Tous les chemins mènent à Jericho PV Raven Maxwell

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Le retour à Jericho marquait généralement la fin d'une très longue période de marche et de voyages. Si il y avait potentiellement des villes plus confortables que celle-ci, Leopold insistait souvent pour y retourner pour passer des sortes de vacances. Généralement il refaisait son stock avec les commerçants du coin si le troc ne s'était pas bien passé. Et puis c'était aussi et surtout l'occasion pour beaucoup d'aller saluer la famille et de se renseigner sur ses propres gosses. Le cyclope laissait à la caravane environs deux semaines de vacances. Avec ce qu'ils gagnaient, c'était suffisant pour se bourrer la gueule la moitié du temps et se payer quelques filles de joies le reste. La plus part des gardes dépensaient souvent une bonne partie de la paye. Raven avait toujours cru que c'était une stratégie du chef de les inciter à consommer : une fois sans le sous, ils n'avaient pas d'autres choix que de revenir bosser pour lui, et ainsi de suite, un cercle vicieux des plus sympathique. Et la jeune femme trouvait ça relativement bien pensé. Son argent à elle, elle le reversait à sa vieille mégère de grand mère qui ne manquait pas de ne jamais la remercier et de ne jamais lui dire quelque chose de gentil. Mais avec le temps, elle s'était habituée : si Betsy avait commencé à devenir sentimentale tout d'un coup, la jeune asiatique aurait prit ses jambes à son coup et ne serait plus revenu : elle n'aurait pas su comment y répondre et comment réagir.

En tout cas, elle ne passait jamais les premiers jours. Elle laissait toujours décanté le voyage dans ses jambes et se reposait chez un des autres marchands qui avait une grande ferme qu'il occupait à moitié. Revoir la face de sa grand mère ne lui plaisait guère et comme elle n'appréciait que moyennement la ville, la jeune femme préférait aller à son rythme et se fasse doucement aux visages qu'elle n'appréciait pas forcément avant d'affronter la petite terreur de Jericho. Elle préférait être anonyme et c'était d'une part pour ça qu'elle n'était pas confortable quant au fait de revenir. Là, particulièrement, le voyage avait été harassant et ses rencontres incessantes avec cet étrange raider l'avait plus que perturbée. Une fois dans un lit confortable, elle s'était promit de dormir environs deux jours sans en décoller, quitte à se pisser dessus. Alors que, les uns après les autres, chacun partait de son côté alors que Leopold allait mettre le brahmine dans un enclot au large de la ville, Raven vit du coin de l'oeil quelqu'un approcher à grand pas vers eux. Se tournant d'un coup, prête à dégainer son katana elle réalisa amèrement que c'était une goule. Ne cherchant pas particulièrement à cacher sa grimace elle dit simplement « Tu veux quoi ? » Le cyclope s'arrêta et le brahmine de même, intrigué par ce qui se passait. Généralement, peu de gens venaient vers la caravane une fois à Jericho étant donné que leur barda servait surtout pour le voyage : en étant en bon terme avec les commerçants du coins, ils avaient promit de ne pas trop empiéter sur leurs marchandises en pratiquant des prix trop concurrentiels. Après tout, les bons rapports étaient encore une denrée précieuse et utile dans les villages civilisés.

La goule ne sembla pas enchantée par son accueil. Elle fut tentée, une petite seconde de lui dire d'aller voir ailleurs si ça ne lui plaisait pas mais étant donné qu'elle arrêtait une caravane apparemment au repos, il semblerait qu'ils soient les seuls avec lesquels il ai envie de commercer. De toute manière, leur tournée terminée et leurs caisses renflouées, il n'avaient pas extrêmement besoin d'un client. Un seul. Seul. A moins qu'il accompagnait une délégation de mutants et goules, ce que Raven aurait certainement remarqué à l'heure actuelle. Il n'avait pas l'air bien sympathique non plus et ses habits laissaient pensé qu'il était équipé pour voyager sans l'aide de personne. Alors qu'il s'approchait il lui expliqua qu'il savait parfaitement qu'ils revenaient de l'extérieur mais qu'il avait une transaction à proposer. Sa déclaration énerva encore plus Raven. Pourtant elle ne savait pas si elle aurait ressenti autre chose si la créature avait avoué ne pas reconnaître qu'ils étaient à présent en vacances. Gardant une certaine distance avec la goule, la jeune femme regarde de loin ce qu'il sortit de sa poche et elle ne put s'empêcher de hausser un sourcil. C'était une blague, quelqu'un essayait de la prendre pour une imbécile et riait derrière son dos. Un coup d'oeil aux alentours ne montraient rien d'autre que des marchands et des gardes partant à droite et à gauche retrouver leur foyer. Leopold avait aussi finit par décollé, manifestement fatigué, comme tout le monde. Le brahmine était devenu très colérique sur la fin du voyage, comme d'habitude.

La goule, apparemment se sentant l'âme commerçante proposa quarante cinq capsules pour ses trucs... Si il était possible de donner un nom à ce barda insignifiant. Raven inspecta la créature de ses yeux perçants alors que celle-ci regardait au dessus de son épaule. Inconfortable dans une ville humaine ? Très bien, au moins elle ne le verrait pas trop avant de repartir. « Tu me prends pour qui ? » Un dernier regard à ce qu'il lui tendait pour être sûr qu'elle avait bien vu et elle reprit « Quarante cinq capsules pour des trucs que je pourrais trouver dans la première poubelle venue ? Ça vaut même pas le quart d'une purée déshydratée tes trucs. Si t'as rien de mieux, je me barre... » Une insulte lui avait démangé la gorge mais elle s'était retenue. Non seulement il l'arrêtait alors qu'ils venaient juste de passer des mois à marcher sans relâches dans les dangers du désert et les menaces que peut provoquer une caravane, mais en plus c'était une goule. Si elle aurait été de toute manière désagréable avec quelqu'un venant la déranger à un moment pareil, lui en plus cumulait le désavantage de son apparence avec celui de n'avoir rien de bien beau à lui proposer. Aucune idée si cela relevait de la blague ou de la simple méconnaissance des techniques de commerce. Mais l'un dans l'autre, elle n'aimait pas du tout ça.

Le gars tendit les fils et des engrenages dont la fonction échappait totalement à Raven, en lui expliquant que finalement, ces objets valaient de l'or. Malheureusement, de son œil expert, rien ne partirait au prochain voyage et elle n'avait aucune idée de comment vendre ces trucs et de quelle argumentation utiliser. En matière de marchandage, ce type là ne s'y connaissait pas et elle se demandait bien comment il s'était retrouvé à arpenter les rues de Jericho avec sa camelote dans la poche à faire passer. Peut être s'ennuyait-il ou alors il avait une sale affaire derrière la tête et attendait le bon moment pour faire le bazar. La jeune femme ne dit rien alors qu'il proposa le prix de 15 capsules. Tout ça valait peut être une capsule et encore, elle était gentille. Histoire de manifester son scepticisme elle se contenta de toiser la goule avec un regard encore plus noir. Il n'avait rien pour elle et elle était prête à tourner les talons quand il reprit la parole pour essayer de la convaincre qu'elle pourrait faire une affaire incroyable avec lui et que son patron serait fier d'elle. Elle sourit d'amusement et de mépris. Ce truc là pensait avoir quelque chose d'inestimable ? Vraiment ? Rien que pour la blague, elle voulait bien rester histoire d'avoir un truc hilarant à raconter quand ils repartiraient dans quelques semaines. C'était la meilleure quand même, une goule aussi sûre de ses capacités. Croisant les bras sur sa poitrine et un regard désabusé sur le visage elle écouta ce qu'il lui dit, sans broncher. En bref, un gars lui avait dit que quelque part il y avait du matériel. Et il voulait qu'elle s'engage à acheter des objets dont l'existence était douteuse, d'après les dire d'un type qu'elle ne connaissait pas du tout, dans une zone souvent empruntée par sa caravane pour aller commercer à l'abri ?

Elle laissa planer un silence avant de répondre. « Tu me fais perdre mon temps pour ça ? Y a un type qui dit que y a un endroit avec du matériel et toi tu crois que, de un, je vais te croire sur parole et m'engager à dépenser du cash pour ce que tu vas ramener... Aux vues de ce que tu as ramené aujourd'hui y a aucune chance que je paris ne serait-ce qu'une capsule là dessus... Mais de deux, je dois faire confiance a un type qui se lance dans un coin dangereux basé sur les on-dit d'une seule source ? » Elle espérait que la goule comprenait d'elle même que son deal était le plus pourri qu'elle ai jamais entendu. Des trucs risqués, elle en avait fait. D'ailleurs elle avait des deals en cours avec quelques personnes et quelques groupes notamment l'ERGP et la Confrérie mais jamais elle n'aurait eu la prétention de présenter une telle affaire à quiconque. On dit que et peut être que j'aurais des trucs alors promet-moi de m'acheter n'importe quel truc que je rapporte... Bien entendu. Et bien entendu aussi ce truc connaît un endroit secret où personne ne va. Bien entendu. Dans un monde où les gens disparaissaient du jour au lendemain, où on mourrait de maladies diverses et où aucune garantie ne pouvait être faite, demander une telle promesse témoignait ou bien d'une naïveté sans bornes ou alors d'un manque total de jugement. Elle disait oui, et après ? Il la harcelait quand il revenait avec n'importe quelle camelote qu'il aurait récolté ?

Elle s'avança légèrement, découvrant avec un frisson de dégoût le visage de la goule d'encore plus près. « Bon écoute. Conseil de commerçante histoire que tu fasses plus perdre du temps à quiconque. Quand tu veux une promesse d'achat, fait le avec des objets que tu as et dont tu peux prouver l'existence. Personne ne paris sur du vent. Si tu as un truc intéressant, tu viens, tu le proposes et tu le troc. Ça marche comme ça. A moins d'avoir une armée derrière toi, ce sera dur de forcer une communauté à l'acheter après une promesse d'achat. » Elle remit en place son sac en place et fit un pas en arrière. « Si tu as rien d'autres que des babioles et des paroles en l'air, je me casse. » Au moins elle pouvait lui reconnaître qu'il avait de l'audace et de la gnaque pour venir ici proposer ça. Ce genre de choses manquaient à beaucoup de gens en temps normal et elle pouvait éventuellement comprendre que certaines personnes se fassent avoir par ses beaux discours. Mais si il y avait une chose avec laquelle elle était prudente et intransigeante c'était bien le commerce. Après tout, c'était bien la seule chose à laquelle elle était douée.

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