réflexion – mais il était bien un peu débilos aussi, alors elle pardonnait malgré tout son tiers-temps. Cependant, sans qu’elle s’y attende, le vétéran glissa ses mains vers sa cheville douloureuse et, à peine April eut-elle le temps de se raidir de crainte de souffrir qu’il tira un coup sec et rapide sur pied. La jeune femme hurla d’une douleur vive, bien que brève. L’articulation était juste démise, mais il n’avait pas lésiné sur son geste, le salopard. Il lui fit un bref sourire mesquin et l’attacha à un piquet ancré dans le sol. Le rouquin paraissait épuisé lui aussi, et c’est ce qui devait expliquer son manque de réaction, la lassitude blasée qui gagnait sur son ton arrogant quand il lui fit un speech sur le rôle qu’elle allait devoir jouer dès le lendemain en tant qu’esclave. Brièvement, il laissa entendre qu’elle passerait à la casserole –littéralement- si jamais elle ne se tenait pas à carreau, surtout au début. Voulait-il s’éviter des petits ennuis, celui-là ? A croire qu’il avait rempli son quota de tolérance face à la pire esclave-emmerdeuse (oui, c’était bien le seul composé avec « esclave » dedans qui lui plaisait un peu) qu’il avait jamais connu ? Et encore, t’as rien vu Feuilles d’automne, se promit-elle. « Feuilles d’automne ». Ca lui allait bien ça. Elle pouffa toute seule de rire.

Assez bavardé avec toi même, se dit-elle alors. Il est temps que tu dormes. Tu décideras demain si tu préfères vivre pour lui pourrir l’existence, ou mourir tranquille.

Le lendemain, alors que sa première mission était d’aller chercher du bois pour Feuilles d’automne, elle détaillait le visage des autres asservis d’un œil curieux, cherchant désespérément un signe de conscience, de vie dans ces êtres. La brune était sur le point d’abandonner lorsqu’elle croisa enfin un regard. C’était une jeune fille blonde, visiblement en trop bon état (et surtout trop lucide) pour vivre dans le Fort depuis bien longtemps : elle lui fit signe de s’agenouiller avec elle derrière un fagot de bois. Pas étonnant, il semblait bien à April que le rouquin avait prononcé quelque chose du genre « pas parler avec les autres ».

Salut ! chuchota-elle très vite. T’es pas un zombie !

La jeune blonde sourit et secoua la tête. Non elle ne l’était pas. Et elle parla ensuite très vite, lui expliquant brièvement qu’elles se feraient taper sur les doigts si des légionnaires les voyaient en train de discuter mais qu’il suffisait de trouver les bons créneaux pour communiquer entre esclaves. Il y en avait donc d’autres ?! Bien entendu qu’il y en avait d’autres lui répondit la jeune fille. Jill. C’est comme ça qu’elle s’appelait.

Bien vite, le choix de la brunette était fait, et une seule bride de conversation avec cette esclave la convainquit : elle allait vivre, elle allait faire des bêtise, être bizarre, intelligente, manipulatrice et tête à claque, l’enfer du Fort, la mort par intolérance et pétage de plomb aigu pour son geôlier ; en somme, être April, la Médée qui allait batailler jusqu’à retrouver sa liberté.

***

La vie par la suite fut aigre-douce. Autant avouer que la petite Médée n’y mettait pas du sien : elle faisait tout pour foutre le bordel en ayant pile poil le comportement, l’excuse, pour éviter de se faire corriger trop sévèrement. Et malgré tout, elle possédait quelques capacités en médecine qui lui valait, non pas un statu privilégié, mais une légère protection supplémentaire, car avec les techniques, proprement dites archaïques, merdeuses et quasi-inefficaces de la Légion, ses capacités étaient non seulement appréciées, mais surtout fort utiles. April se flattait d’être un peu une esclave de valeur.Tibérius était hors de lui, April jubilait. Cet état de demi-folie lui permettait de tenir le coup au fond car, bien qu’elle ait trouvé des alliés à manipuler pour monter quoi que ce soit qui soit interdit ou de l’ordre de l’insurrection, la pression morale était quasi insupportable. Les légionnaires brisaient proprement les esprits et la jeune femme compris bien vite pour quelles raisons certains, là depuis trop longtemps étaient dans cet état de latence. Etrangement, ce devaient être les esclaves natifs du Fort qui vivaient le mieux : après tout, ils n’avaient pas été forcés de s’abandonner eux-mêmes, cassés par les coups des légionnaires, ils étaient juste nés comme ça. Pas de regrets quoi. De plus, en leur qualité de natifs, il semblait qu’une plus grande confiance leur soit accordée, et donc plus de libertés (ils avaient le droit de discuter un peu : truc du malade). April les jalouserait bien parfois, mais vraiment non, elle préférait faire ses conneries : ces dernières valaient toutes les remontrances du monde grâce à la tronche de cake aux groseilles que faisait Feuilles d’automnes à chaque fois.

Il fallait admettre que l’accueillir chez lui avait été très mal avisé de sa part : une absence et hop ! sa tente était sans dessus-dessous. Parfois complètement retournée, parfois juste chamboulée dans son organisation habituelle. Evidemment, Tibérius s’énervait :

Mais c’est le ménage ! se justifiait-elle dans le premier cas.

C’était quand même moche comme c’était avant… , lui disait-elle d’un ton faussement investit dans le second.

C’était que Tibérius -au delà de ses muscles de brahmines, de son glaive de mâle et de son fusil (Une vraie merde ce truc, pensait-elle avec un œil expert)- était une vraie bonne femme maniaco-dépressive qui détestait qu’on touche à ses affaires.

A quoi bon prendre une esclave alors ? lui disait-elle dans ce cas. Si je te gêne, rend moi ma liberté pardi ! rajoutait-elle avant de faire la moue.

Evidemment, ça marchait pas. Ou serait donc l’amusement sinon ? April ne se gênait pas pour voler quelques affaires par-ci par-là, les cachant dans la tente même, sous-terre, là où personne ne serait venu chercher, même pas Feuilles d’automne.

Où est passé ce foutu sac, April ?! la gronda-t-il un jour.

Elle secoua la tête de façon innocente en déclarant qu’un type avec « trop de plume sur la tête » (Un décanus quoi, lui dit-elle devant son incompréhension) était venu le prendre. Le vétéran la menaça clairement que si elle mentait –ce dont il ne doutait pas-,il lui couperait un doigt. April fit semblant de s’évanouir et rit tandis que Tibérius sortait en demandant à tout le monde ou était passé ce sac. La jeune femme avait caché son contenu et jeté le sac au feu discrètement. Elle en riait encore en y pensant. Il n’avait qu’à pas partir en mission et ramener des trucs aussi lui, se dédouanait-elle.

Bref, c’était le quotidien, peu commun, pesant mais excentrique d’April. Mais ce jour-là, la fatigue devait assommer quelque peu se réflexion car son rouquin était parti en vadrouille, il devait revenir d’ici un ou deux jours, et la petite sauvageonne n’avait toujours pas trouvé d’idées farfelues pour le mettre hors de ses gonds dès son retour qu’il espérait comme paisible, tel ce fameux jour où il l’avait ramenée, lorsqu’il avait été si pressé de revenir dans son nid douillet. Seulement voilà, donc son nid, maintenant, il y avait la petite Médée. Pas de bol !

Quoi qu’il en soit, en ce jour, elle séchait complètement. Elle était debout dans l’entrée, le menton posé au creux entre son pouce et son index, réfléchissant vainement. Soudain, elle eut une idée : elle connaissait une plante qui piquait rageusement le nez lorsqu’on sentait ses spores de trop prêts, il lui suffisait d’en introduire dans le coussin de Tibérius et…

Dégage toi ! tonitrua une voix derrière elle, la coupant dans son idée débilement brillante.

Par les réflexes qu’elle avait acquis –les mêmes que ceux des autres esclaves-, elle se recroquevilla sur le côté, se jetant à terre avec de grands yeux aussi surpris que méfiants. Plusieurs légionnaires portaient un corps entre leurs bras, un corps qui semblait parfaitement inanimé.

Feuilles d’automne ? murmura April en redressant la tête vers le blessé.

Elle se glissa sans demander son reste entre les jambes des légionnaires et observa le corps couvert de sang. C’était bien son rouquin. Soudain abandonnée par son esprit malin et extravagant, elle examina d’un œil intelligent le vétéran. Brûlures sur le côté droit, de nombreuses contusions et plaies de petites envergures, armure enfoncée sur l’estomac, hémorragie interne, mais surtout, trou par balle dans le poumon… lista-t-elle rapidement.

Il s’en sortira pas, assura-t-elle comme pour elle-même.

L’espace d’un instant, elle se sentit un peu comme un fruit : mi-figue, mi-raisin. Il n’allait pas s’en sortir. Elle ressentait de l’inquiétude, beaucoup d’inquiétude. Il ne serait plus là. Un nœud se forma au creux de son estomac… Comment allait-elle faire sans son rouquin… C’est vrai quoi, ça lui faisait une protection de moins au sein du camp quand même. Eh crotte, se dit-elle. Elle était dans la panade.

La ferme l’esclave ! S’il meurt, tu seras tenue pour unique responsable ! Tu te vantes d’être douée pour soigner, c’est le moment de faire tes preuves si tu veux sauvez ta pauvre carcasse.

Oulala oui, ça sentait carrément le foin même ! Il fallait qu’elle fasse quelque chose, mais quoi pour qu’il vive ? Faute de pouvoir faire mieux, elle fit le nécessaire pour extraire la balle, mais le sang se rependait de plus en plus, commençait à couler de sa bouche.

Il faut le tourner sur le côté pour ne pas qu’il s’étouffe avec son sang, expliqua-t-elle aux légionnaires restés pour surveiller qu’elle ne tentait pas de le tuer.

Ironique situation, se dit-elle.

Elle se mit à genoux et œuvra du mieux qu’elle put et le plus rapidement possible pour éviter que le sang ne coule trop vite. Son armure fut enlevée, le sang épongé, la plaie nettoyée le plus vite possible. Elle remarqua qu’il devait avoir quelques côtes abîmées. Fort heureusement, ce n’était qu’une éraflure au poumon, ce qui lui laissait davantage de temps, mais la jeune femme savait que gagner du temps, dans le cas de cette blessure, n’aiderait pas Tibérius à survivre malgré ses efforts. Après avoir nettoyé la plaie, avoir fait le maximum pour lui laisser une –vaine- chance, April se redressa en s’asseyant sur ses talons repliés sous elle. Doucement, elle laissa choir ses mains ensanglantées sur ses cuisses, le regard perdu sur le faciès du légionnaire. L’air de la mort lui allait bien, il était bien plus beau –bien que bien moins rigolo- les traits relâchés par la fin de vie.

Je peux rien faire de plus, annonça-t-elle aux légionnaires. Il faut attendre maintenant.

Tous les hommes soupirèrent d’épuisement. Ils sortirent un à un de la tente et le dernier s’attarda pour prévenir April qu’elle devait le surveiller jusqu’à ce qu’il se réveille, ou qu’il meurt ; et ils viendraient régulièrement vérifier qu’elle ne s’était pas endormie, si c’était la cas, elle perdrait un à un ses membres, avant de perdre la vie. Elle acquiesça sans rien dire. Alors la petite sauvage resta calmement à côté de Tibérius. Elle s’assit, replia ses genoux contre sa poitrine, et les entoura de ses bras fins. Comme pour bercer la lente décrépitude d’un roux en jupe condamné, elle fredonna une chanson, se balançant légèrement d’avant en arrière pour ne pas avoir de fourmis dans les fesses. De ses yeux ocres, elle ne quittait pas Tibérius des yeux, délaissant ses autres blessures, bien minimes face à celle qui diminuait les battements de son cœur. Dans une autre vie, elle se serait probablement inquiétée pour lui, il aurait été adorablement détestable, elle l’avouait. Mais voilà, ce n’était pas une autre vie, clairement, et s’il mourrait, bien qu’elle serait dans la mouise, il n’aurait que ce qu’il méritait. Et vu son état, il allait avoir ce qu’il méritait.

Compatissante, elle voulut retracer pour lui sa vie, du moins, les moments qu’elle avait partagés avec lui étant donné que c’était les seuls aspects de sa vie qu’elle lui connaissait au final. Par conséquent, elle se mit à parler, à raconter, à lui dire combien elle le haïssait, et combien il la faisait rire à chaque fois qu’il la détestait. Puis, elle cita tout bas dans sa tête (on sait jamais, il pouvait très bien entendre quand même puisqu’il se décidait pas à crever), les moments où il avait fait preuve de gentillesse. Attention ! se dit-elle comme si elle parlait réellement à Tibérius. Faire preuve de gentillesse parfois ne signifie pas qu’on est par nature gentil ! Mais elle savait bien qu’il aurait peut-être pu être moins cruel si elle ne l’avait pas tant embêté pendant le voyage où il l’avait capturée. April avait appris à lire dans les individus, et désormais, elle savait reconnaître dans un regard, sur un visage, une personne bien d’une personne mauvaise. Tibérius aurait pu ne pas être mauvais, s’il n’avait pas été sans cervelle, légionnaire non-pensant et suiveur ; bref, tout ce qu’il était actuellement. Et dans cette histoire, elle ne l’avait pas aidé à montrer ses qualités, loin de là… Mais quoi, elle ne pouvait pas se laisser faire non plus !

J’aurais même pu me faire à la couleur de tes cheveux…, murmura-t-elle en passant le bout de ses doigt sur le torse nu et musculeux de son pire ennemi.

Elle regrettait seulement que ses yeux ne soient pas ouverts pour que l’homme puisse voir une dernière fois son expression « J’t’avais prévenu. ».

Je crois que j’aurais aimé voir tes yeux bleus encore une fois…, murmura-t-elle encore en touchant les brûlures qu’il avait au bras.

Elle tressauta tout d’un coup. Qu’est-ce qu’elle racontait encore ? Beurk, beurk beurk, il va croire n’importe quoi après et se moquer de moi, songea-t-elle soudain.

… Pour pouvoir te les fermer moi-même ! se rattrapa-t-elle en le fixant sévèrement. Après te les avoir vidés et… OH PUTAIN !!!

Subitement, elle fut éclairée d’une révélation. D’un bon, elle sauta sur ses pieds, courut vers le fond de la tente, poussa le coffre, étant lui même sur un tapis qu’elle souleva et entre deux pans de toile qui recouvraient le sol même, elle glissa sa main. En à peine quelques instants, elle trouva ce qu’elle cherchait et en eut une exclamation de joie : un stimpack, trouvé dans des affaires de Tibérius rapportées de missions et pas encore répertoriées. Elle se précipita vers le soldat et lui enfonça l’aiguille dans le poitrail. Une fois l’opération effectuée, April se laissa tomber à la renverse, sur le dos et rit en laissant quelques larmes couler de ses yeux. Il était sauvé, tout allait bien.

La jeune femme, soudain ravivée, entreprit de soigner les autres plaies moins importantes du légionnaire. Si elle n’était pas fatale, la blessure de son bras serait douloureuse si elle n’était pas un minimum soignée. De toute manière, avec ses côtes, -fêlées et non brisées selon elle-, tout déplacement serait douloureux dans les prochains jours.

Après quelques heures, Feuilles d’automne fit mine d’ouvrir un œil, puis l’autre.

Je suis mort ? demanda-il faiblement.

April eut un sourire insolent.

Tu croyais pouvoir te débarrasser de moi en mourant ? Non mais oh…

La petite sauvageonne éclata franchement de rire avant de se reprendre :

Sans rire, tu as tout fait pour y passer, seulement voilà, il fallait bien que je te sauve : on m’a clairement fait comprendre que je ne pourrais plus profiter de mon logement de fonction si tu mourrais.

Elle montra d’un coup de main la tente en disant cela. Puis elle ajouta :

Fais pas ta chochotte, tu connaitras la véritable douleur quand tu essaieras de te redresser. Au fait, j’avais craché sur ton oreiller avant que tu arrives pour faire ton cinéma de héros mourant.

Remplie de fierté avec sa position de force, elle ne se gênait pour le taquiner. Quel bonheur ! Néanmoins, elle continuait panser les brûlures de son bras avec un doigté efficace et léger, de suturer la trou dans sa poitrine, pour enfin laver son torse du sang poisseux qui collait encore à son torse. Il fallait admettre quand même que faire glisser ses mains sur les courbes marmoréennes et fermes de son corps n’étaient pas la pire des tâches qu’elle ait eu à faire. Tibérius quant à lui, la regardait d’un air mi-suspicieux, mi-enragé. Il y avait de quoi, mais April songea qu’il était préférable que la présence d’un stimpack dans l’affaire ne soit pas ébruitée à une autre personne qu’elle-même.

Comment tu as réussi à soigner ça ? demanda-t-il pourtant.

Oups!
Revenir en haut Aller en bas
Légionnaire
Tiberius Quintilius
Légionnaire
Tiberius Quintilius

Généralités
Légionnaire vétéran

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 72
☢ Nombre de messages RP : 18
☢ Date de Naissance : 08/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 02/02/2014
☢ Crédits : Moi-même
☢ Célébrité : Tom Hiddleston
☢ Doublons : Seth Graham
☢ Âge : 30 ans
☢ Lieu actuel : Fort Colorado
☢ Liens rapides : Profil du légionnaire
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Pillard ♦ -20

☢ Statut RP
: Fermé

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Mar 2 Sep - 0:51

Tiberius avait cette désagréable impression d'avoir trop dormi et d'avoir pourtant encore trop sommeil pour émerger. Ses paupières closes semblaient scellées pour le restant de son éternité, et enfermé dans cet état de torpeur étrange, il n'avait aucune notion du temps. Durant son douloureux périple, il était passé par diverses phases : d'abord le trou noir, sommeil profond qui lui avait permit d'échapper à la douleur brutale. Et puis il y avait eu les rêves. Parfois à peu près normaux, parfois carrément étranges. La plupart des souvenirs de ses petites histoires chimériques restaient floues, mais en ce moment de réveil difficile où réfléchir restait une activité fort désagréable et immédiatement jugée inutile par sa conscience, le légionnaire avait encore du mal à distinguer la réalité de son imaginaire.

Aussi, lorsqu'il fut confronté à l'air satisfait de l'une des personnes (encore vivante) les plus détestables de toute sa vie – et c'était un euphémisme, puisqu'April était sans doute LA personne la plus détestable dans son top-niveau mental – Tiberius n'eut qu'une envie : céder à nouveau à ce besoin de sommeil immédiat. Néanmoins, son cerveau rebelle jugea qu'il n'avait pas fait tout ces efforts pour rien, aussi le légionnaire se força t-il a articuler trois mots pour vérifier sa condition de vivant ou de fantôme perdu dans les abysses les plus profondes de l'enfer (ben oui, pour être accueilli par April, il fallait bien au moins ça...!). Sa question sembla plaire à la petite sauvageonne qui trouva son questionnement visiblement très drôle. S'en suivit une ribambelle de paroles sans doute inutiles que Tiberius ne jugea pas important de saisir en entier. D'après ce qu'il avait compris, il n'était pas (encore) mort, et April était en méga forme. Soupirant de désespoir, le légionnaire referma les yeux un instant pour s'apitoyer sur son sort et peser le pour et le contre dans cette lutte intérieure pour sa survie ou sa mort. Malheureusement pour lui, il lui restait encore trop de raison de vivre pour échapper aux emmerdes de ce petit cauchemar ambulant par la mort. Fort dommage au demeurant.

Admettant cependant qu'il était fort inutile de dépenser son 1% d'énergie à répondre aux idioties de l'esclave, il se contenta donc de penser très fort quelques insultes en espérant que la petite Médée les capte en pleine face. Il méritait bien qu'elle lui fasse au moins ce plaisir, non ? Puis finalement, après qu'elle eut fini son (habituel) cinéma d'emmerdeuse sur-excitée, April envisagea de s'occuper du reste de ses blessures. Pendant un court instant, Tiberius se laissa faire en silence. Il avait encore du mal à réfléchir, mais d'aussi loin qu'il puisse se souvenir, c'était bien l'une des premières fois qu'il revenait dans un état aussi lamentable au Fort en présence d'April. Il nota donc avec une agréable surprise que la jeune femme était plutôt douée pour ce genre de travaux médicaux, car même si la pauvre avait toutes les raisons du monde de le détester (il fallait bien l'admettre), elle s'exécutait avec soin et précision. N'ayant pas l'habitude que quelqu'un s'occupe de lui, Tiberius la laissa faire en laissant son esprit vasciller entre rêve et réalité. Cependant, il nota que plus les secondes passaient, mieux il se sentait.

Ca n'était certes pas la grande forme où il enchaînait les pompes au milieu du Fort en plein soleil, mais cette sensation de fatigue intense qui drainaient toutes ses forces l'instant d'avant semblait s'apaiser doucement. D'ailleurs, en se penchant davantage sur la question, il remarqua également que la douleur s'amenuisait. Il continuait de grimacer de douleur à chaque tentative de mouvement lorsque ses côtes le tiraillaient, mais il s'aperçut qu'il respirait déjà beaucoup mieux. Maintenant qu'il y pensait, sa guérison avait l'air si rapide qu'April n'était pas seulement habile mais plutôt surdouée. Alors lorsque la jeune fille en eut enfin fini avec ses bandages, Tiberius tenta – tant bien que mal – de se redresser légèrement. De là, il pu aisément constater qu'une telle régénération n'était tout simplement pas naturelle. Peu à peu, alors qu'il reprenait ses esprits en échappant au sommeil du mourrant, la solution lui apparu de plus en plus claire. April avait sans doute utilisé quelque chose qui n'appartenait pas à la Légion pour le soigner. Mais quoi ? Et surtout comment ? C'était la solution la plus insensée possible – et pourtant la seule rationnelle. Non, il était tout bonnement impossible que la petite esclave puisse avoir mit la main sur une telle technologie. Caesar en avait strictement interdit l'utilisation au sein de la Légion. Il était juste inconcevable que la petite Médée ait pu s'en procurer, de quelque manière que ce soit.

Soudain, une vague d'inquiétude s'empara du légionnaire. Et si c'était vrai ? Si April avait bel et bien réussi à mettre la main sur un tel objet ? Alors les défenses du Fort n'étaient pas aussi sûres que ce que Caesar le croyait. Les légionnaires se savaient tous à l'abri entre ces murs. Si quelqu'un ou quelque chose en venait à les contredire, c'était toute la Légion entière qui était menacée en une fois. Plissant les yeux d'un air suspicieux, Tiberius se sentit donc obligé de la faire parler avant d'affoler tout le monde. « Comment tu as réussi à soigner ça ? » Questionna t-il en posant une main sur la cicatrice qui restait de sa blessure déjà quasiement refermée. Il suffit au légionnaire de plonger son regard méfiant dans celui malicieux de la petite esclave pour comprendre que ses soupçons étaient fondés. « J'ai guéri beaucoup trop vite. » Continua le légionnaire en se redressant tout à fait pour venir s'assoir au bord de son lit, à la recherche de preuve. La tête lui tourna légèrement, mais il n'y prêta pas attention. L'inquiétude qui l'avait soudainement pris le poussait à trouver une réponse immédiatement. Et il lui suffit de baisser les yeux pour mettre la main sur la seringue vide dont la petite folle n'avait pas eu le temps de se débarasser. Sans un mot, il l'attrapa pour l'observer un instant en la faisant tourner entre ses doigts. C'était l'un de ces remarquables sérums qui aurait pu sauver la vie de Quintus quelques instants plus tôt, c'était ce même remède qui aurait pu sauver la vie de sa mère quelques années plus tôt aussi. Et voilà qu'ironiquement, alors que Tiberius avait respecté la volonté de Caesar en laissant ceux qu'il aimait mourir, cétait elle – cette petite folle qui s'appliquait tant à lui pourrir la vie – qui n'avait pas eu froid aux yeux et qui l'avait tiré d'affaire avec ce même objet après lequel le légionnaire avait toujours voulu courir. Sur le moment, il se sentait si intrigué par la chose qu'il ne put prononcer un mot, plongé dans un monde chimérique où il aurait eu l'occasion d'utiliser ce médicament si particulier.

Et puis soudain, la réalité rattrapa ses doux rêves. Maintenant que Tiberius était guérit, les autres légionnaires allaient se poser des questions. Ils leur faudraient peu de temps pour comprendre l'origine d'une guérison si rapide. Ils leur faudraient peu de temps pour comprendre qu'April avait désobéi à une loi primaire. Le vétéran comprit alors que non seulement ils allaient la tuer pour ça, mais en plus ils allaient la torturer pour savoir comment elle avait pu se procurer pareil ustensile. Quand à lui, il ignorait le sort qu'on lui réserverait. Il n'avait fait que subir toute cette histoire, mais Caesar était-il assez fou pour rétablir le juste ordre des choses et le faire mourir comme il aurait du ? C'était hypothétiquement possible. La force de la Légion était avant tout fondée sur sa rigueur. Les légionnaires ne pouvaient donc tolérer la moindre entorse à ses règles. Face à cette révélation, la colère et la panique s'emparèrent du légionnaire. « Mais tu es complètement folle ! » A défaut d'avoir l'idée de la frapper pour la punir, il la secoua comme un prunier. Non, il n'avait pas envie de la voir souffrir. Cette fois, il était juste dépassé par la folie dont la Médée du campement avait fait preuve. Elle avait pourtant fait preuve de tant d'intelligence pour survivre auparavant ! En un éclair irréfléchi, elle les avait condamné tous les deux. Tiberius se redressa soudainement pour envoyer la seringue se briser au sol un peu plus loin. « Qu'est ce qui t'as pris ?! Tu vas nous faire tuer ! » La petite esclave ne sembla pas comprendre une colère si soudaine, d'autant que les pensées du légionnaire restaient encore confuses, et la soudaine inquiétude qui l'avait prit ne l'aidait pas à retrouver son calme. Cependant, il fallait bien qu'elle saisisse que cette fois, elle avait dépassé les bornes. Tiberius n'avait pas la moindre idée de la façon dont il allait pouvoir réparer une telle dérogation à la loi de la Légion. Malgré la douleur qui irradiait dans son corps, il marcha vers la porte d'un pas rapide : il valait mieux tout avouer avant que l'histoire ne soit découverte. Ainsi ils auraient peut-être une chance de demander une dernière chance. Mais au dernier moment, le légionnaire revint sur ses pas avec la même hargne. Non, il valait mieux étouffer l'affaire. Si le moindre ébruitement avait lieu, ils allaient y passer tous les deux, c'était certain. Et plus le vétéran tentait de délibérer avec lui-même, plus il s'emmêlait les pinceaux et gesticulait de gauche à droite. Soudain, un autre légionnaire surgit dans la tente, suivit d'une petite esclave transportant un chiffon. Aussitôt, Tiberius se précipita sur lui, sans trop savoir s'il valait mieux qu'il l'assome avant qu'il ne comprenne quoi que ce soit, ou qu'il lui explique la situation en tentant de dédramatiser la chose.

Seulement, son camarade ne lui laissa pas le temps de sortir un mot ni même de lever le petit doigt. Il tendit la main vers l'esclave qui l'accompagnait et ordonna rapidement : « Donne ! » en regardant Tiberius d'un air sévère. Et sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit, le vétéran vit le légionnaire fondre sur lui, pressa le chiffon sur son visage pour le forcer à inhaler l'étrange breuvage dont il était imbibé. En quelques secondes à peine, le vétéran se détendit pour tomber dans ses bras. « Je t'avais dit de le surveiller ! » Gronda le légionnaire à l'attention d'April tout en replaçant Tiberius sur son lit. « Si la fièvre le fait délirer c'est qu'elle est trop forte ! Tu es prévenue ! Tu as intérêt à ce qu'il s'en sorte ou tu sais ce qu'il t'arrivera la Médée ! »

S'en suivit un étrange rêve psychédélique pour le moins particulier. A son réveil, Tiberius était complètement déboussolé. L'esclave avait peut-être un peu trop surdosé son chiffon de calmant bizzaroïde. Il lui fallu dix bonnes minutes avant de savoir où était le bas du haut. Une fois ce premier repère élémentaire fait, il tenta de rassembler ses idées. L'opération fut douloureuse pour ses quelques neurones survivants. Mais lorsqu'en un éclair, le souvenir de la seringue de stimpack lui revint, Tiberius se réveilla brutalement tout à fait. Il força son corps à se redresser malgré le hurlement – strident – de toutes ses cellules et chercha April du regard. Elle n'était plus là. Une multitude d'insultes originales lui passa alors par la tête. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Elle avait intérêt à lui expliquer cette mauvaise blague. Si s'en était une, il lui couperait un doigt et le donnerait comme jouet pour les chiens à cette infernale ! Voilà qui lui servirait bien d'exemple. Mais cette dernière question qu'il refusait de se poser et qui pourtant ne cessait de lui éfleurer l'esprit le força à se lever tout à fait. Etait-elle déjà morte ? L'idée même de retrouver son petit corps crucifié devant la tente lui remua les entrailles.

Il ignorait encore pourquoi, mais malgré les 1001 raisons que la petite esclave lui avait donné de la tuer, Tiberius ne pouvait toujours pas s'y résoudre. Il avait déployé tant d'efforts pour la sortir de ses mauvaises passes depuis le temps, qu'une mort aussi brutale aurait été terriblement injuste. Oui, c'était vrai, il était presque en train de s'inquiéter pour cette pauvre folle. Après tout – et malgré tout – Tiberius était bien forcé d'admettre que cette petite esclave avait quelque chose de spécial. Il était celui qui l'avait ramené au Fort. Peut-être – au plus profond de lui – se sentait-il coupable de son malheur et tentait-il de se racheter en veillant plus ou moins sur elle ? De toute façon, selon lui, il n'avait pas d'explication à fournir. La plupart du temps, il se disait surtout qu'elle n'avait pas assez souffert pour mériter la mort. Mais cette fois-là, c'était différent. Sérieusement inquiet, il n'était pas sûr lui même de la façon dont il réagirait si Quintus et April mourraient l'un après l'autre.

Mais à peine avait-il repoussé la tente d'un geste brusque qu'un légionnaire vint à sa rencontre. Méfiant pour le coup qu'on lui avait fait la première fois, Tiberius tenta de l'esquiver mais se contenta surtout de tituber. Le légionnaire le rattrapa et tenta de le rassurer. « Le decanus Manius voudrais te voir. Tu ne devrais pas trop forcer Tiberius. Tu es dans un sale état. » L'inquiétude lui serra à nouveau le cœur. « Qu'est ce qu'il veut ? » Demanda le vétéran d'une voix un peu trop angoissée. Le légionnaire-béquille eut un air surpris et se contenta de répondre en haussant les épaules : « Tu l'as sortit d'un beau merdier. Je suppose qu'il souhaite te remercier. » Tiberius hocha la tête, seulement à moitié soulagé. « Où est April ? » Inutile de tourner autour du pot plus longtemps. Il devait savoir ou il deviendrait fou à la seconde suivante. Le légionnaire lui répondit de la plus banale des façons, pointant un doigt vers la petite esclave qui semblait s'occuper avec le bois « Là-bas. Elle a fait du beau boulot. » Commenta t-il en admirant les bandages du vétéran. Enfin, Tiberius posa les yeux sur la petite Médée qui lui avait causé tant de soucis en si peu de temps. La petite créature semblait se porter pour le mieux, avec son même petit air agacé et rebelle que d'habitude. Soudainement prit d'un immense soulagement, il se contenta de murmurer brièvement. « Oui oui. » Si seulement il savait... Avec cette délivrance morale subite, le vétéran fut prit d'un vertige. « Eh, est-ce que ça va ? » S'inquiéta le légionnaire à ses côtés. Réprimant un rire nerveux, Tiberius lui assura qu'il pouvait se débrouiller. Finalement, le bonhomme – bien que légèrement septique – accepta de le laisser seul.

Un large sourire amusé éclaira alors le visage du vétéran. Bien sur qu'elle était vivante. Cette petite Médée avait bien plus d'un tour dans son sac. Qu'est ce qui lui avait prit de s'inquiéter comme ça ? Avait-il déjà oublié toutes ces fois où elle l'avait malicieusement fait tourner en bourrique ? Lui et tous les autres aussi d'ailleurs. Il était clair et limpide que la petite esclave n'avait pas froid aux yeux. Attrapant quelques bout de bois – et mettant le bazar dans le petit tas architectural que les quelques esclaves qui s'occupaient de la tâche s'étaient appliqués à construire au passage – Tiberius disparu dans son coin. Il jeta d'abord négligement les brindilles dans un coin derrière la tente où on l'avait allongé, puis retourna chercher les preuves à l'intérieur : les débris du stimpack qu'il avait envoyé dans un coin étaient toujours là. Un nouveau sourire étira ses lèvres. Ils avaient sacrément eu de la chance sur ce coup. Il s'occupa donc de ramasser rapidement les morceaux et se dépêcha de les ajouter aux morceaux de bois auquel il mit le feu.

C'était ainsi assis sur une caisse, à observer les flammes doucement consumer l'objet de sa survie que Tiberius repensait aux évènements. Certaines questions restaient tout de même en suspens : Comment April s'était-elle procuré cet objet ? Et pourquoi l'avoir utilisé pour lui sauver la vie ? En réfléchissant un peu, lui n'aurait sans doute eu aucune pitié pour un ennemi blessé. Or, c'était bien ce qu'il était à ses yeux – un ennemi – non ? Qu'est ce qui avait bien pu passer par la tête de cette petite folle pour oser prendre de tels risques ? Cela commençait à faire un petit moment que Tiberius cotoyait l'esclave, et pourtant cette petite louve restait encore pleine de secrets. Finalement, la seule réponse qui prit sens aux yeux de Tiberius fut qu'April était en proie au syndrome de Stockholm. C'était la seule explication viable. D'ailleurs, cette réponse le faisait doucement sourire. Peut-être qu'un jour l'envie de le faire chier matin-midi et soit en viendrait même à lui passer ? Après tout si elle était prête à mourir dans d'atroces souffrances pour lui sauver la vie, elle devait bien être capable de se passer de lui pourrir la vie aussi, non ? L'idée même qu'un tel espoir puisse être possible redonna le sourire au légionnaire pour le reste de la journée, malgré le deuil de son ami récemment perdu.

*

Cela faisait plusieurs jours, et Tiberius n'avait toujours pas revu April depuis son retour au Fort. Pourtant, mille et une questions lui brûlaient l'esprit chaque seconde. Il en était venu à monter tout un tas de théories folles et il ne se passait plus une minute de son temps libre sans qu'il ne repense à ce qu'April avait fait. Ce terrible désir de comprendre, le légionnaire avait donc décidé de l'assouvir ce soir là. Il en avait assez de se méfier de tous les esclaves, se demandant quel autre genre d'objets ils pouvaient bien cacher. Si la menace était sérieuse, le vétéran ne pouvait délibérement pas mettre tout le Fort en danger sous la simple excuse de protéger April – excuse qui n'en était pas une, qui plus est.

Aussi, Tiberius avait-il guetté les agissements de la petite esclave toute la journée. Il la gardait discrètement à l'oeil depuis sa guérison, mais n'avait remarqué aucun mouvement louche de sa part. Peut-être prêtait-elle justement attention à ne pas se faire remarquer après avoir autant exposé son petit jeu de trafiquante ? Ou peut-être les accusations de Tiberius étaient-elle sans fondement ? Il n'avait quand même pas inventé ce stimack, si ?! Au fil de ses réflexions, il commençait même à en douter. Peut-être que tout ceci n'avait été du qu'au délire de la fièvre ? … Non, il n'inventait quand même pas sa guérison miracle ! Guérison qu'il continuait d'ailleurs de cacher aux autres de ses collègues, prenant soin de s'occuper de ce pansage lui-même, prétextant que la douleur était trop insupportable quand quelqu'un d'autre que lui ne s'en chargeait.

Finalement, alors que le soleil commençait à s'abaisser, que les ombres s'allongeaient et que les feux s'allumaient un peu partout dans le campement, Tiberius profita du crépuscule pour lancer son attaque. L'interrogatoire allait enfin avoir lieu, et cette fois, cette petite maline n'aurait aucun échappatoire jusqu'à ce qu'elle lui fournisse enfin ses réponses. Le vétéran était tranquillement assis sur un rondin de bois négligement abandonné auprès d'un feu pour servir de siège lorsqu'il repéra le bon moment. April venait de quitter le petit groupe d'esclave avec qui elle avait travaillé toute la journée. Tiberius n'avait pas osé l'apporcher à ce moment là : d'un, il aurait pu paraître étrange aux yeux des autres légionnaires que le vétéran veuille parler à cette pauvre folle qu'il détestait tant d'ordinaire, et de deux, d'autres esclaves auraient pu les entendre parler du stimpack. Non, il fallait un endroit isolé, où personne ne pourrait les surprendre ou les interrompre. La petite Médée n'avait même pas eu le temps de remarquer le légionnaire qu'il était déjà sur elle. Il l'attrapa fermement par le bras sans un mot et l'entraîna un peu plus loin, en dehors du passage et de la vue de tous. Lorsqu'enfin ils furent en lieu sûr, Tiberus la relâcha mais s'interposa entre elle et la sortie de la tente. « Toi et moi, il faut qu'on parle. » Déclara t-il seulement d'un air grave devant le regard un peu éberlué de la petite esclave. Et sans tourner autour du pot, le légionnaire croisa les bras et lui jeta un regard sévère avant de commencer son interrogatoire. « Qu'est ce qui t'as pris ?! » Commença t-il d'une voix sèche. Mais comme la petite esclave ne comprenait toujours rien (ou faisait comme si ?) à la situation, Tiberius l'éclaira : « le stimpack. » déclara t-il simplement, agacé que la maline trouve drôle de jouer l'ignorante. Le simple fait de prononcer ce mot le rendait nerveux, dans le simple cas où quelqu'un entendrait leur conversation. « D'où est-ce que tu le sors ? » Questionna alors le vétéran d'une voix pressante, impatient d'entendre la jeune sauveageonne s'expliquer.
Revenir en haut Aller en bas
Esclave
April Twist
Esclave
April Twist

Généralités
Twist & Slave

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 69
☢ Nombre de messages RP : 16
☢ Date de Naissance : 06/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 18/01/2014
☢ Crédits : Moi!
☢ Célébrité : Keira Knightley
☢ Doublons : Gabriella Ferrera
☢ Liens rapides : Fiche
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Voyageur ♦ +10

☢ Statut RP
: Ouvert

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Mar 2 Sep - 17:17

Si April s’était crue quelques instants en très mauvaise position lorsqu’elle avait dû soigner Tiberius ou mourir, elle se sentait encore davantage en danger face à Tiberius lui-même, en proie à une inquiétude grandissante qui ne lui allait guère au teint. La petite sauvageonne lisait dans ses yeux l’expression d’une crainte grandissante qui, telle une maladie incurable et contagieuse, s’étendait peu à peu de ses iris au reste de son visage, jusqu’à faire trembler ses mains – ou bien était-ce la fièvre qui causait ces tremblements ? Quoi qu’il en soit, la brunette ne se sentait absolument pas rassurée face à cette expression craintive, si peu coutumière sur ce visage qu’elle avait toujours vu dur, sévère, souriant (mais si c’était d’un sourire tordu qu’elle adorait détester) et arrogant. April le voyait tel ces animaux puissants, mais extrêmement dangereux lorsqu’ils avaient peur : ils sont capables de faire n’importe quoi sous la pulsion de l’instinct de survie. S’il me tue maintenant alors que je lui ai sauvé les fesses justement pour ne pas crever, je le tue, se promit-elle.

J’ai guéri beaucoup trop vite, assura le légionnaire.

April ouvrit de grands yeux et secoua sa main de droite à gauche rapidement, en plissant le nez, l’air de dire : « Heu bof bof, couci-couça. ». Alors, le vétéran se redressa et dans un réflexe médical, April leva les mains pour qu’il reste immobile sur son lit. Mais bien aveugle, ou désintéressé des recommandations de l’esclave, il se leva et tourna ses yeux dans tous les sens afin de chercher quelque chose…

Zut, se dit la jeune femme. J’ai oublié de cacher la seringue !

Alors elle se pétrifia, écarquilla ses grands yeux ocres, cessa même de respirer en priant pour qu’il ne porte pas son regard vers la seringue, discrète mais bien présente, au sol. Bien entendu, avec son instinct de lynx, le rouquin ne mit pas longtemps à repérer l’objet du crime – oui parce que c’était quand même un crime contre l’amour propre que de sauver de la mort son geôlier, heureusement que c’était pour se sauver elle d’abord ! Les gestes de l’homme avaient été précipités, confus par la faiblesse encore vivace, toutefois lorsqu’il posa son regard azur sur la seringue, il sembla s’immobiliser. Lorsqu’il se pencha pour la ramasser, ce fut avec une lenteur extrême. April gardait sur lui un regard toujours aussi intense, suivant minutieusement le moindre de ses mouvements, épiant avidement le moindre changement d’expression qui pourrait annoncer l’arrivée d’un coup imminent. Elle restait assise par terre, à côté du lit, les jambes sur le côté, les mains posées au sol, les bras tendus comme ceux d’une lionne prête à bondir au premier signe louche. Mais Tiberius ne semblait pas emprunt de violence à cet instant : il joua quelques secondes avec la seringue puis perdit son regard dans le vide. Elle ne comprit pas exactement ce à quoi il devait bien penser, mais elle était persuadée que cela n’annonçait rien de franchement sympathique. Et pour cause, la petite sauvageonne sentit son cœur se remplir du froid sentiment du drame, tel un iceberg qu’on aurait laissé tomber lourdement dans un ventricule.

Mais tu es complètement folle ! vociféra-t-il. Qu’est ce qui t’a pris ?! Tu vas nous faire tuer !

Ah ben là c’est le pompon, se dit l’esclave. Je le sauve et il me crie dessus. Pour les remerciements on repassera. Dans un éclair de colère qui avait suivi l’ahurissement, le légionnaire lança brutalement la seringue à l’autre bout de la pièce, les yeux hors de leurs orbites, les lèvres remontées sur ses dents. April se leva en fronçant les sourcils. Là, elle n’était pas contente et elle refusait de se laisser intimidée : elle croisa les bras sur sa poitrine et resta bien plantée sur ses pieds pendant que Tiberius allait de digressions réprobatrices en spéculations tragiques. Il disait n’importe quoi et April lui aurait ri au nez si elle n’avait pas été si énervée. Il croyait quoi celui-là ? Que les autres allaient reniflé sur lui l’odeur du stimpack ou quoi ? C’était quand même pas bien compliqué de jouer la comédie quelques jours pour faire semblant de guérir à allure normale. Point barre. Pourquoi il s’excitait comme ça, lui ? C’était quand même fort ça ! En outre, elle ne s’était pas embêtée, faite menacée, n’avait pas pris de risques pour se voir mourir avec Tiberius. Non mais, elle espérait bien mourir après lui ! Pff, se dit-elle. J’aurais mieux de garder ça pour un esclave qui en aurait eu besoin, ou pour moi-même ! Vraiment, ce type la désespérait. D’ailleurs, le voir dans cet état effaça sa colère pour laisser place à la pure compassion. Ca devait être dur d’être limité à ce point. Si elle avait vraiment tenu à lui d’une quelconque façon inimaginable, elle lui aurait souhaité qu’il ne se rende pas compte de sa bêtise. Mais bon, c’était un sale légionnaire en jupe qui avait cru qu’elle pouvait être sa propriété, alors honnêtement, elle ne pouvait rien lui souhaiter de bon un jour.

Soudain, Feuilles d’automne se précipita vers la sortie de la tente d’un pas mal assuré. April haussa les sourcils de stupeur et lui attrapa le bras pour le retenir. N’arrivait-il pas à comprendre que pour jouer la comédie, il fallait qu’il reste au lit et non sortir pour voir ses potes l’air de rien ? Ah ben oui, il doit pas se rendre compte qu’il est bête, se confirma-t-elle, sans se rendre compte qu’elle n’avait pas fait par de son plan à voix haute tellement il lui semblait évident, alors que le légionnaire était totalement à côté de la plaque. Puis d’un coup, sans crier gare, le rouquin fit demi-tour, ne paraissant même pas s’être rendu compte qu’April l’avait agrippé. Il était vraiment dans le coltard.

A peine eut-elle le temps de soupirer de soulagement que le pan de la tente se souleva. La petite sauvage fut tellement surprise qu’elle resta debout, à fixer le légionnaire, sans craindre un instant que son comportement pourrait être pris pour de l’insubordination. Puis, peu lui importait au fond : ce n’était pas la première ni la dernière fois qu’elle se prenait un coup pour insolence récurrente.

Donne ! ordonna brutalement le nouveau venu à l’esclave qui l’accompagnait.

Tiberius, qui s’était jeté à la rencontre de l’autre légionnaire, fronça les sourcils et sans arrêter son mouvement, sembla vouloir faire un demi-tour. Néanmoins, l’autre, bien plus rapide que lui –et surtout plus en forme- lui colla le torchon sur le nez. En l’espace d’un instant, le rouquin s’affala dans les bras de son camarade, les yeux révulsés.

Je t’avais dit de le surveiller ! Si la fièvre le fait délirer c’est qu’elle est trop forte ! Tu es prévenue ! Tu as intérêt à ce qu’il s’en sorte ou tu sais ce qu’il t’arrivera la Médée !

L’homme sortit et April se rendit compte que c’était à elle qu’étaient dévolues ces menaces.

Mais ils vont arrêter un peu tous ! s’écria-t-elle seule. Personne ne pige jamais rien ici de toute façon !

En soufflant, April s’agenouilla de nouveau devant Feuilles d’automne et toucha son front. Certes il était un peu chaud mais le stimpack paraissait avoir fait son effet. C’est qu’il n’avait pas l’habitude de faire tant travailler ses méninges, pauvre homme. Néanmoins, elle trempa un linge dans une bassine d’eau claire et lui déposa sur le front. Elle regarda alors sous les pans de la tente : il semblait que l’aube ne soit plus très loin, mais elle avait le temps de se reposer un peu. Alors elle s’allongea à côté du lit du roux et s’endormit quelques malheureuses heures.

***

La petite sauvage se réveilla juste à temps pour aller travailler. Elle piqua un bout de pain et un fruit sur une table de la tente de Tiberius –il les lui devait bien-, les enfourna rapidement et sortit pour accomplir sa besogne.

T’as une sale tête, lui murmura Jill –devenue sa grande amie.

J’ai du soigner Feuilles d’automne cette nuit, lui expliqua discrètement April. Il m’a énervée en plus.

Quoi ? s’étonna Jill. On dirait que tu t’es inquiétée pour lui !

Jamais de la vie ! réagit vivement April. Je veux plus le voir, c’est tout.

Jill rit de cette phrase, et du comportement de la petite sauvage en général : elle agissait et penser souvent à contre-courant, comme si elle avait encore le choix. Toutefois, malgré la dite privation du libre arbitre, April parvint à éviter de croiser son ennemi pendant trois jours.
Le pire c’est qu’elle le voyait de loin parfois et il lui paraissait bien qu’il lui jetait des regards insistants. Ca c’était plutôt mauvais signe. Il voulait encore lui faire quelque chose de pénible ou la sermonner à n’en plus finir. Bof, après tout ce n’est pas comme si elle écoutait, mais elle devait faire semblant, et c’était fatiguant. Il lui était d’ailleurs bien plus agréable de déplacer –et déranger- les fagots de bois que les esclaves manipulaient. Vraiment, elle n’en pouvait plus de lui et de son ingratitude. C’était certain, la prochaine, qu’elle soit menacée ou pas, elle le laissera crever dans son sang. Elle lui raconterait des blagues en le regardant mourir, en le voyant la supplier de faire quelque chose, d’utiliser son ingéniosité pour lui. Il n’en est plus question ! se jura-t-elle. C’était fini le temps où elle lui rendait des services. Finito ! Chacun chez soi, et les brahmines seront bien gardées ! Elle ne passait plus par sa tente, y restait loin et elle voyait parfois Tiberius, debout, les bras croisés, à la regarder l’air de dire « Viens ici, maintenant. ». Cependant, elle se détournait bien gentiment, le laissant évidemment comprendre qu’elle l’avait vu, mais qu’elle refusait de se bouger. Le soir, elle regagnait directement la tente miteuse réservée aux esclaves. Elle détestait dormir là-dedans : ca sentait mauvais, mais pas aussi mauvais que l’effet de la présence du rouquin près d’elle ! Non vraiment, là, elle boudait.

En fait, jamais les fagots de bois n’avaient été si intéressants, et pour cause, le troisième jour, elle rencontra une étrangère, une raideuse importante si elle avait bien saisi : une certaine Cal. Celle-ci, bien que particulière, lui avait redonné un semblant d’espoir, car elle entendait bien qu’elle la libère, ou du moins qu’elle l’aide à s’échapper un jour. Quoi qu’il en soit, elles avaient mis au point un possible trafic qui permettrait aux esclaves de se soigner et peut être bien de pouvoir un mieux se nourrir. Certes, ça n’était pas grand chose si le but était de s’enfuir, mais April avait bon espoir de réussir à tirer la barque dans son sens et de pouvoir peut être parler d’armement un de ces jours. Après tout, elle était marchande, et très douée de surcroît. Il lui suffisait en retour de fouiner un peu, de laisser traîner une oreille par-ci par-là et de tout dire à l’étrangère. Jusque là, c’était prometteur.

C’est ainsi qu’elle se dirigeait vers le dortoir dégoutant des esclaves. De bonne humeur, dans le crépuscule doux qui soulageait l’air lourd de l’après midi ardente, elle marchait, voire sautillait, de bonheur à l’idée de mettre enfin un véritable plan à exécution. Elle serait leader d’un mouvement clandestin, se battant de nouveau pour retrouver sa vie, les autres la suivraient – elle manipulerait ceux qui ont trop peur, il est simple de perdre sa peur lorsqu’on est entrainé par un mouvement de masse. Tout d’un coup, tout semblerait plus simple, moins difficile. Alors elle fredonnait tranquillement lorsque subitement, un bras ferme et puissant la tira hors du chemin.

L’obscurité ne lui permis pas de voir la tête de son agresseur et bien qu’elle tira sur son bras emprisonné, cela ne semblait pas déranger son kidnappeur le moins du monde. L’homme l’entrainait vers un coin isolé et sombre, dans lequel le passage et peu –trop peu- fréquent.

Oh non ! se dit-elle. Il va me violer ! Oh mon dieu, oh mon dieu, tout mais pas ça ! Je préfère me faire frapper ! Je préfère même devoir masser les pieds de Tiberius si il le faut vraiment ! Je préfère devoir arrêter de le bouder !

C’était ça, c’était certain, il l’emmenait dans une tente. Une fois à l’intérieur, il la propulsa devant lui pour qu’elle se retrouve au milieu et lui devant la sortie. Paniquée elle se retourna et vit avec surprise Tiberius. D’abord très surprise, sa crainte s’évapora. Oh c’est que lui, pensa-t-elle. Ben normal en même temps, quand il s’agit de kidnapper il est toujours là, c’ui-là… Oula ! Sauf si c’est lui qui veut vraiment me violer !

Toi et moi, il faut qu’on parle, dit-il gravement, ses bras musculeux croisés sur son poitrail.

Ah ouf ! murmura-t-elle, rassurée.

Qu’est-ce qui t’a pris ?!

April le regarda d’un air innocent –et pas feint pour une fois-, ne comprenant pas de quoi il s’agissait. Oh si ! Il savait peut-être pour le trafic ! Cal l’avait trahie, elle l’avait prévenue et il était la pour tout savoir et la tuer !

Le stimpack, précisa-t-il comme passablement énervé.

Aaaaaahhhh… Il était encore là-dessus ? Il devait bien s’ennuyer dans sa vie lui.

D’où est-ce que tu le sors ? demanda-t-il sévèrement.

April ouvrit la bouche comme pour parler puis se pétrifia. Oups, se dit-elle. Elle avait d’abord cru qu’il allait lui dire qu’elle était folle de l’avoir sauvé avec un stimpack –ce à quoi elle allait répondre que, c’était entendu, la prochaine fois, elle le laisserait mourir-, mais en réalité, là n’était pas la question : il voulait savoir où elle l’avait obtenu.

J’crois que je dois y aller, lui dit-elle l’air de rien en voulant passer à côté de lui pour sortir (et courir).

Seulement le légionnaire écarta un bras puissant devant elle, lui barrant le passage avec détermination.

April…, dit-il en fronçant les sourcils.

Elle leva un doigt et le posa sur la blessure au bras du vétéran :

Si tu m’embêtes, j’appuie ! le menaça-t-elle.

April ! répéta-t-il plus fermement avant de la replacer devant lui.

La petite sauvageonne baissa des yeux penauds. C’était moins dramatique de lui avouer qu’elle avait piqué le sac, plutôt que de devoir parler du trafic après tout. Mais quand même, elle savait que ça n’allait pas lui plaire et que ça allait encore être un moment désagréable à passer.

Heu ben tu sais…, commença-t-elle en baissant les yeux sur ses ongles. Je t’avais dit que le centurion était venu prendre un sac que tu cherchais, et en fait… le centurion c’était moi…

Elle leva les yeux vers les siens et s’aperçut qu’au lieu de voir la colère qu’elle s’attendait à prendre de plein fouet, elle lut une totale incompréhension. Qu’il était long à la détente parfois, lui…

C’est moi qui ai pris le sac, je veux dire, expliqua-t-elle.

Pour le coup, la colère s’insinua dans les prunelles de Feuille d’automnes. Il recroisa ses bras en fronçant les sourcils de nouveau, la bouche tordue en un rictus mécontent. Le problème restait que le vétéran allait probablement la punir, mais cela, ce n’était qu’un détail, car il allait chercher à savoir ce qu’il y avait d’autre dans ce sac, ou est-ce qu’elle l’avait caché –ce qui impliquerait qu’il allait trouver sa cachette pourtant si chouette- ect. Alors, avant qu’il ouvre la bouche pour la sermonner, elle s’agrippa à ses bras croisés qui lui arrivaient sous le menton et leva un regard intense vers les siens.

Mais il a été utile ! se justifia-t-elle. Tu serais mort sans ça ! Tu pourrais au moins me remercier ! Je m’étais dit qu’il pourrait me servir un jour vu toutes les fois où je me fais taper dessus ! Puis il y avait de la nourriture aussi ! J’en avais besoin, d’autres esclaves affamés en avaient aussi besoin ! Il n’y avait pas d’armes, tu le sais, le sac était bien trop léger pour en contenir une !

Pour finir son petit discours, elle agrandit encore ses yeux, et fit une petite moue. Alors là, si ça marchait pas, c’est qu’elle n’était pas April Twist.

D’ailleurs, pour me remercier, tu devrais me permettre de dormir dans ta tente tout le temps ! Regarde un peu ce qu’il se passe quand je suis avec toi ! Sans moi, tu n’aurais eu accès qu’à une médecine archaïque qui t’aurait probablement fait plus de mal que de bien ! C’est pas ma faute si vous êtes tous coincés avec ça ! Puis personne ne saura que je l’ai utilisé et maintenant j’en ai plus… La tente des esclaves elle sent pas bon…

Elle faillit rajouter « même si tu n’y es pas. », mais fallait pas pousser. A cours de mots pour s’expliquer, et priant secrètement que ça suffira, elle continua de fixer le légionnaire, les mains toujours agrippées à ses bras, le visage tendu vers le sien, sur la pointe des pieds. Tiberius sembla quelque peu troublé, comme tenté par deux manières de réagir, ou perturbé par le comportement de la petite louve. Puis finalement, il cligna des yeux, et fronça derechef les sourcils.

Tu te fous de ma gueule ?! s’écria-t-il.

Bon, ça n’a pas marché, se dit April. Pourtant, Tiberius décroisa les bras, laissant les mains de la brune y glisser jusqu’à retomber sur ses flancs, souffla et regarda autour de lui quelques instants, avec ce même regard vide qu’il avait eu en faisant tournoyer la seringue du stimpack dans ses doigts. Puis il se passa la main dans les cheveux et baissa de nouveau ses yeux vers la jeune femme qui lui faisait face. Il la regarda quelques instants, l’air songeur, puis lança tout simplement :

Ne te détrompe pas, toi aussi tu sens pas bon.

Il eut un léger sourire puis il tourna les talons et sortit de la tente.

Enfoiré, dit April dans le vide. Bon, je suppose que c’est non pour la tente.

Au moins, elle était parvenue à se disculper et à éviter qu’il fouine partout. Elle inspira profondément et sortit de la tente à son tour.

***

Le lendemain matin, April dut se rendre dans la tente de Tiberius : son armure avait été abîmée dans la dernière bataille et la petite sauvageonne devait tenter de la restaurer. Elle n’avait aucune idée de la façon dont elle allait se débrouiller d’ailleurs, mais bon. L’air était assez frais ce matin-là et c’est de bonne humeur qu’elle sortit de la tente à l’odeur nauséabonde des esclaves crasseux. Cependant, lorsqu’elle entra dans la tente de son kidnappeur, son sourire s’affaissa immédiatement.

Elle ne pouvait répertorier le nombre d’insultes qui lui venaient à cet instant, mais quoi qu’il en soit, elle était bien trop éberluée pour prononcer un seul mot. Tiberius était assis sur un siège, le coude posé sur un accoudoir, le menton négligemment posé dans sa main. Il la regarda directement dans les yeux à son arrivée, comme s’il avait pisté son regard alors même qu’il ne pouvait pas encore la voir, un léger sourire flottant sur son faciès.

C’est vrai que tu n’avais pas grand chose…, louvaya-t-il.

April, totalement estomaquée, fit un va et vient entre la pile de nourriture aux pieds du vétéran et le coffre déplacé sous lequel se trouvait sa cachette.

Tu sais, on m’a appris à repérer les traces suspectes ici, ajouta-t-il. Et malheureusement pour toi, tu n’as sûrement pas eu le temps de les effacer la dernière fois. Tu étais fatiguée ou quoi ?

Putain de salopard.

Malgré sa rage infernale, April s’estima heureuse qu’il n’y ait rien eu d’autre que de la nourriture dans sa cachette ce jour-là.

Je ne veux plus que tu voles, April, lui dit-il avec une étonnante douceur. Si quelqu’un le découvre, tu mourras.

Non mais pour qui se prenait-il ?! Comment pouvait-il être aussi con, aussi cruel et vicieux ?! Elle se vit se jeter sur lui de tout son corps, lui arracher l’oreille, l’étrangler avec ses doigts frêles, lui déchiqueter la jugulaire avec les dents. Des larmes ardentes de fureur coulaient de ses yeux rougis par la haine.

Vous n’avez qu’à nourrir vos esclaves plutôt que des les laisser mourir de faim ! explosa-t-elle. Ca vous éviterait de devoir en changer tous les quatre matins et de pourrir la vie de centaines de gens qui ont rien demandé !

Peu importait si elle était insolente, si ce qu’elle disait lui vaudrait la perte de sa protection, elle s’en foutait, elle avait juste les nerfs à vif et tout ce qui comptait, c’était de faire baisser la tension pour ne pas lui sauter directement à la gorge. Hors d’elle, elle sortit en trombe, la vision rouge de colère. Elle courut, voyant flou derrière ses larmes puis tout d’un coup, elle trébucha sur quelque chose. Se retrouvant à terre, la respiration provisoirement coupée, elle retint un gémissement de douleur : la peau de ses mains et de ses bras étaient complètement arrachées tant la chute fut violente. Lorsque la petite sauvage se retourna, elle vit un légionnaire qui la surplombait, debout à côté d’elle. C’était son croche-patte qui l’avait faite tomber. L’autre tête de veau qui l’accompagnait rit à cœur joie. Ils devaient bien s’ennuyer pour rire de ça. C’était le genre à attendre impatiemment qu’un esclave fasse une erreur pour le corriger immédiatement et y prendre du plaisir.

Qu’est-ce que tu fous à courir comme ça toi ? tonna-t-il, le regard barbare.

De toute façon, j’ai l’impression qui si je me cure les ongles, on me menace de me tuer… lança-t-elle, dénuée de raison.

Alors l’homme eut un rictus mauvais, le mâle était blessé dans son orgueil. Comment avait-elle osé cette petite pute, de lui parler comme ça, hein ? Qu’elle s’excuse ! Immédiatement ! Mais April, à cet instant, en avait assez, et elle resta muette, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Alors, le légionnaire, franchement en pétard, se mit à frapper. Et son pote l’accompagna, bien en rythme.

D’abord, son coup de pied vint lui déchirer les entrailles. April crut vomir quand son ventre se contracta sous la douleur, mais rien ne sortit de sa bouche ; puis le légionnaire la redressa d’un bras pour la gifler au visage si fort qu’elle fut de nouveau projetée au sol avec bestialité. Elle n’avait le temps de reprendre son souffle qu’un nouveau coup venait, sans pitié, rapidement. Dans un effort, elle voulut se redresser et tenter malgré tout de se défendre, seulement le canon des coups des deux hommes la maintenait à terre, ne lui laissant aucun répit. Et rien n’était pire que ça : ce manque de répit, car la douleur, bien que terrible, allait passer tôt ou tard –quand ils s’arrêteraient ou qu’elle mourrait- mais le pire, c’était que ses poumons n’arrivaient plus à attraper une bouffée d’air. Son souffle était coupé à chaque choc, mais ils se suivaient de bien trop près pour qu’elle ait l’occasion d’aspirer une goulée d’oxygène. Se faisant balloter de droite à gauche entre les deux hommes, elle entrevit un corps mouvant non loin de là, mais sa vision était floue : le sang coulait à flot de son visage. La petite sauvage voyait également le liquide rouge gicler sur la poussière du sol, et bientôt elle vint l’embrasser une énième fois. Pendant sa chute, elle parvint à aspirer un peu d’air, aussitôt ressorti en cri. Pourvu que ça s’arrête, pria-t-elle.
Revenir en haut Aller en bas
Légionnaire
Tiberius Quintilius
Légionnaire
Tiberius Quintilius

Généralités
Légionnaire vétéran

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 72
☢ Nombre de messages RP : 18
☢ Date de Naissance : 08/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 02/02/2014
☢ Crédits : Moi-même
☢ Célébrité : Tom Hiddleston
☢ Doublons : Seth Graham
☢ Âge : 30 ans
☢ Lieu actuel : Fort Colorado
☢ Liens rapides : Profil du légionnaire
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Pillard ♦ -20

☢ Statut RP
: Fermé

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Mer 3 Sep - 23:03

L'insouciance légendaire dont elle faisait preuve allait la tuer un jour, c'était sûr. Tiberius ignorait si April avait toujours agit ainsi, mais elle semblait souvent se contreficher royalement des conséquences la plupart du temps. A croire qu'elle ne réfléchissait jamais à ses agissements ! Alors, certes, parfois cela avait le don d'arracher un petit sourire un coin au légionnaire, parce qu'à force d'autant de bêtises, ça forçait le respect. Mais cette fois là, le vétéran ne témoigna pas de la moindre once d'amusement. C'était d'une discussion tout à fait sérieuse dont il avait besoin. Et s'il n'obtenait pas une réponse satisfaisante, il se verrait dans l'obligation de la dénoncer. Cette petite garce n'allait quand même pas l'obliger à choisir entre son jouet favori et la Légion, si ?!

Heureusement que non. La petite Médée tenta bien une petite – mais grossière – esquive de la conversation, mais l'air sévère et imposant que conservait le légionnaire impassible sembla achever de la convaincre à parler. « Non mais c'est pas vrai ! Tu es même pire que ce que j'imaginais ! Tu n'as vraiment jamais réfléchit de toute ta vie en fait, c'est ça ?! » L'espace d'un instant, c'est ce que Tiberius se vit cracher à la figure de la petite esclave qui lui avoua presque sans peur le vol qu'elle avait commit quelque temps plus tôt. Mais après un instant de réflexion, il jugea que la remarque ferait plus plaisir qu'autre chose à cette sale petite furie. Cependant, alors même qu'il allait tout de même lui faire remarquer qu'elle restait la fille la plus débile de la planète qu'il avait croisé de toute sa vie – décidement, il fallait quand même que ça sorte, quitte à ce qu'elle le prenne comme un compliment – la petite esclave lui sauta dessus sans prévenir pour débiter encore tout un flot de paroles. Le légionnaire l'écouta parler tout en l'observant sans broncher. Avec le temps, il avait bien compris qu'elle faisait souvent ça lorsqu'elle avait quelque chose à cacher.

Bien sûr, elle souligna d'abord le fait qu'elle lui avait sauvé la vie. Alors certes bon ok. Mais la connaissant il allait en entendre parler pendant 107 ans avant qu'elle ne se trouve une nouvelle excuse encore plus nulle pour justifier toutes ses dérives. Puis elle lista tout ce que le sac contenait et ses intentions qui l'avaient poussé au vol. Un petit sourire méprisant s'afficha brièvement lorsqu'elle avoua qu'elle pensait utiliser le stimpack pour un esclave battu et la nourriture pour les aider à retrouver leurs forces. Allons bon, elle était assez naïve pour se la jouer à la Robin des bois en plus de ça ?! Si elle s'imaginait quoi ? Qu'elle allait pouvoir instaurer une espèce de solidarité entre esclaves pour ensuite mener à la rebéllion ? Le légionnaire jugea suffisement amusant de la laisser faire face à la désillusion part elle même sans qu'il ne lui souligne l'efficacité (légendaire) de la Légion à faire pression sur ses esclaves réduits à l'état d'objets inoffensifs. Quoi que ça ne ferait probablement pas de mal à April qu'il lui rappele clairement sa condition. Elle le méritait bien des fois, et particulièrement cette fois là. Mais – plus grave – alors que Tiberius songeait déjà à sa remarque la plus acide possible, April aborda la possibilité d'avoir trouvé une arme. Bien sûr, elle nia tout en bloc. Il n'était pas aussi débile qu'elle, il savait bien qu'il ne pouvait pas non plus s'attendre à la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité. Mais cette simple remarque soulignait bien la nécessité pour le légionnaire de vérifier lui-même. Après tout, si elle était capable de fournir les esclaves en stimpack, nourriture, ect, pourquoi pas en armes bientôt ?! Et alors qu'elle achevait sa liste, au lieu de se taire en attendant son jugement, la petite esclave en rajouta une couche en faisant une petite grimace bizarre. Mignonne, mais bizarre. Elle essayait sans doute, soit d'inspirer le pardon, soit de se payer un peu plus sa tronche qu'elle ne le faisait déjà. Un peu des deux sans doute.

Mais contre toute attente, au lieu de s'en tenir à ça – ce qui faisait déjà beaucoup de conneries aux yeux du vétéran – April s'empressa de reprendre la parole sans laisser le temps à Tiberius d'exprimer tout son désarroi. D'un : ça y est, elle remettait déjà sur le tapis le fait qu'elle l'ai tiré d'affaire. De deux : non, il n'y avait pas de deux. Elle ne pouvait pas avoir dit ça. Tiberius refusait de l'entendre.

Il lui fallu un court moment pour l'admettre totalement, mais April était bel et bien complètement à côté de la plaque. Tout ce temps, il avait tant bien que mal – tant d'efforts livrés à une cause perdue ! – tenté de donner des excuses plus ou moins fondées à l'esclave. Mais cette fois-ci, c'était la fois de trop. Elle ! Dormir dans sa tente ! Soit elle ne se rendait absolument pas compte de la situation dans laquelle elle était – et c'était grave – soit elle n'en avait strictement rien à foutre – encore plus grave. Bref, c'était le pompon, la cerise sur le gâteau, la goutte d'eau qui fait déborder le vase, le battement de papillon responsable de l'ouragan, bref : tout ce qui pouvait s'apparenter au truc de trop. « Tu te fous de ma gueule ?! » Oubliant un instant la raison première de cet interrigatoire, Tiberius laissa finalement éclater sa colère. Elle le faisait forcément exprès. Elle ne pouvait pas être aussi débile que ça. Néanmoins, ça le tuait de la voir aussi inconsciente. Un jour – il en était désormais certain – il allait craquer et la décapiter d'un coup. Et à ce rythme, demain elle serait morte.

Accablé par la fatigue que lui infligeait sa convalescence et par la preuve d'autant de stupidité de la part d'April, le légionnaire perdit tout de même bien vite l'idée de la frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive. Non pas que la vision lui déplaisait, mais en cette douce soirée tranquille, Tiberius jugea qu'elle ne valait même pas la peine de lui vouer autant d'efforts. Demain, peut-être, donc.

Il décroisa ses bras en se redressant pour se débarasser d'April et soupira en songeant à ce qu'elle venait de lui révéler. Pensif, il se mit rapidement d'accord avec lui pour admettre qu'elle ne lui avait probablement pas tout dit. C'était certain, il n'en avait pas terminé avec cette affaire. Néanmoins, il avait discuté suffisement longtemps avec cette petite Médée pour mettre ses nerfs à rude épreuve. Aussi, lassé de se prendre la tête avec elle depuis qu'il s'était remis de sa presque-mort, il passa une main dans ses cheveux en laissant la fatigue gagner peu à peu du terrain. L'espace d'un instant, il posa à nouveau son regard sur April, songeant qu'il ne pouvait pas la laisser s'en tirer à si bon compte pour autant. Soudain, au travers de sa forte lassitude, une petite idée mesquine vint lui chatouiller les neurones. « Ne te détrompe pas, toi aussi tu sens pas bon. » Finalement satisfait de lui, Tiberius planta ainsi l'esclave pour retourner à sa tente et enfin céder à l'appel insistant de Morphée.

*

Le lendemain matin, le sommeil quitta le légionnaire bien assez tôt. Suffisement tôt en tout cas pour que toute cette histoire de sac et de stimpack revienne lui trotter en tête. Décidé à mettre les choses au clair, le vétéran prit donc place au bord de sa couchette pour remettre les choses en ordre dans son esprit. Ce qui était certain, c'était que cette petite fouineuse avait volé un sac (sans doute plus) et qu'elle en avait caché le contenu dans les environs. Un environ suffisement proche pour qu'elle ait le temps de lui injeter le produit avant même qu'il ne clamse d'ailleurs. Et tandis qu'il réfléchissait, le légionnaire balayait négligement la pièce du regard. Jusqu'à ce que la réponse vienne à lui. Son œil d'expert repéra avec surprise que le coffre avait été déplacé. Curieux d'en connaître la raison, il tira lui-même l'objet pour en découvrir avec stupeur et satisfaction la petite planque tant recherchée. Elle était là ! Juste sous son nez ! Un court moment, Tiberius hésita entre une franche colère et une satisfaction parfaite. Bah, c'était le matin, autant commencer la journée de bonne humeur !

S'emparant du butin, le légionnaire remarqua que la petite caverne d'Aprilbaba ne contenait effectivement aucune arme. Tant mieux, voilà qui réglait un soucis de taille : les esclaves n'étaient donc pas armés. April se contentait de les nourrir – ou de s'en mettre plein la panse toute seule ? Quoi qu'il en soit, Tiberius jubilait face à cette découverte. Elle s'était cru maline en l'exaspérant au plus haut point la veille ?! Elle allait en prendre un sacré coup aujourd'hui ! C'était du donnant-donnant, et il brûlait d'impatience – presque à la manière d'un enfant dans le RER pour Disneyland, pour vous dire ! – de voir sa petite tête déconfite lorsqu'elle arriverait. Il le savait, sur ce coup, sa victoire allait être totale !

Lorsqu'enfin sa victime préférée se montra, Tiberius l'attendait avec toute l'impatience du monde, appuyé sur l'accoudoir d'un siège. Immédiatement, son regard se posa sur la tête de l'esclave : My-thique. Le légionnaire aurait explosé d'un rire sincère s'il n'était pas trop occupé à savourer l'instant. Laissant passer quelques secondes de silence, le temps que la petite maline prise à son propre piège capte la situation, le vétéran prit enfin la parole : « C'est vrai que tu n'avais pas grand chose... » se moqua t-il, prenant l'air le plus calme possible malgré le large sourire moqueur qui s'affichait peu à peu sur son visage. En fait, c'était sans doute l'un des plus beaux jours de sa vie. La surprise était complète chez la petite esclave. Pendant tout ce temps, elle s'était payé sa tête, maintenant c'était à lui d'en profiter ! « Tu sais, on m'a appris à repérer les traces suspectes ici. » A jouta t-il d'un air décidement de plus en plus moqueur. « Et malheureusement pour toi, tu n'as sûrement pas eu le temps de les effacer la dernière fois hein ? » Ah ! Quelle belle journée ! Tiberius nageait dans le bonheur. « Tu étais fatiguée ou quoi ? » Il nageait dans le bonheur. C'était tellement bon de voir April tirer une telle tête ! Ca – c'était certain – il ne risquait pas de l'oublier de si tôt ! Puis finalement, après avoir prit soin de mémoriser chaque détail de sa petite tête d'ahurie, Tiberius profita de ce tour de force pour souligner la gravité de son acte. « Je ne veux plus que tu voles April. Si quelqu'un le découvres, tu mourras. » Il annonça la sentance avec une étonnante légèreté. D'une part, il était trop heureux pour prendre son habituel air grave qu'il avait avec elle. D'autre part, il devait être clair que si elle ne cessait pas immédiatement ce genre d'activité, lui-même d'ordinaire si (trop ?) gentil, ne pourrait pas tolérer un tel comportement. Qu'elle lui prenne la tête de temps en temps passait encore si ça pouvait la soulager de sa condition d'esclave, mais qu'elle vole dans leurs stocks pour monter une sorte de réseau ou de on-ne-savait-trop-quoi d'ailleurs, ça c'était tout bonnement non-envisageable. Malheureusement, le légionnaire ignorait comment ancrer une telle information dans son petit cerveau d'obstinée. Alors il espéra que de lui annoncer la nouvelle plus calmement lui permettrait de l'assimiler plus facilement. De toute façon, il n'y avait pas de détour possible cette fois. C'était ça, point barre. Depuis son arrivée au Fort, April avait toujours bénéficié de ce traitement de faveur un peu étrange que Tiberius lui accordait. Mais cette fois-ci, elle avait franchi la ligne rouge. Il ne pouvait lui en permettre autant. C'était non seulement au-delà de son grade mais aussi au-delà de sa volonté. Si April – à la nature si encline à la récidive – était prise à nouveau, le vétéran était décidé à l'abandonner à son sort. Après tout c'était la loi de la Légion : rien ni personne n'y dérogeait, et ce ne serait certainement pas lui qui dirait le contraire, surtout pas pour servir les petits intérêts de cette fouteuse de merde (pour être malpoli).

Et finalement poussée à bout par le petit jeu du légionnaire dominant, la petite esclave explosa. Néanmoins, les larmes qu'elle laissait couler sur ses joues et la rage qu'elle lui envoya à la figure ne lui firent ni chaud ni froid. Les esclaves étaient nourris selon la bonne volonté du Centurion – voire des decanus – qui géraient les stocks de la Légion. L'esprit pragmatique des légionnaires les poussaient donc à nourrir prioritairement les soldats entraînés, puis seulement les esclaves remplaçables avec les restes. C'était un raisonnement de pure logique. Mais bien sûr le petit cerveau rebelle d'April ne pouvait pas comprendre une chose pareille. Tiberius désspérait de la voir un jour adhérer à la cause de Caesar comme certains autres esclaves. Non, April avait choisi de rendre les choses plus difficiles. Elle avait choisi de mettre ses dernières paroles avant d'entrer dans le Fort à profil. Et bien Tiberius allait faire de même. S'il avait jusqu'ici fait preuve de tolérence, de pitié peut-être même, il était décidé à lui rappeler – brutalement s'il le fallait – où était sa place désormais et pour toujours. Si elle refusait de l'écouter, elle ne ferait que compliquer les choses pour elle. Lui était fatigué de toujours lui courir après pour la sortir des mauvais pas. Et si elle jugeait qu'il lui pourrissait la vie, et bien tant mieux. C'était prêté pour un rendu.

Il se contenta donc de la fixer en silence, sans rien ajouter alors qu'elle s'empressait de s'enfuir. Elle pouvait bien courir à l'autre bout du Fort si elle le voulait. Il avait gagné cette bataille, et il gagnerait la guerre de la même façon : à travers une écrasante victoire. Alors que la petite esclave avait disparue en le laissant seul face à son armure défoncée par la balle qu'il avait prise, Tiberius se sentit presque triste. Non pas coupable, mais triste pour elle. Elle qui s'entêtait tant à s'opposer à la Légion alors qu'il lui serait tellement plus agréable de marcher avec elle. Enfin, soupirant, le légionnaire se fit une raison. C'était le problème d'April, pas le sien. Il espérait seulement qu'elle s'en sortirait même livrée à elle-même.

Saisissant son armure, il passa un doigt sur les endroits enfoncés au cours de la bataille d'un air pensif. Malgré lui, il ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'elle avait dit. Dans un certain sens, elle avait raison : elle lui avait sauvé la vie. Il aurait été de mauvaise fois de dire qu'on ne pourrait jamais savoir s'il aurait pu guérir par lui-même. Seulement, Tiberius ne comprenait plus ce qu'elle attendait de lui. Il s'était démené pour lui éviter maintes fois de douloureux moments, parfois même la mort. Mais au lieu de se montrer reconnaissante, ou à défaut au moins compréhensive, April n'avait fait qu'empirer les choses encore et encore, à chaque fois. Voilà que maintenant elle boudait en affirmant plus ou moins directement qu'elle vivait un cauchemar journalier. Il lui fallait des jumelles pour constater qu'elle était pourtant plutôt bien lotie par rapport à d'autres ?! (Bordel.) Oui, bordel. C'était tout ce qui venait à l'esprit du légionnaire qui abandonna son armure là où il l'avait trouvé pour partir à la poursuite d'April. Voilà qu'il commençait à se sentir presque coupable pour cette petite maline.

Il marchait donc d'un pas sûr et rapide, déterminé à lui demander en face ce qui n'allait pas chez elle. Sans déconner, elle ne lui avait jamais dit merci pour tout ce qu'il avait fait pour elle, et lui il se faisait engueuler comme du poisson pourri le jour où il lui renvoyait l'ascenseur ! Elle était où la véritable injustice dans cette histoire alors, hein ?! Ainsi décidé à lui expliquer sa façon de voir les choses, le légionnaire se stoppa net lorsqu'il trouva finalement April, balancée entre deux abrutis qui semblaient prendre du plaisir à la frapper. Allons bon.

Face à ce spectacle, le sang de Tiberius ne fit qu'un tour. Il s'arrêta une fraction de seconde sous l'effet de la surprise, et fonça illico vers eux l'instant d'après. « Qu'est ce que vous foutez ?! » Gueula le vétéran pour signaler (bruyamment) sa présence – et sa colère au passage. Les deux soldats se figèrent face à cette entrée fracassante. « Hé ! Salut à toi aussi légionnaire ! Cette petite pute nous a manqué de respect. On lui rappelle où est sa place. » Expliqua le débilos numéro 1 avec son sourire narquois. Oulà. Lui il cherchait à mourir aujourd'hui, genre maintenant. Là. Tout de suite. Tiberius prit le temps d'inspirer et d'expirer profondément avant de le fixer d'un de ces regards perçants qu'il aurait normalement réservé aux assassins de Quintus. « Dois-je te rappeler où est la tienne, recrue ? » Allez bim. Un petit coup de grade dans le pif, ça faisait toujours plaisir. En plus c'était gratuit et ça faisait du bien à l'orgueil du vétéran. Nanmais. Bon, Tiberius ne portait pas son armure de vétéran, mais ce soldat n'était clairement pas averti de la bonne conduite à avoir au sein de la Légion. Car malgré toutes les rumeurs qui courraient à leur sujet en dehors du Fort, les légionnaires respectaient tous un code très strict, contrairement aux raiders sans foi ni lois ou même au citoyen lamda pris de pulsions anarchiques. Hors prendre du plaisir à tabasser les esclaves pour un tout ou pour un rien n'en faisait pas partie. Aussi, ce comportement inacceptable vis-à-vis du vétéran ET vis-à-vis de l'esclave commençait à faire beaucoup aux yeux de Tiberius déjà agacé.

« Hé t'es pas trop en condition de t'échauffer le paria ! »
Rappela son collègue visiblement encore plus débile que le premier. Calmement, sans ciller, le regard meutrirer de Tiberius passa de débilos numéro 1 à débilos numéro 2. L'espace d'un instant, il le scruta dans un silence de plomb, tandis que le soldat tentait de soutenir son regard, puis sans prévenir, d'un geste vif et violent, Tiberius frappa son interlocuteur en pleine face. Bim. C'était mérité. « Pas besoin d'échauffement pour les abrutis dans ton genre, connard. » Commenta le vétéran tandis que le soldat se mit à jurer en se tenant le nez après avoir titubé légèrement. « Allez fait pas ta tapette devant l'esclave ! » Se moqua t-il en lui faisant mine de le frapper à son tour. Néanmoins, il ne s'amusait plus du tout. Si sa journée avait magnifiquement bien commencée, elle n'était pas censée se continuer ainsi : April gisait à ses pieds et ce salopard avait osé l'appeler...comment déjà ? Ah oui. Paria. Vlan. En un mouvement, alors que le soldat revenait sur lui sans réfléchir, Tiberius l'attrapa par le bras pour l'envoyer valser par terre. Aucun doute, ce pauvre bougre aurait mieux fait de s'entraîner au lieu de venir ouvrir sa petite bouche d'abruti fini. Les nombreux légionnaires qui avaient tenté de l'atteindre en mentionnant la réputation difficile de son père avaient tous fini en bouilli dans l'arène. Tiberius avait beau être blessé, celui-ci ne ferait pas exception. C'était tout simplement non-négociable. Même si ce combat devait le mener à sa perte une bonne fois pour toute, le vétéran avait été clair envers tous ceux qui avaient osé tenter leur chance. Cette fois là, il allait non seulement appliquer son habituelle règle d'or, mais il allait aussi débarasser la Légion d'un poids mort. Sa colère était telle qu'avait déjà dépassé le stade de la fureur. Il se contentait de fixer ses adversaires du regard pour leur faire comprendre qu'ils n'avaient déjà plus d'échappatoire. « P'tin mais qu'est ce que tu veux ? » S'indigna son collègue décidément fort débile lui aussi tout de même. Tiberius croisa les bras en l'observant aider son ami à terre. Face à la question, il haussa un sourcil de dédain. « Vous et moi, dans l'arène, tout à l'heure. » Se contenta de répondre le vétéran d'une voix froide et implacable. « Tu vas te faire massacrer ! » Grogna le légionnaire à moitié assomé, visiblement haineux. Face à cette remarque peu pertinante, Tiberius eut un petit rire méchant, à faire froid dans le dos. « On verra. » Se contenta t-il de répondre. Aucun doute que le duo de débilos serait au rendez-vous. Le défi de l'arène était la meilleure façon pour les légionnaires de régler leurs comptes entre eux. La plupart du temps, l'arène habritait de banals combats d'esclaves. Les affrontements entre les légionnaires étaient plus rares, mais plus intéressants aussi car souvent plus violents. La nouvelle du combat se répendrait donc bien assez vite, et l'affaire engagerait bien vite l'honneur des deux zygotos s'ils venaient à refuser le combat comme deux jeunes moules planquées dans leur frêle coquille. Et puis de toute façon s'ils décidaient de se cacher, non seulement ils se tailleraient une réputation de mollusque donc, mais en plus Tiberius les traquerait pour les égorger de toute façon.

Aussi, pour l'heure chacun partit de son côté. Débilos numéro 1 emportant débilos numéro 2 sans oublier de jeter un regard noir à Tiberius. Celui-ci quant à lui, se contenta de soutenir le regard de l'abruti avec tout le dédain dont il était capable. Nah, même pas peur de deux futurs cadavres sans cervelle. Pour le coup, l'appellation « morts-vivants » était toute désignée pour qualifier les deux abrutis du camp. Lorsqu'ils eurent disparu, le vétéran se pencha enfin vers la petite esclave. « Allez, vient. » Se contenta t-il de dire d'une voix plus douce. La pauvre petite avait tout de même eut le temps de manger pas mal de violence et avait l'air encore un peu sonnée. Il l'aida à se relever et la traîna jusqu'à la tente dont elle venait juste de s'enfuir. Le decanus n'apprécierait probablement pas d'apprendre les agissements du vétéran, mais le petit corps replié sur lui-même de la petite louve...sa petite louve lui brisait le cœur. En un instant, sa colère s'était envolée et sa culpabilité lui était revenue en pleine tête, se rappelant qu'il avait été le premier à faire couler les larmes qui avaient laissé des traces sur ses petites joues salies. Aussi le decanus pouvait-il lui rappeler qu'un tel traitement de faveur n'était pas bon pour assoir leur autorité sur les esclaves, sur le moment, il s'en contrefichait. Il allait soigner April qui n'avait – pour une fois – pas mérité pareil traitement, et il allait détruire – pour ne pas dire massascrer – les responsables de cette agression, parce que oui, s'en était délibérement une.

Concentré sur ce qu'il faisait sans s'inquiéter des futures protestations à venir, il laissa donc la petite esclave s'assoir sur sa couchette sans un mot et s'empara d'un linge qu'il alla imbiber d'eau fraîche. Puis, s'accroupissant à sa hauteur, il fit doucement glisser le morceau de tissu frais sur ses hématomes, l'éffleurant à peine de peur de lui faire du mal. Ses petits membres lui semblaient soudainement si fragiles. Evitant de croiser le regard de la blessée, Tiberius ignorait ce qu'elle ressentait vraiment. De la crainte ? De la tristesse ? Peut-être encore de la colère ? Le silence qui s'installait entre eux devenait pesant pour le légionnaire. Il avait cette impression pesante qu'il devait dire quelque chose, mais les mots lui manquait. S'en était presque frustrant. Chaque fois qu'il se sentait capable de prononcer un mot, la culpabilité venait l'étouffer avant même qu'il n'ouvre la bouche. Plus il essayait et moins il y parvenait. « Je suis désolé. » Finalement, c'était sortit tout seul. Et ses paroles étonnèrent le légionnaire lui-même, depuis quand s'excusait-il face à une esclave ? Mais, en y repensant, c'était peut-être le plus approprié, non ?
Revenir en haut Aller en bas
Esclave
April Twist
Esclave
April Twist

Généralités
Twist & Slave

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 69
☢ Nombre de messages RP : 16
☢ Date de Naissance : 06/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 18/01/2014
☢ Crédits : Moi!
☢ Célébrité : Keira Knightley
☢ Doublons : Gabriella Ferrera
☢ Liens rapides : Fiche
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Voyageur ♦ +10

☢ Statut RP
: Ouvert

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Jeu 4 Sep - 12:07

Bien que dans le cirage le plus total, April ne manqua pas d’écouter ce qu’il se disait à côté d’elle, et pour cause, cela réveilla non seulement en elle une certaine curiosité, mais aussi ce qui lui paraissait être un vieux et vague souvenir. Elle se redressa quelque peu pour observer mieux la scène malgré la douleur de ses côtes : qu’entendaient-ils par « paria » ? L’esclave leva ses yeux vers Tiberius et eut presque un mouvement de recul en voyant l’expression de son visage. Qu’il avait l’air de mauvais poil ! Elle se dit que si elle devait faire une connerie, il valait mieux éviter que ce soit maintenant. Il était évident aux yeux de la jeune femme que le sujet abordé par les deux pauvres cons qui l’avaient tabassée était très sensible aux yeux du rouquin. Et clairement, à la place des deux bovins, elle se serait tue (oui oui, même elle) face au regard assassin du vétéran ; mais bon, quoi qu’on puisse en dire, à la Légion, quand on est con, on est con, ça va pas chier plus loin. Ce qui était sûr, c’est qu’ils avaient tous un complexe d’infériorité.

Toutefois, lorsqu’elle vit Tiberius mettre une châtaigne à l’autre crétin, April ne put s’empêcher d’avoir envie de sourire (bien que le brouillard embrumait trop son esprit pour l’afficher sur sa bouche) : « Ah-ha ! bien fait pour toi trouffion ! ». Mais l’autre étant probablement jaloux, le vétéran eut la générosité de l’envoyer valser également. La jeune femme sentit comme un artifice de satisfaction monter en elle à la vue de ces deux pauvres crétins complètement largués face à la maîtrise du roux. Si elle n’avait pas eu tant de rancœur envers lui en cet instant –quoi qu’un peu de reconnaissance car s’il n’était pas intervenu, elle aurait probablement été battue à mort-, elle aurait éventuellement peut-être pu faire l’effort d’être fier de lui. Mais bon, fallait pas pousser non plus. Il n’avait pas été ce qu’on peut appeler un hôte des plus respectables depuis qu’elle était arrivée ici (de force).

Alors qu’elle reprenait peu à peu ses esprits, elle entendit Tiberius poser un rendez-vous dans l’arène aux deux légionnaires. Elle avait déjà entendu parler des combats de légionnaires dans l’arène, on lui avait expliqué que parfois, ce n’était qu’un jeu –certes, jeu étrange mais bon, c’était des légionnaires, il ne fallait pas non plus trop leur en demander en ce qui concernait la réflexion personnelle-, mais la plupart du temps, il s’agissait de régler un conflit. Bien entendu, il n’y avait qu’à Fort Colorado qu’on réglait une dispute comme ça : en montrant qui en avait le plus dans les biceps et dans le caleçon –ou plutôt, dans la jupe. Finalement, les deux légionnaires s’éloignèrent, bien que visiblement mécontents, et c’était un euphémisme.

Allez, vient.

April fut étonnée du ton presque compatissant –il avait pris un coup de chaud lui- après celui, totalement meurtrier et quasi psychopathe qu’il avait employé envers les deux autres. Tant bien que mal, elle réussit, avec l’aide de son geôlier (Oui c’était une journée enfoirée de toute façon.) à retourner dans la tente. Elle resta muette, tout autant que lui se taisait. Il la fit s’assoir au bord de son lit –était-ce Noël ?-, alla chercher un seau d’eau. Il trempa un linge dans le liquide frais et entrepris de les passer sur les marques déjà violettes des coups précédemment reçus. April regardait le visage du roux : ses yeux étaient particulièrement concentrés à la tâche qu’effectuaient ses mains. Cela en devenait d’ailleurs presque étrange, il semblait qu’il n’était pas à l’aise dans la position. En même temps, la petite sauvageonne le comprenait, c’était lui qui était accroupi, face à elle, à s’en occuper. Elle se demanda combien des autres légionnaires auraient fait ça. Cependant, aussitôt cette question approcha les rives de son esprit qu’elle la chassa au loin, de crainte de se sentir obligée de ressentir elle ne savait quel sentiment plus ou moins positif à l’égard de son pire ennemi. A contre cœur, cette situation lui rappela désagréablement le jour de capture, et toutes les péripéties qui suivirent. Ce n’était pas la première fois que Tiberius était accroupi devant elle : ne lui avait-il pas proposé de la nourriture –sur laquelle elle avait craché- ? desserré ses liens qui lui meurtrissaient les poignets – après quoi elle s’était enfuie en tirant sur un légionnaire- ? remis en place sa cheville –ce qui lui permis de faire une autre vaine tentative de fuite à laquelle elle n’aurait pas réchappé sans son intervention- ? Pff, pensa April. Quelle plaie ce type… Puis se reprenant tout à coup : Non mais il l’a cherché aussi, je lui ai dit qu’il ne fallait pas me capturer, tout ça ne serait pas arrivé s’il ne m’avait pas kidnappée. C’était de sa faute à lui après tout, pas celle d’une petite et gentille April qui n’avait rien demandé. Elle le détestait. C’était décidé.

Puis, repensant à ce voyage qui l’avait amenée ici, elle songea à cette remarque qu’elle avait entendue d’un légionnaire, traitant justement Tiberius de paria. April tentait de capter le regard du vétéran, cherchant à trouver la réponse à la question qui lui taraudait l’esprit à cet instant. Il était évident que cette histoire de paria avait une très grande importance aux yeux du légionnaire. Etait-ce par honte qu’il évitait son regard de la sorte ? Par colère ? Après tout, c’était elle qui devait être en colère ! Et oui, elle l’était encore. Elle était déterminée à rester fâchée contre lui jusqu’à avoir des excuses pour être aussi monstrueux.

Je suis désolé, dit-il soudain.

Non mais elle rêvait ou quoi?! Il avait quand même pas dit ce qu'elle croyait malheureusement bien qu'il avait dit?! Bon sang, il faisait exprès en fait. Il faisait tout pour qu’elle le pardonne au moment même où elle se décidait à ne plus jamais faire d’efforts. Certes, elle n’en faisait pas tant que ça avant, mais quand même. Là, elle était presque sûre de ne plus jamais le voir ni lui parler. Il pouvait pas être lui-même quand elle en avait besoin ? Etre super méchant quoi !

Désolé de quoi ?

Elle fit la moue, déçue que ses mots n’aient pas été plus tranchants. Il fallait croire qu’elle était encore quelque peu dans le cirage.

Que je me sois faite tabasser ? Parce que c’est pas toi qui a donné les coups que je sache. Puis c'est pas la première fois.

Sa voix était molle, comme lasse, ou faible de fatigue. Non, elle ne cherchait pas à le défendre ou à le déculpabiliser du tout. Mais dans le doute, elle préféra rectifier le tire :

Après, si tu n’avais pas fouillé dans mes affaires, il n’y aurait pas eu de problèmes. Même si c’est interdit, ce n’est qu’un peu de nourriture pour pas que je meure de faim.

Sa voix restait plate et monocorde malgré elle. Elle aurait pourtant voulu être saignante, car si il avait honte, qu’il culpabilisait, alors elle aurait souhaité plus que tout aggravé son mal. Mais rien n’y fit, son ton n’était pas dans l’ambiance « destruction mentale de vilain roux ».

Néanmoins, si jamais, dans les rêves les plus fous d’April, il était désolée de l’avoir amenée ici, car c’était bien ça le problème de fond finalement, alors la culpabilité, le soin qu’il croyait mettre pour la traiter mieux que les autres, l’auraient poussée à lui dire qu’elle lui pardonnait. Cependant, comment pouvait-elle mentir ? Comment pourrait-elle lui pardonner de l’avoir privée de sa liberté ? De la maintenir prisonnière dans cet enfer ? Mais si ce n’était que ça encore ! C’est qu’elle était persuadée qu’au fond, de l’avoir kidnappée, ça n’avait rien de mal ou d’excusable. Après tout, il avait été élevé dans ces règles corrompues et perverses. Et il lui paraissait que, finalement, c’était ça qu’elle ne pouvait pas digérer : qu’il n’admette même pas que ce qu’il avait fait était vigoureusement mal, qu’il n’y avait aucune humanité là-dedans. Si cette culpabilité était tournée vers ce fait, alors que peut-être… Mais elle n’osait y penser.

Mais si tu veux que je te pardonne pour autre chose, il va falloir m’indiquer quoi, murmura-t-elle, comme incertaine de sa formule.

Elle ne savait pas pourquoi elle avait ouvert la porte sur un pardon qu’elle refusait de donner à cet être qui était le plus grand malheur de son existence. Elle baissa les yeux pour éviter de se gifler elle-même, espérant presque qu’il ne saisirait pas la perche. En réalité, à cet instant, il lui faisait de la peine, ce qu’elle trouva parfait comme prétexte pour avoir envers lui des pensées si complaisantes.

Tiberius leva ses yeux bleus vers elle et elle s’empressa de rajouter :

C’est évident que tu n’es pas du genre à briser l’étroit idéal de la Légion alors pourquoi ils te traitent de paria au juste ? C’est quand même pas parce que tu es roux ?

April fut tentée d’afficher sa coutumière expression défiante et moqueuse pour s’être davantage fidèle, et faillit même émettre un petit rire à sa blague, mais retint le réflexe. Elle laissa ses grands yeux ocres détailler le visage du vétéran avec un sincère sérieux, se disant simplement que ce n’était probablement pas le moment de plaisanter. Il fallait dire que vu la tête qu’elle devait avoir, afficher un sourire tordu parmi les hématomes auraient probablement poussé le légionnaire à faire son sourire en coin si arrogant qu’elle détestait.
Revenir en haut Aller en bas
Légionnaire
Tiberius Quintilius
Légionnaire
Tiberius Quintilius

Généralités
Légionnaire vétéran

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 72
☢ Nombre de messages RP : 18
☢ Date de Naissance : 08/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 02/02/2014
☢ Crédits : Moi-même
☢ Célébrité : Tom Hiddleston
☢ Doublons : Seth Graham
☢ Âge : 30 ans
☢ Lieu actuel : Fort Colorado
☢ Liens rapides : Profil du légionnaire
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Pillard ♦ -20

☢ Statut RP
: Fermé

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Jeu 4 Sep - 20:29

Sérieux ?! Lui il s'excusait pour il-ne-savait-pas-quoi-lui-même mais il s'excusait – ce qui était tout nouveau, comprenez le bien, genre le truc le plus fou de ces dernières 15 années ! - et elle elle lui répondait « Désolé de quoi ? » ?! Tiberius soupira de désespoir, déçu que ses mots n'aient pas eu plus d'impact que ça. Décidement, cette petite esclave ne ferait jamais rien d'attendu.

Elle parlait presque à voix basse, sans doute encore sonnée par l'altercation dont elle avait été victime. Cependant, elle trouva quand même la force de lui renvoyer une remarque en pleine tronche malgré tous les beaux efforts qu'il avait fait. Damned, cette fille était vraiment un véritable phénomène. En quelques secondes, elle lui avait fait regretté ses paroles. Voilà qu'elle l'accusait à nouveau d'être le responsable premier de toute cette histoire. Et puis comment ça il avait fouillé dans ses affaires ?! Non seulement c'était effectivement bel et bien interdit comme elle le stipulait si bien elle-même, mais en plus elle n'avait pas d'affaires ! Bon sang enfin, c'était une esclave ! Qu'est ce qui clochait dans sa tête pour qu'elle continue à exiger quelque chose de la Légion qu'elle ne pouvait décemment pas avoir ?! Il fallait vraiment en venir à la bonne vielle méthode du Centurion ?! En s'imposant à la dure, en inspirant tellement la peur que toute volonté disparaîtrait d'elle ?! En la détruisant psychologiquement, de sorte qu'elle ne vive plus que pour servir le camp sans songer à rien d'autre ?! Tiberius prit le temps de s'insulter lui-même intérieurement, notant au passage que la prochaine fois, il se la bouclerait. Il n'y avait visiblement aucun espoir d'obtenir une once de compréhension de la part de cette petite obstinée. Dieu merci tous les esclaves n'étaient pas comme ça. D'ailleurs, en y songeant, Tiberius se demanda comment sa mère – qui avait elle même été esclave – avait pu être si conciliante avec son père et lui si les esclaves éprouvaient toujours autant de haine envers la Légion.

Malgré tout, alors que le vétéran se jettait mentalement des pierres en se criant « bien fait », April sembla revenir sur son accusation, lui affirmant qu'elle était prête à lui pardonner ce quelque chose pour lequel il s'était excusé. Ah, damned bis, il n'y avait pas vraiment réfléchi. « Je suis désolé pour toi que tu sois aussi débile et que tout le monde ait envie de te frapper, pauvre folle ! » était une option, mais cela ne les auraient probablement pas mené bien loin. Or, maintenant qu'ils en étaient arrivé à cet instant étrange, Tiberius jugea bon d'enquêter sur cette fureur sans logique qu'entrenait si bien April. Alors, dans un effort tiiitanesque, pour ne pas dire surhumain, Tiberius prit sur lui. Mais au moment même où il allait trouver quelque chose de fantastique à répondre – à l'image du coucher du soleil sur le désert, pour vous dire – levant même les yeux pour enfin croiser son regard à la pointe de la sincérité, April l'empêcha de prendre la parole, pour en plus poser LA question qui tue. Et en y mettant toute la désobligeance dont elle était capable. Signé : April Twist. Pour la peine, il ravala ses gentils mots, et fronça les sourcils d'un air mécontent, baissant immédiatement le regard à nouveau, comme pour ignorer la question.

Ca, c'était bien la chose dont il n'avait pas envie de parler maintenant. Ni demain. Ni jamais d'ailleurs. De toute la vie. Et même de toute l'éternité. Et encore moins avec elle qui plus est. Bref, lui vivant, cette discussion n'aurait pas lieu. Néanmoins, sachant qu'une non-réponse pousserait April à le harceler jusqu'à en avoir une, Tiberius fit tout de même l'effort de grommeler brièvement quelques mots en haussant les épaules : « Si ça les amuse. » Et merde. A la tête que tira l'esclave en entendant ces mots, il s'agissait tout de même d'une non-réponse.

Non mais de toute façon pour qui elle se prenait oh ! Depuis quand il était obligé de répondre à ses questions à la noix ?! Et puis, il était en train de rêver ou elle profitait gracieusement de la situation ?! Nonmaisoh, ça n'allait pas se passer comme ça ! Reprenant du poil de la bête, Tiberius oublia qu'il tentait de se montrer gentil – après tout ça commençait à bien faire d'être gentil, en plus ils étaient tous chiants dans ce campement aujourd'hui, bordel ! – et se permit même d'appuyer un peu trop fort sur un hématome de la petite esclave, juste pour se venger de sa vilaine curiosité. Muahahah, il était tellement démoniaque ! Il était certain qu'elle ne l'avait pas vu venir celle là ! … Bon ok, il se cherchait juste une diversion pour changer de sujet.

Or, le regard insistant qu'April portait sur lui commençait à le rendre vraiment nerveux. Ce qu'elle pouvait être agaçante quand elle s'y mettait alors ! Une vraie gamine ! Une vraie chieuse même ! Elle ferait mieux de s'économiser pour mettre autant de volonté dans son travail tiens... Achevant finalement de s'agacer tout seul dans sa petite tête, Tiberius abandonna finalement le tissu mouillé sur la tête d'April – ça lui donnait un petit air ridicule, c'était marrant – et se redressa de toute sa hauteur en soupirant. Voilà, elle avait gagné, elle lui avait pourri toute sa super journée qui commençait si bien en remuant le couteau dans la plaie avec autant de vigueur. C'était certain, le vétéran allait mettre cher aux deux abrutis qui avaient mit cette idée de malheur dans le petit crâne de malheur de cette esclave de malheur. Car si le vétéran détestait en parler, il n'aimait même carrément pas y penser.

Croisant alors les bras d'un air boudeur, Tiberius jeta un regard mécontent et presque accusateur sur April. « De toute façon c'est pas tes affaires. » Gronda t-il en prenant son air autoritaire pour dissuader l'esclave d'insister, ce qui ne le pousserait qu'à se renfrogner davantage. « Dit moi plutôt ce que tu as encore fait pour mériter ça ? » Questionna t-il mi-curieux, mi-moqueur. Après tout elle avait été extrêmement rapide pour s'attirer des ennuis, et le décanus exigerait sans doute un rapport des faits si cela avait conduit à une altercation entre légionnaires. Les débilos avaient assuré qu'elle leur avait manqué de respect. Alors quoi, parce que Tiberius avait découvert sa petite cachette, madame était allée insulter le premier légionnaire venu pour exprimer toute sa frustration intérieure sur quelqu'un d'autre ? Ahah, c'était plutôt pathétique, même carrément.

Oui c'était vrai, le vétéran avait aspiré à la gentillesse l'espace d'un instant. Mais maintenant que l'esclave avait joué la mauvaise carte, Tiberius avait reprit son rôle de vilain tyran sans une once de culpabilité. A tous les coups, cette petite maline manipulatrice n'attendait qu'un instant de faiblesse pour sa part pour en tirer profit et monter un nouveau mauvais coup. Hors de question que le légionnaire laisse une telle chose arriver sous son nez et par sa faute qui plus est. Ah ça oui, c'était certain, il lui en voulait d'avoir posé cette maudite question. Il était déjà sur les nerfs avec la mort de Quintus et les petits secrets d'April, voilà qu'il allait également devoir faire avec ces maudits souvenirs qu'il mettait toujours si longtemps à oublier à nouveau. « Tu sais, ils ont raison au fond. Il va vraiment falloir que tu apprennes où est ta place un jour. » Ajouta le vétéran. Il avait prononcé l'avertissement d'un air plutôt neutre, avant de rajouter d'une voix plus menaçante. « Qu'est ce que tu cherches à faire exactement ? Tu sais, toutes tes conneries, ça ne te mèneras nulle part. » Ces derniers mots, il les médita lui même un instant. Ca n'était pas la première fois qu'il faisait une telle remarque à April, et le légionnaire savait bien qu'il pouvait lui dire de toutes les façons du monde, même en mettant les mots dans le désordre cette petite teigne n'y prêterait pas plus d'attention. Elle lui aurait sans doute même craché dessus si elle en avait l'audace, mais elle se serait prit une punition telle que ses côtes auraient finalement cédées. Non en vérité ce n'était pas l'insolence d'April qui agaçait le légionnaire plus que tout, c'était cette ténacité à s'attirer obstinément les ennuis. Tiberius en avait assez de toujours garder un œil sur elle. Pendant un temps qu'il lui parassait désormais infini, il avait fait l'effort de garder espoir, de croire qu'elle finirait par se lasser et par se faire une raison. Mais cette petite Medée semblait indestructible. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'est qu'elle n'en était qu'au début. Arriverait un jour où Tiberius ne serait pas là ou pire, serait bien présent sans rien pouvoir faire pour elle. Arriverait un jour où le Centurion entendrait parler de cette esclave rebelle qui vole dans les sacs de cargaison pour redistribuer aux esclaves. Arriverait un jour, donc, où April en verrait de toutes les couleurs. Oh non, elle n'allait pas mourir. A ce stade, personne ne lui ferait cet honneur si rapidement. Mais elle allait se faire broyer, briser en mille morceaux, réduire en bouillie.

Pendant tout ce temps, Tiberius n'avait fait que la protéger de cette horrible fin. Aujourd'hui, il ne comprenait toujours pas pourquoi elle refusait si obstinément de coopérer, comme si elle cherchait volontairement à précipiter son destin vers le chemin le plus funeste. C'était triste, mais c'était peut-être ça après tout. Alors, posant un regard presque implorant dans l'espoir d'obtenir une réponse – alors même qu'il avait évité la sienne – sur la petite esclave posée sur son lit, Tiberius était décidé à obtenir une réponse à son éternel questionnement aujourd'hui. Il voulait comprendre ce qui la motivait tant à rester en dehors des rangs, quitte à lui accorder la délivrance si c'était vraiment la mort qu'elle cherchait. Bien qu'à cette seule pensée, le vétéran baissa les yeux pour ne pas se l'entendre dire en face.
Revenir en haut Aller en bas
Esclave
April Twist
Esclave
April Twist

Généralités
Twist & Slave

☢ Âge : 30 Féminin
☢ Nombre de messages : 69
☢ Nombre de messages RP : 16
☢ Date de Naissance : 06/04/1994
☢ Arrivée à Denver : 18/01/2014
☢ Crédits : Moi!
☢ Célébrité : Keira Knightley
☢ Doublons : Gabriella Ferrera
☢ Liens rapides : Fiche
Feuille de RP
Feuille de personnage
☢ Karma: Voyageur ♦ +10

☢ Statut RP
: Ouvert

☢ Particularités
:

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#) Ven 5 Sep - 9:55

April grinça des dents lorsque le légionnaire appuya sur la fraiche blessure, cependant elle resta muette, tentant bien que mal de dissimuler toute réaction. Puis, le rouquin fronça les sourcils, se releva d’un air mécontent, laissa tomber le torchon trempé sur sa tête et se retourna. Vraiment, il n’avait pas dû apprécier la question. April, un spasme de fureur montant subitement en elle, le serra fort dans sa main, prête à le lancer dans le dos de Tiberius en un éclair pour se venger. Pourtant, retenant sa colère in extremis, se disant qu’il était plus sage de ne pas l’énerver davantage si jamais elle voulait réellement obtenir une réponse, elle abaissa sa main, déjà prête à lancer le torchon, les lèvres pincées par une extrême frustration rancunière. Inspirant profondément –Calme toi April, si tu lui sautes dessus, il va se faire des idées- elle tenta tant bien que mal de se calmer. Néanmoins, elle jeta un regard intéressé vers le coussin de Tiberius : elle se voyait tellement le laisser tomber sur cet endroit où il posait la tête pour dormir, le regardant droit dans les yeux l’air de dire « Ah tu rigoles moins Feuilles d’automne ! ». Mais, à grand, grand regret, elle détourna les yeux en un frisson de colère, et laissa tomber le tissu dans le seau d’eau. Si tu savais l’effort que je suis en train de faire pour toi…, maugréa-t-elle en elle-même. Puis quoi ! Pourquoi faisait-elle des efforts pour lui maintenant ?! Depuis quand ? Par quel motif qui en vaudrait la peine ?! Ah oui, elle voulait satisfaire sa curiosité. Bon ça allait en fait, c’était un peu pour elle qu’elle prenait sur elle en cet instant.

Alors, le vétéran se retourna, croisa les bras et prit un air renfrogné. Il boudait ! Mais il me copie !! s’écria April en elle-même, très possessive de ses petites manies.

De toute façon c'est pas tes affaires. Dit moi plutôt ce que tu as encore fait pour mériter ça ?

Ah mais il croyait vraiment que ça allait se passer comme ça lui ? April crut rire : il ne savait vraiment pas à qui il avait affaire celui-là. Le roux étira en un sourire moqueur, mais April garda ses lèvres closes : il croyait quand même pas qu’elle allait répondre à sa question alors qu’il refusait obstinément de répondre à la sienne. Non mais on allait où là encore ?

Tu sais, ils ont raison au fond. Il va vraiment falloir que tu apprennes où est ta place un jour. Qu'est ce que tu cherches à faire exactement ? Tu sais, toutes tes conneries, ça ne te mènera nulle part.


Sérieusement ???!!!! Mais elle n’avait rien fait ! De un, elle ne les avait pas insultés ces crétinos –elle avait juste eu une petite raillerie, nuance tout de même ; de deux, il allait quand même pas croire qu’elle allait arriver ici la bouche en cœur, heureuse d’être rendue à l’état de servitude, sans blague ! Et de trois, son comportement n’était que la conséquence logique du « deux ». Non mais vraiment ! Il lui demandait ça d’un air sérieux, comme si la question était vraiment épineuse, que cela n’avait aucun sens pour lui ! Elle crut bien lui gueuler dessus, lui vomir sa connerie à la figure, lui démontrant point par point le fait qu’il était sot. Sa colère fut telle qu’elle se leva face à Tiberius, ne pensant même pas aux représailles si jamais elle se laissait aller.

Puis, à cet instant, elle eut un déclic qui la calma aussitôt. Il essaye de changer de sujet, se dit-elle. Ne te laisse pas avoir. Ce n’est qu’un sale manipulateur. Le petit con. Alors, sans crier gare, elle se rassit. Détendant son visage précédemment crispé comme une huître aspergée par du citron, elle croisa les jambes l’air songeur, croisa ses doigts sur son genou et regarda Tiberius. Elle couvrit ses grands yeux de douceur, et si elle s’en était rendue compte, elle-même aurait été surprise. La raison fit une soudaine percée derrière le mur de rage que le rouquin avait dressé : elle entrevit là un marchandage. April retrouva ce sentiment de calme, le jeu du langage avec lequel elle était si familière. Deux options se présentaient à elle désormais : soit elle le forcer à le faire parler en premier en lui promettant de répondre à sa question ensuite, soit elle répondait à sa question en le faisant promettre de répondre à la sienne ensuite. Dans un cas comme dans l’autre, il était évident qu’il était nécessaire de mettre, à un moment donné, Tiberius au pied du mur. Tout d’abord, la première solution était à exclure d’entrée, bien que l’orgueil de la petite sauvage se rebute à cette simple idée. Parler en premier était forcément faire une sorte d’aveu de soumission. Autrefois, elle ne le voyait pas comme ça : ce n’était que reculer pour mieux sauter, manipuler le client. Cependant, avec Tiberius, cette valeur s’était promptement évaporée puisqu’il ne cherchait que la domination. C’est pourquoi il était clair que lui rentrer dedans –bourrin de légionnaire comme il était- serait le meilleur moyen pour qu’il contourne la question. Quant à la seconde solution, premièrement, elle n’était pas certaine qu’il lui fasse assez confiance, deuxièmement, il se sentirait également poussé de force à le faire ; et comme il ne voudrait pas entacher sa chère et frêle virilité, il risquait fort de ne pas accepter l’accord. Il ne lui restait donc qu’une seule solution, celle qu’elle abhorrait par dessus tout avec ce type de mec qui allait voir son comportement comme de la pure docilité. Bien que ce ne soit pas le cas dans les faits, la simple idée que le légionnaire le pense mettait April hors d’elle – allez savoir pourquoi- tandis que dans son métier, d’ordinaire, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle devait vraiment le détestait pour en arriver à mal supporter ses méthodes de travail. Bref, dans tous les cas, elle allait devoir LUI faire confiance. Beurk. De fait, elle ne lui faisait pas confiance, mais cette option restait sa meilleure chance. Double beurk.

Oui ce ne sont pas mes affaires, mais ce n’est pas la première fois que j’entends quelqu’un te traiter comme ça, commença-t-elle avec une sincère douceur contre laquelle elle avait du mal à ne pas se rebeller. Vu ce que j’ai observé de toi, c’était assez illogique, je cherchais à comprendre d’où ça venait, c’est tout. On a tous nos traumas, tu sais.

Elle était consciente que les chances d’explications venant de sa part approchaient un chiffre avoisinant zéro. Mais bon, elle ne pouvait rien faire de plus. Après tout, s’il ne répondait pas, Tiberius serait fidèle à Tiberius, le légionnaire serait fidèle à un légionnaire, il était comme eux après tout non ? Une boule de déception se forma dans son abdomen. Elle souffla en baissant les yeux au sol, faisant jouer ses doigts avec un bout de drap du lit. Il ne saurait probablement jamais l’effort que tout cela lui demandait.

Et donc ! reprit-elle en feignant un certain engouement d'un sourire sans joie. Ces enfoirés m’ont fait un croche-patte parce que je courrais, ce à quoi j’ai dû vaguement répondre que tout était interdit…

Bon, en gros c’était la vérité, elle n’avait juste pas mentionné le sarcasme. De toute manière, ces légionnaires s’en seraient bien passés si ce n’était que pour la tabasser.

Et oui peut-être que c’est inutile, mais si je faisais rien, je me détesterais trop pour me laisser respirer.

Elle courba l’échine sous le poids de la révélation, des larmes de honte ? Frustration ? Colère ? Dégout? Ou tout simplement de désespoir ? En tout cas, des larmes de elle-ne-savait-trop-quoi coulèrent sans son accord sur ses joues encore couvertes de poussière. Honnêtement, elle aurait préféré traiter avec un raider. Ou faire la bise à un griffemort. Alors pourquoi lui disait-elle au final ? Décidément, la vérité, ça piquait franchement quand on la disait à celui qu’on considérait comme son pire ennemi.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Généralités
Feuille de RP

Ma vie, entre tes mains Empty
Message Ma vie, entre tes mains Empty (#)

Revenir en haut Aller en bas

Ma vie, entre tes mains

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1
Ma vie, entre tes mains 190225035654547943Ma vie, entre tes mains 190225035849662882Ma vie, entre tes mains 19022503565551809


Ma vie, entre tes mains 190225035535457821Ma vie, entre tes mains 190225035536160543Ma vie, entre tes mains 19022503553680318

Sujets similaires

-
» Karin Weiss AKA Mains-rouges
» Aaron Loyd - Entre plats et desserts.
» Les repas de famille ne consistent pas à se manger entre parents ▬ Daisy-May et Ramon

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Fallout : Dog City :: Fort Colorado-
Ma vie, entre tes mains 190225035654547943Ma vie, entre tes mains 190225035849662882Ma vie, entre tes mains 19022503565551809