Rose et Eddie étaient assis devant leur cabane, à tenter d'apercevoir les étoiles et la Lune dans le ciel. Elle avait une bonne dose de Mentas dans le sang, tandis qu'Eddie demeurait presque clean, à peine quelques gouttes de Whisky.


« Dis-moi Rose, tu crois qu'on va où comme ça ? » demanda Eddie, comme si d'un coup il se rendait compte de l'absurdité de sa vie. L'humanité venant lui rendre visite.
Rose détourna son regard du ciel et le plongea dans celui-ci du jeune homme. Il s'inquiétait pour elle, tous ces shoots, ces moments où elle passa à deux doigts de l'overdose, ses crises d'humeur. Et quand il regardait le visage meurtri et fatigué de Rose, tout cela refaisait surface. Après quelques secondes de silence, elle répondit.
« A ton avis, Eddie ? Si tu crois que maintenant on peut essayer d'échapper à l'enfer qui nous attend, c'est trop tard. On doit profiter, c'est tout. Alors tais-toi et passe-moi la bouteille. » Ce qu'il fit, après un soupir. Elle but deux gorgées de whisky avant qu'Eddie ne reprenne la parole.
« Tu te souviens comment on est arrivé là au moins ? 
-Je ne l'oublierai pas ça, pour sûr. » répondit-elle avant de basculer en arrière.


- Rose est née dans le Colorado en 2257, fille de Roland et Susan Hazard. La famille faisait partie d'un genre de petit camp tranquille proche de Jericho. La petite population vivait bien, éduquait les enfants avec des cours transmis par les doyens, on leur enseignait les valeurs importantes à tout être humain dans un monde comme celui-ci. Et ils possédaient une particularité : le dressage d'oiseau, qu'ils transmettaient aux générations suivantes. Roland et Susan remplissaient plutôt bien leur rôle de parents, aimant et justes.

La vie se déroulait plutôt normalement pour la petite Rose, elle suivait ce qu'on pouvait appeler des « cours » avec d'autres enfants d'à peu près son âge. C'est en cette occasion que vers l'âge de 8 ans, une amitié débuta entre elle et ceux qui allaient devenir ses prochains compagnons de crime. Ils étaient au nombre de 5. Eddie, Cal, Chloé, Sophia et Walter. Au fil des années leur amitié grandit, en parallèle à leur ennui pour leur vie monotone et trop « paisible ». (Malgré quelques attaques de raiders par-ci par là, qui se faisaient tuer par ceux qui montaient la garde) Seul une chose passionnait Rose dans leur éducation, le dressage d'oiseau.


Alors, plus les années passèrent, plus la petite bande tenta divers moyens pour échapper à leur quotidien sans sensation. A l'adolescence, cela a commencé par de la petite délinquance dans les alentours de leur ville. Des larcins, des rackettes, du cassage. C'était en total désaccord avec les valeurs qu'ils avaient apprises, mais qu'est-ce qu'ils s'amusaient (et surtout leurs parents n'étaient pas au courant). Enfin ils ressentaient de véritables sensations. Surtout celle de la liberté, si précieuse aux yeux d'un adolescent.


Le temps avançait, et la violence des actes commis augmentaient, propageant leur rayon d'action de plus en plus loin. Ils y prenaient véritablement plaisir. Rose pour la plupart du temps occupait la place de « chef ». Et c'est à l'âge de 15 ans que commença ce qui fut pour elle la plus grande des trahisons. Elle commençait à tomber amoureuse de Walter, qui faisait tout pour provoquer cela, drague, ambiguïté, etc. Après quelques mois, ils étaient considérés comme « en couple ». Pour Rose, en plus de ses activités criminelle, c'était un pur bonheur. La première fois, l'affection, les papillons dans le ventre. Tout cela rendait sa vie formidable. Et cela dura longtemps.


Plus tard durant la même année survint la première prise de drogue collective, du jet. Cela allait être le début d'une addiction pour Rose, tandis que les autres s'en sortiront un peu mieux. Mais c'est surtout l'année de leur premier gros coup, alors qu'ils étaient tous sous influence de drogue. Armés chacun de couteau venant de leur petite ville, ils avaient repéré un marchand, sa caravane et son garde du corps qui marchaient en direction de Jericho. La manœuvre, dirigée par Rose, reposait sur le fait d'envoyer en diversion Sophia et Chloé, bien formées du haut de leurs 17 années. Alors que ces deux-là tentaient de séduire les deux hommes et de détourner leur attention, Rose, suivie par les deux garçons, s'infiltra derrière eux. Couteau en main, sans réfléchir, elle égorgea maladroitement le mercenaire. Son premier meurtre, son premier sang de mort sur les mains. Ses yeux pétillaient alors qu'elle lâcha le cadavre, ses mains tremblaient. Jouissif ? C'était le mot, complètement jouissif. Le pauvre marchand affolé essaya de fuir en courant. Mais Rose n'allait pas s'arrêter là, pas après avoir connu telle sensation de bonheur, de puissance. Posséder le droit de vie et de mort sur quelqu'un, c'est être dieu ! Elle se mit à sprinter en direction du marchand, poussant Chloé et Sophia sur son passage, et elle sauta, couteau en main sur le fuyard. Par trois fois elle le poignarda dans le dos. Par deux fois elle avait tué.


Aucun commentaire ne fut fait, ils s'occupèrent de récupérer la marchandise. Des capsules biensûr, mais aussi quelques armes à feu. Rose eut alors en sa possession un Smith & Wesson M29 un peu usé, ainsi que quelques munitions pour son nouveau jouet. Puis il y eut une arme différente pour chacun d'entre eux. La première véritable qu'ils auraient en main, et celle qu'ils garderont pour toujours. Mais Rose ce soir-là, était divisée entre le sentiment jouissif que lui avait apporté le meurtre, et le remord d'avoir volé une (deux) vies. Des vies humaines. Elle tenta de se rappeler la petite fille qu'elle était. Elle n'y arriva pas.


Son éducation et ses études finies, ses parents ne reconnaissaient plus du tout Rose, quoi ce soit physiquement ou mentalement. Et ils s'inquiétaient. Bien qu'elle excellât dans le dressage d'oiseau, elle se fichait du reste, était souvent absente, ne parlait plus beaucoup. S'ils avaient su.


Vers les 18 ans, la bande quitta la ville et s'installa plus loin, dans une cabane laissée à l'abandon, avec des tours de garde et tout ce qu'implique une sécurité. Avant de la voir partir, son père avait fait cadeau à Rose d'un beau et jeune faucon dressé, Ote, qui ne la quitterait plus jamais.
Ils vivaient dorénavant tels de vrais Raiders, pillant les pauvres innocents qui croisaient leur route, tuant à souhait. Et surtout, Rose s'amusait énormément à torturer sous les yeux amusés et un peu effrayés de leur camarade. Durant cette période Rose n'avait plus vraiment d'influence sur le groupe, c'était Walter qui dirigeait tout. Elle, elle était trop défoncée. Et trop amoureuse, au point d'écouter tout ce que lui disait son copain. Comme continuer à se droguer fortement, par exemple, tandis que lui restait clean.


Sans être vraiment crains comme les grands groupes de Raiders, ils faisaient leurs affaire. Cependant, ils prenaient bien soin de ne pas empiéter sur leurs territoires pour ne pas s'attirer leur foudre. Un jour éclata alors une engueulade entre Walter et Sophia, qui s'inquiétait du sort de Rose. Tandis que cette dernière était proche du coma éthylique, en vacillant autour d'eux, Walter sous le coup de la colère et pensant que Rose ne pourrait jamais se souvenir de cela dans son état, dévoila sa véritable personnalité. Manipulatrice, avide de pouvoir et surtout, sans respect pour l'amitié.


« Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de son état bordel ?! Au moins dans son état elle ne peut pas prendre de décisions débiles et c'est moi qui m'occupe de tout. Elle n'est plus que bonne à baiser, rien d'autre, et bientôt ça sera qu'un vieux légume qu'on laissera derrière nous. Tout va mieux depuis que j'ai les commandes non ? Alors ferme-la, Sophia, ferme-la ! »
Sophia, outrée mit un coup de genou dans l'entrejambe de Walter et emmena Rose dehors, suivie de ses autres amis.
« On verra ce que tu baiseras maintenant, pauvre connard. »


Mais bourrée ou pas, de telles paroles vous restent, surtout quand vous êtes amoureuse de la dite personne. Depuis le début lui ne ressentait rien, depuis toutes ses années il se fichait d'elle, pauvre droguée avide de meurtre et de torture. La bande se concerta à l'écart de Walter, réfléchissant sur son cas. Ils décidèrent que c'était à Rose de choisir ce qu'elle en ferait.


Le lendemain, Rose se réveilla, gueule de bois, des paroles tranchantes de son compagnon. Alors que celui-ci dormait, elle l’assomma d'un bon coup de crosse et l'emmena dehors, attaché à un poteau, loin de ses amis, fidèles, eux. Pendant une heure elle le tortura de toutes les façons possibles, s'aidant de son gantelet à lame qu'elle avait récupéré un an plus tôt pour lui trancher les parties intimes, se servait de son Faucon pour lui crever les yeux. Et avant de lui porter le coup fatal elle lui avait chuchoté « Je t'aime. »


Après cet événement elle changea quelque peu. Toujours autant accroc, elle ne ressemblait pourtant plus à un légume, mais à une fille instable et dangereuse se laissant aller à tous ses désirs. Elle se rendait en ville pour subvenir à ses besoins charnels. Les seules personnes qui évitaient ses pratiques étaient ses amis. Puis vint ce terrible jour, alors qu'elle était âgée de 21 ans. Une opération qui tourne mal, des vies qui s'arrêtent. La drogue a voulu les faire aller trop loin. Les a fait s'attaquer à plus grand qu'eux. Et ce fut un échec. Chloé, Cal et Sophia succombèrent sous les balles.


La nuit fut celle du deuil et des pleurs. Des questions et des regrets. Ils n'était plus que deux. Rose et Eddie, en comptant Ote, le faucon si fidèle. Le groupe qui se faisait appelé le Bouquet s'est éteint, il n'en reste que l'ombre. Ils n'ont pas pour autant arrêter leurs activités, s'attaquant à des cibles isolés, ou de très petits groupes, ne laissant aucune trace pour ne pas s'attirer d'ennuie. Mais elle n'a pas vraiment changé. Quelque fois le remord vient la remplir, elle regrette cette erreur qui a valu la mort de ses amis, mais ce qui est fait est fait, n'est-ce pas ? Il lui reste Eddie. -


Rose se redressa, elle avait du piquer dû nez quelques instants, sous l'oeil inquiet d'Eddie. Elle le regarda puis se leva et rentra dans la cabane, elle en ressortit avec une deuxième bouteille qu'elle donna à Eddie.


« On vit une vie magnifique, hein Eddie ? » dit-elle, avant d'exploser de rire.