Voilà prés de plusieurs mille qu’il lui colle au train. Comment l’appelle-t-on déjà ? El Cuervo, cet hispanique irritant qu’ils ont embauché pour ramener sa tête. Pourtant, il estime ne pas mériter autant de véhémence – après tout, il n’a fait que voler quelques marchandises à un homme. Et d’accord, peut-être tuer les deux marchands qui l’accompagnaient pour être sûr qu’il ne fasse pas de vagues. L’idiot. Il aurait du être plus clairvoyant, et le tuer aussi avant qu’il ne prenne la fuite avec sa brahmine. Celui qu’on appelle Kervich n’est pas très malin, mais il a bien compris que pour survivre sans s’échiner à la tâche, le vol et le meurtre est la meilleure des alternatives. Surtout dans un monde comme celui-là. Trop solitaire, trop hermétique au partage et à l’esprit de communauté, il n’a jamais voulu faire partie d’un de ces groupes de raiders – et pourtant, il est tout comme.
Il jette quelques coups d’œil furtifs derrière lui, aux aguets, manquant de se prendre les pieds dans les ronces qui surgissent de la terre sèche comme des griffes acérées. Kervich est un lâche – qui trouve toujours bien plus d’intérêt à user de fourberie et à s’enfuir, plutôt que d’affronter l’ennemi. Il croit qu’il l’a semé et se permet de reprendre sa respiration, doigts crasseux accrochés à ses genoux. C’est le désert et il se dit qu’avec un peu de chance, Ramon Murgo va le croire dissimulé dans les aspérités des terres dévastées. Un peu plus loin, le voleur criminel perçoit une grande forteresse de bois s’ébaucher dans les volutes de poussière. Il s’imagine que l’endroit est abandonné, ou que peut-être il sera assez grand pour lui offrir maintes cachettes. Il s’y dirige dés lors dans une foulée téméraire, et plus il s’en approche, plus il distingue une silhouette à deux pas des barrières. De la vie, ici ? Doit-il se méfier ?

De son allure dégingandée, le trentenaire à l’air chafouin se frotte son crâne chauve d’un air perplexe. Il n’a pas vraiment le choix – son ventre crie famine et le danger est toujours omniprésent autour de lui. Il faut qu’il se cache. La main prudemment posée sur le canon de son arme, il s’avance jusqu’à pouvoir distinguer le visage de la personne plantée prés du ranch. C’est une femme, plus vieille que lui, mais aux cheveux couleur des blés et qui dégage un quelque chose de bienveillant. Kervich préfère se méfier car tout le monde protège ardemment ses biens et ses terres, et si cette femme a survécu aux raiders du coin, c’est qu’elle a du trouver un moyen de s’en défendre. Il la toise, de la tête aux pieds, mais finit par lui dévoiler un large sourire édenté – en signe de bonne foi.

« Bonjour ma bonne dame ! » – Il lève les mains en signe de paix avant de reprendre. « J’ai couru dans le désert et je cherche désespérément un gîte pour la nuit. Je viens à peine de semer cette bande de rataupes, et je me vois mal retrouver la ville avec la nuit qui tombe. Je peux payer, et je vous causerai pas de souci, promis ! »

Malgré le caractère affable et le physique chétif de Kervich, mieux valait se méfier de lui. Jetant un vague regard autour de lui pour s’assurer que Ramon n’est pas visible, il attend patiemment de voir à quoi il doit s’attendre avec son interlocutrice.

Voilà pour vous, chers Enfants du Hasard !

Vous souhaitiez une rencontre de la Roue du Destin et nous vous avons mis face à une situation que vous devez diriger. N'oubliez pas que c'est à VOUS de diriger le sujet et ses PNJs et à personne d'autre.

Ceci n'est qu'une introduction pour vous et à partir de là, vous entrez dans un sujet à mener vous-mêmes, selon vos envies ! N'hésitez pas à communiquer entre vous, si vous le souhaitez et surtout, ne tardez pas trop à répondre à votre partenaire ! Je me réserve toutefois le droit d'intervenir à un moment que je jugerais opportun, si besoin est, pour vous servir une belle surprise...

Prenez garde aux caprices de Vault Boy !

Ca avait été une journée assez ennuyeuse et mélancolique. Sans qu'elle ne puisse se l'expliquer, quelques fois, Daisy se sentait déprimée et fatiguée alors que rien de particulier ne s'était passé. Quelques fois, elle se levait déjà lassée de la journée à venir et restait dans sa chambre pendant des heures avant de sortir et d'aller un peu marcher. Depuis quelques jours déjà, ils n'avaient pas eu de visites. Si la matriarche éprouvait un besoin inné de protéger les siens, il lui arrivait de vouloir tous leur donner des gifles jusqu'à les faire pisser le sang. Les hormones sans doute, les changements de la vieille et le temps qui passait. Elle voyait les jeunes impatients, comme fébriles, excités par l'idée de tuer et de piller, mais finalement, Daisy en avait trop vu pour trouver ça très excitant aujourd'hui. D'ailleurs, ce jour-là était un de « ses jours » comme les autres disaient. Elle ne parlait à personne et ne faisait pas grand chose à part migrer de pièce en pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait susciter son attention et qui, certainement, n'existait même pas. Elle avait peu mangé et avait essayé d'écrire en fin d’après-midi mais rien. Finalement, alors que la nuit allait bientôt pointer dans le ciel, la matriarche sortit pour sentir un peu le vent chaud et sec balayer le sol. S'éloignant dans la nuit, elle resta tout de même près des barrières, au cas ou. Il n'était pas rare que des animaux ne s'approchent, attirés par l'odeur du sang que leurs subtile odorat pouvait sentir de loin. Alors qu'elle était accoudée aux planches en bois depuis une bonne dizaine de minutes, ses yeux s'étant habitués à l'obscurité naissante, elle finit par apercevoir une silhouette approcher. Elle se redressa et observa autour d'elle, personne de la surveillance du ranch dans les environs. Tant pis, si elle avait survécu jusque là, elle avait la prétention de penser que ça durerait encore quelques temps...

L'inconnu approcha, l'observa et finit par sourire et lui dire bonjour avant de lui demander le gîte pour la nuit. Il avait l'air alerte et quand il se retourna en arrière pour regarder derrière lui, Daisy acquit la conviction qu'il n'était pas des plus nets. Ce n'était pas rare dans le coin et c'était même très habituel. Du coup, il était devenu facile avec le temps de « sentir » les gens et de les classer. Celui-ci ferait une assez bonne proie en fait. Il n'avait pas l'air d'appartenir à un quelconque groupe sinon il en aurait éventuellement parlé, et il ne semblait pas particulièrement important au point que quelqu'un vienne le chercher. Aux vues de ses habits, il vagabondait de droite à gauche, par contre, il pourrait possiblement être drogué et rapporter des maladies. Pas le genre de clients qu'elle voulait dans sa maison ni dans son ventre. « Bonjour monsieur. » Toujours polie mais distante, elle toisa l'air du bonhomme avant de continuer. « Vous avez de la chance, nous offrons le gîte et le couvert aux clients respectables... Vous êtes respectables n'est-ce pas ? On ne veut pas de drogue ou de maladies chez nous, j'espère que vous comprenez... » Elle prit un air un peu inquiet tout en gardant sa voix douce. Elle ne voulait pas affoler le type et ne voulait pas lui dire un oui catégorique non plus. L'accueillir à bras ouverts en lui donnant la meilleure couche de toute la maison paraîtrait suspect et il aurait tôt fait de prendre ses jambes à son cou, inquiet quant à une générosité rare, voire inexistante dans ces terres. La vielle dame ne pu s'empêcher de sentir une pointe d'excitation pour la première fois depuis pas mal de temps.

Près de deux jours que le chasseur de primes pistait sa proie. Deux jours de vents et de sables. Deux jours éreintants a dormir trop peu et a rester obsédé par la même chose. Deux jours a traquer un rebut de l'humanité qui tuait pour survivre. Et Ramon était prêt a le tuer pour en faire de même. Intrinsèquement ils étaient dans le même groupe, mais ils étaient distincts par une chose bien précise : la morale. Ramon se trouvait du bon côté de celle-ci, le type qu'il traquait, Kervich, était du mauvais côté. Ramon ne se posait pas plus de questions, parce qu'il savait avoir assimilé les règles naturellement et qu'il n'en éprouvait pas les limites. Le chasseur de primes suivait sa proie a la trace, car traces il laissait, sans se soucier semble-t-il de s'il était suivi. Pourtant El Cuervo aurait pensé qu'il aurait été plus prudent après leur excursion du côté de Red Rocket. Si le chasseur de primes avait faillit y perdre une oreille, Kervich avait faillit y perdre la vie écrasé au sol après un combat sur le toit du garage. Kervich s'était échappé grâce a l'aide d'une tempête de sable et Ramon n'avait pu le suivre, prenant du retard sur la traque. Il n'en restait pas moins déterminé a l'arrêter, on payerait bien pour l'avoir mort ou vif. Il n'avait pas encore décidé de quelle façon il le ramènerait, la plupart du temps le prix était plus élevé pour le ramener vivant, on aimait faire justice, mais parfois il s'avérait nécessaire de laisser au chasseur de primes le droit d'opérer une coupe dans les risques que pouvait représenter un criminel. Au pire, il pouvait juste l'esquinter un peu, une balle dans la guibolle et notre bon voleur ferait pas tant son difficile a suivre le justicier autoproclamé. Il examinait le sol, des traces de pas fraîches laissaient entrevoir la direction vers laquelle se dirigeait notre lascar, le chasseur de primes tenta de déterminer a peu près où il se trouvait via les étoiles qui commençaient a poindre. Que n'avait-il emporté sa carte, elle aurait été bien utile ! Mais trop prit dans sa traque, trop préoccupé, il l'avait complètement oublié.

Soudainement, son cœur rata un battement et l'image d'un corps nu où le soleil avait apposé sa marque fit furtivement son apparition.

Gabriella.

Toujours là pour faire chier cette connasse. Quelques semaines s'étaient écoulées depuis leur ''rencontre'' du côté de l'immeuble de l'Administration Civile et elle continuait a peupler ses rêves, ses cauchemars et ses pensées. Il la balaya, se reconcentrant sur sa tâche. L'habituel bruit grinçant d'Ernesto l'aida a chasser la snipeuse de sa tête, l'eyebot s'abaissa au niveau du visage de l'hispanophone dans un mouvement qui semblait vouloir analyser les traces. Il se retourna vers El Cuervo :


« Il semblerait qu'il n'ait qu'un quart d'heure d'avance. Tombée de la nuit imminente, fonction bio-motrices au ralenti. Diagnostic : la cible risque d'être immobilisée sous peu. Stratégie conseillée : attaque surprise. »



Ramon ne répondit rien, préférant se redresser et continuer sa route a la lueur des nouvelles informations. Kervich était proche, pauvre de lui car il avait derrière lui le mexicain le plus furax de tout le Colorado.


La route avait été longue, longue et silencieuse, mais il avait finalement réussi a atteindre son bout. Les traces s'arrêtaient a proximité du ranch de Ken Caryl dont Ramon n'avait entendu parler que très peu. Ramon se mit a couvert derrière un talus de sable, un homme se tenait sur le pas de la porte, prêt a rentrer, en face une dame de ce qu'il pouvait voir de ces formes, et a priori pas de sa toute première jeunesse vu la façon dont elle se tenait et se mouvait, cette idiote ne savait pas qu'elle faisait rentrer un loup dans la bergerie !
Il se retourna, réfléchissant a la suite des opérations. Une chose était sûre, il ne pouvait s'avancer et toquer a la porte, c'aurait été trop risqué pour la vieille. Il devait trouver un moyen d'entrer en contact avec elle sans éveiller les soupçons de Kervich. Le malfrat entrait maintenant, il semblait être le bienvenue. Le cauchemar et la course contre la montre commençait.

Mais pour qui ?

« Non non madame ! Moi j'suis impec' vous voyez ? Frais et tout ! » Il écarta les bras et finit par vider une de ses poches « Je vous jure que j'ai que de quoi me défendre... » La vieille dame hocha la tête et balaya des yeux les environs, ne voyant évidemment pas que leur discussion était observée par quelqu'un d'autre. En fait, la matriarche commençait à penser que peut être, cet homme était un appât et que bientôt, quelqu'un allait se jeter sur elle ou sur son ranch dans l'espoir de tout piller... Il aurait été facile d'appeler tout le monde et de surveiller la zone, mais elle savait ses cousins fatigués ces derniers jours. De plus, ce type ne semblait pas si féroce et inquiétant. Tout le monde semblait inquiétant quand ils n'étaient pas de sa famille et cette équation avait tendance à la rendre quelques fois trop stricte. Elle se replaça une mèche derrière l'oreille et elle croisa les bras, montrant clairement que ce n'était pas finit pour l'interrogation préliminaire. Daisy-May voulait être sûre que le type ne ramènerait pas un tas de copains pour saccager l'endroit dans quelques heures. Ils avaient déjà eu des tentatives, certaines fois avec plusieurs morts et même si ils avaient soif de nouvelles victimes, ils ne pouvaient se permettre de perdre d'autres membres comme ça. « Vous venez d'où comme ça, tout seul, à la tombée de la nuit ? » Le type parut un peu gêné et il se tritura les doigts, un peu décontenancé. « J'étais dans une caravane vous voyez. Et on a été attaqué mais j'ai réussi à partir vous savez... On se fait tout p'tit et c'est bon. J'ai... J'ai quelques capsules et je peux même vous refiler un peu de mes munitions mais faut que j'puisse survivre demain vous comprenez... »

La dame hocha la tête, en essayant de fouiller dans les yeux de son interlocuteur. Mensonge ou pas ? Évidemment il mentait mais sur quoi ? Si elle arrivait à voir que c'était quand même un magouilleur, elle n'avait aucune idée de quelle partie de son histoire était étrange à ses oreilles : là encore, tout le monde mentait, même sous son propre toit, même ses propres proches et sa propre famille... Mais où était le mensonge qui pourrait amener à sa perte ? Aucune idée. Finalement, elle dit, souriante, toujours « Bon ! Écoutez, je vais juste appeler quelques uns de mes amis pour faire le tour, si il y a des raiders dans le coin, il serait dommage qu'ils nous attaquent comme ça ce soir ! » Elle s'éloigna vers la maison et le type sembla commencer à s'impatienter. Elle toqua à la porte et cria « Jase ! Sort voir un peu voir ce qu'il y a autour ! » Jase était un vieux bonhomme, cousin éloigné dont un morceau du visage avait été bouffé par un animal quelconque. Il sortit, l'air apparemment à moitié endormi, dévisagea quelques secondes le type inconnu et, arme à la main, commença à se diriger vers le chemin légèrement effacé qui guidait énormément de gens au ranch. « Bon, en attendant, parlez moi un peu de vous ! Quel est votre nom ? » Ils s'étaient un peu rapprochés du ranch, de sorte que les bougies allumées dans la maison qui commençait à baigner dans la pénombre, les éclairaient légèrement.

HJ: